Le muscle, nouveau signe extérieur de richesse

 

Les pas trop pauvres pouvant s’offrir grosses cylindrées ou sacs griffés à crédit, il fallait aux très aisés se trouver un nouveau signe extérieur de richesse: c’est le sport. Pas n’importe quel sport et pas  n’importe où…

La nouvelle bourgeoisie friquée a ses entrées dans des clubs somptueux, très chics, très confortables où le premier des sports pratiqués est l’entre-soi, les abonnement annuels se situant entre 2 et 13 000 euros, ça éloigne la populace. D’ailleurs les critères de sélection y sont très élitistes…

L’on ne parle plus de salles de sport mais de lieux de vie, avec spas,  salons de coiffure, bars, restaurants, des milliers de m2 où, l’on ne fait pas que brûler  des calories, mais où l’on vient aussi  se montrer, travailler et où l’on peut donner des rendez-vous professionnels voire des soirées.

Devenant un style de vie, ce type d’activité a même trouvé sa traduction dans le sportwear qui décline son inélégance onéreuse jusque dans la haute couture.

Doudou le philou aime le ring, notre Premier ministre joue donc des poings car le white collar boxing (boxe à col blanc), c’est tellement tendance.

Il parait qu’au quotidien, Macronella pédale une heure sur son vélo d’appartement, ce qui trahie sa génération. Désormais, place à l’indoor cycling qui recycle le même vélo avec en plus  l’ambiance son et lumières d’un club, du genre de celui où Cricri l’Arsouille est allé s’encanailler à la vodka.

Dans des piscines, de préférence à débordement, l’on se livre aux joies du paddle ou de l’aquafitness.

Le yoga n’est plus une exclusivité pour fofolle en mal d’exotisme, c’est devenu smart et il se propose en une cinquantaine de versions: hatha yoga, ashtanga yoga, le yoga bikram,  Strala yoga,  Warrior yoga, yoga Kundalini…

Ceux qui n’ont jamais fait ni service militaire ni guerre  apprécient beaucoup les cours de boot camp, du nom de la méthode de conditionnement physique de l’armée américaine ou sa version so british.

Evidemment, ces temples du muscle regorgent de machines d’avant-garde pour se parfaire le pronateur ou le tibial.

Etre gros ça fait peuple mais être malade, c’est pire! Ainsi être sain et sportif est-il devenu la nouvelle élégance de l’Upper class.

L’exercice physique ne suffisant point à l’entretien de  son capital santé, il convient de consommer subtil: manger bio et sans gluten, grignoter des plats luxueusement diététiques et méditer en pleine conscience pour soigner son âme dans un bar dédié, ce qui est tellement moins ringard que d’aller prier à l’église.

Puisqu’on a le corps qu’on mérite, l’obésité devient un signe de paresse. C’est vraiment méprisable. Le surpoids gagne les couches populaires…  Un manque de volonté diagnostiquerait le salarié Manu et tant pis pour ces minables qui se gavent de hamburgers d’hypermarché et s’imbibent de bulles de sodas ou de bières à bas prix. On ne va pas être solidaires d’eux et dépenser un pognon de dingue pour ces inconséquents.

En sus de leur footing du samedi, les  Gilets jaunes n’ont qu’à faire le tour de leurs ronds-points à cloche-pied et jeûner un jour sur trois.

Appauvrir plus encore ce peuple qui vit dangereusement en bouffant n’importe quoi procède du civisme.

Voilà pourquoi Macron et les siens ne lâchent rien aux précaires: il en va de leur santé.

 

Sybilline Bavastro

 

 

 

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