Un documentaire hagiographique sur Les casques blancs nominé aux Oscars!

Le 24 janvier, les nominations pour la grande messe du cinéma américain sont tombées. Dans la catégorie meilleur court métrage documentaire, «Les Casques blancs» a été retenu. Une décision qui risque de faire polémique. «Le documentaire sur les Casques blancs produit par Netflix a été nominé pour un Oscar ! Je suis tellement fier d’avoir tourné ce film et de cette nomination.» Le tweet envoyé par Khaled Khatib, un photographe des Casques blancs, est à l’image de la satisfaction ressenti par ce groupe qui rassemblerait jusqu’à 3 000 «secouristes volontaires et bénévoles» en Syrie.

«Les Casques blancs», réalisé par Orlando von Einsiedel, a été choisi le 23 janvier pour la course aux Oscars dont la cérémonie aura lieu le 26 février à Los Angeles. Il concourra dans la catégorie meilleur court métrage documentaire. A coup sûr, cela va faire parler. Beaucoup.

Si l’on s’en tient à la version officielle, rien de plus normal. Après tout, le collectif avait même été pressenti pour obtenir le Prix Nobel de la paix. Encensé par bon nombre de dirigeants et associations à travers le monde, soutenu par des personnalités politiques telles que les ministres des Affaires étrangères français et britannique, ils ont même été reçus avec les honneurs à l’Assemblée nationale le 18 octobre. Le groupe socialiste et la commission des Affaires étrangères de l’hémicycle avait ainsi souhaité exprimer «le soutien de la France en invitant une délégation de Casques blancs à venir témoigner du martyr d’Alep».

Du côté de la majorité de la presse hexagonale, même son de cloche. L’Express, pour ne citer que lui, publiait ainsi un article en novembre 2015 intitulé : «Syrie : qui sont les “Casques blancs”, héros anonymes de la guerre ?»

Problème ? Cette vision hagiographique a été, à de nombreuses reprises, remise en cause. Les financements ainsi que les liens supposés du groupe avec les djihadistes ont soulevé bien des questions.

L’association, qui existe depuis 2013, affirme être une «ONG neutre, impartiale et humanitaire». Pourtant, elle perçoit des sommes astronomiques en provenance de l’Occident. 100 millions de dollars des Etats-Unis, 65 millions environ de la Grande-Bretagne, quant à l’Hexagone, il fournit des équipements. Les Casques blancs bénéficient des subventions de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), considérée comme très proche du renseignement américain, à hauteur de 23 millions de dollars.

Pire, certains n’hésitent pas à affirmer qu’ils oeuvrent directement pour la cause djihadiste en Syrie. C’est le cas de Vanessa Beeley, journaliste indépendante et chercheuse britannique qui s’est rendue sur place. Elle assure que les Casques blancs ne sont pas ceux qu’ils prétendent être : «[Ils] sont dans les régions contrôlées par les terroristes. Ils fournissent des soins médicaux aux terroristes, ils acheminent les équipements par la Turquie dans les régions terroristes […]. Ils ont été filmés participant à l’exécution d’un civil à Alep. Ils diffusent des vidéos, sur leurs pages dans les réseaux sociaux, des exécutions de soldats et de civils arabes.»

Cette dernière s’est intéressée de près à la question. Elle a notamment découvert que James le Mesurier, fondateur de l’ONG Mayday Rescue et entraîneur des Casques blancs est un ancien militaire britannique.

D’après les recherches effectuées par la journaliste, ce dernier est proche de sociétés de sécurité privées qui ont été ou sont sous contrat avec l’armée américaine ou la CIA telle que la controversée Blackwater, dorénavant appelée Academi. Elle était mandatée par le Pentagone afin de mener des missions délicates, notamment à l’étranger.

Si les Casques blancs sont actifs dans plusieurs régions syriennes, c’est bien leur action à Alep qui a obtenu le plus de couverture médiatique. L’émission Le Quotidien présentée par l’ex-animateur de Canal + Yann Barthès prenait régulièrement des nouvelles d’Ismaël, l’un des membres de l’organisation décriée. Ce dernier avait pris pour habitude de décrire l’«horreur» qui régnait à Alep par Skype.

Pourtant, Lizzie Phelan, correspondante de RT en Syrie, s’est entretenue avec plusieurs survivants à Alep au sujet de ces activistes anti-gouvernementaux. Certains des habitants ont qualifié les Casques blancs de «poseurs d’appareil photo, de voleurs et de pilleurs».

Reste que Raed Saleh, chef des Casques blancs, est ravi de cette nomination aux Oscars : «C’est une nouvelle opportunité pour faire passer notre message moral et humanitaire.» Avant d’ajouter qu’elle allait les aider à atteindre leur objectif et leur slogan «Qui sauve une vie sauve toute l’Humanité.»

Mais, en cas de victoire, pourra-t-il aller récupérer la statuette à Los Angeles ? Car, en 2016, Raed Saleh a bel et bien été expulsé des Etats-Unis… après avoir été soupçonné d’entretenir des relations avec des groupes islamistes. Ce qui ne l’avait pas empêché de rencontrer l’ex-secrétaire d’Etat américain John Kerry en septembre de la même année. Mais depuis, John Kerry a quitté son poste et Donald Trump occupe le Bureau ovale.

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