La mort miséricordieuse – Question aux lecteurs [MàJ + Compléments 25/06]

“(…) Ceux-ci pourront accorder une mort dite miséricordieuse aux malades qui auront été jugés incurables selon une appréciation aussi rigoureuse que possible.”

Qui a écrit ces lignes ?


 

Il s’agissait en effet de Hitler :

 

Adolf Hitler, Berlin – le 1er septembre 1939 –
Le Reichsleiter Bouhler et le docteur en médecine Brandt sont chargés, sous leur responsabilité, d’étendre les attributions de certains médecins à désigner nominativement ceux qui pourront accorder une mort miséricordieuse aux malades qui auront été jugés incurables selon une appréciation aussi rigoureuse que possible.
Adolf Hitler.



Complément 25 juin 18h

Article* de l’historien Jean Chaunu dans Liberté Politique, le 16 mai 2008 :

D’une euthanasie à l’autre

Bienheureux Clemens August von Galen, cardinal-évêque de Münster de 1933 à 1946

 

“Miséricorde : le programme T4

Le 1er septembre 1939, Hitler autorise le programme “T4” par une simple note : Le Reichsleiter Bouhler et le docteur en médecine Brandt sont chargés, sous leur responsabilité, d’étendre les attributions de certains médecins désignés par eux, les autorisant à accorder une mort miséricordieuse aux malades qui auront été jugés incurables selon une appréciation aussi rigoureuse que possible. Là, c’est le choc. Ce mot si noble demort miséricordieuse (on dirait aujourd’hui le droit à mourir dans la dignité ) que les nazis osent employer ne suffirait donc pas à nous rassurer sur leurs mauvaises intentions. Pas même l’appréciation aussi rigoureuse que possible. Car à l’impossible nul n’est tenu évidemment. Il peut y avoir des conjectures approximatives sur la survie de telle ou telle personne. Des procédés jugés rétroactivement expéditifs. Qui va définir qu’une vie ne mérite plus de se prolonger ? Dans l’exemple cité ici, le corps médical selon les normes du national socialisme.

Vous voyez bien, me dites vous, qu’il s’agit d’une euthanasie totalitaire. C’est l’État qui choisit à la place de l’individu. Le progrès, c’est que l’individu choisisse lui même et que l’appareil médical s’exécute avec la bénédiction d’une législation aussi large ou aussi rigoureuse — c’est selon — que possible. Qu’importe si les critères de l’individu s’avèrent infiniment plus élastiques que ceux de la législation publique puisque c’est l’individu qui importe et qui décide. Un jour donc, la législation pourra vous reconnaître ce droit à recevoir une mort miséricordieuse. Et pour peu que ce droit-créance devienne un devoir d’État, on devine à quel point le dispositif légal risquera de se sentir obligé envers vous.

(…)

Nous pouvons donc tous devenir des individus nazis dans un État libéral prêts à faire le sacrifice de nos vies inutiles et une législation compassionnelle peut nous aider à concrétiser nos dernières volontés tout en faisant des économies dans les hôpitaux. C’est cela le progrès et la tolérance. Citons pour finir Mgr von Galen qui semblait pourtant s’en inquiéter : Si l’on admet une fois que des hommes ont le droit de tuer leurs semblables improductifs — cela ne vise pour le moment que de pauvres aliénés sans défense — alors on autorise par principe l’assassinat de tous les hommes improductifs, donc des malades inguérissables, des estropiés incapables de travailler, des invalides du travail ou de la guerre, de nous tous quand nous serons devenus vieux et par conséquent improductifs. Il suffira alors d’une ordonnance secrète pour étendre à d’autres improductifs ce qui a été fait pour des aliénés. Personne d’entre nous ne sera plus sûr de sa vie. Une quelconque commission pourra nous faire figurer sur une liste d’improductifs, considérés par elle comme impropres à la vie, et aucune police ne protégera le condamné, aucune justice n’instruira l’assassinat, pour punir l’assassin comme il convient.”


 Voir le serment de Mgr von Galen, le 3 août 1941, à Münster (traduction : abbaye St-Benoît de Port-Valais)


 

* En réaction à ce débat entre Zemmour et François de Closets le 22 mars 2008 dans “On n’est pas couché” (cf. après 6 min. 46, avec spectateurs lobotomisés en prime) :

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25 Comments

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  • Gisèle , 25 juin 2014 @ 22 h 09 min

    Et moi j’ai vu dans mon service un monsieur gravement malade , s’endormir dans l’éternité après un massage des main avec des huiles essentielles, appris en formation en soins palliatifs .
    En 10 ans , je n’ai vu qu’une seule patiente hurler de douleur . Son mari venait la voir avec sa maitresse .
    Comprenne qui veut , ou qui peut .

  • Gisèle , 25 juin 2014 @ 23 h 28 min

    Madame, vous auriez dû écouter parler l’équipe soignante d’une unité de soins palliatifs , au journal télévisé de FR3 ce soir !
    J’étais soignante ! Et vous ??? Avez vous travaillé auprès des malades et des personnes âgées ?
    Avant de parler de mourir dans la dignité , parlons de vivre la maladie dans la dignité ! c’est à dire , dans la vérité , et la considération respectueuse de la mise en place d’une vraie prise en charge de la part du médecin de famille et de l’ oncologue !
    Autre chose … combien de personnes âgées vivent complètement oubliées , délaissées , abandonnées dans les maisons de retraite , alors qu’elles ont une famille trop occupée pour venir les voir ! La dignité c’est cela aussi ???
    Alors arrêtez tous avec vos mots à la con dont vous ignorez le sens tout en les usitant à tout va !

  • Gisèle , 25 juin 2014 @ 23 h 32 min

    Merci @clarck913

  • Anne Lys , 26 juin 2014 @ 21 h 53 min

    En effet, la situation des personnes qui se trouvent dans une maison de retraite est souvent très difficile.

    J’emploie à temps partiel une dame qui a son emploi principal dans une de ces maisons, loin d’être la pire. Elle me dit ne plus savoir comment faire : si elle omet d’obliger une personne âgée et fatiguée à s’alimenter ou à boire quand il fait chaud, elle fait preuve de négligence et peut, à juste titre, se faire accuser de maltraitance. Mais si elle insiste pour que cette même personne s’alimente et s’hydrate, elle risque d’être accusée de harcèlement et donc de maltraitance !

    J’ai eu aussi une amie infirmière dans un centre de soins palliatifs ; elle me disait, comme l’affirment presque tous ceux qui connaissent ces établissements, que les personnes en fin de vie demandent très rarement qu’on abrège celle-ci. Et si elles le font, c’est en général parce qu’elles se sentent abandonnées par leur propre famille ou qu’elles croient (et ont souvent de bonnes raisons de croire) que leur survie constitue pour celle-ci une charge qu’elles ne veulent pas lui imposer. Quelquefois parce que, volontairement ou non, les proches – quand ils viennent, ce qui n’est pas toujours le cas – leur font comprendre que ces visites sont pesantes…Mais il y a aussi les personnes qui n’ont pas les moyens de payer les frais de leur hospitalisation, qui savent que ce sont leurs enfants qui les paient – ou qui les paieront par confiscation de la succession qu’elles espéraient leur laisser ; leur demande qu’on les laisse « partir » est alors une forme de « suicide altruiste » en faveur de leurs enfants.

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