Le dernier espoir de Vercingétorix

Dans notre société moderne qui vise à scier nos racines, le roman historique connaît une vigueur étonnante. Un intérêt qui s’étend d’ailleurs à la bande dessinée, où la production d’albums sur toutes les époques de l’histoire est impressionnante. Nous savons depuis bien avant Les Rois Maudits que cette forme littéraire est un sentier sur une ligne de crête à deux escarpements opposés que sont la mièvre facilité et l’ennuyeuse érudition. Déjà Alexandre Dumas avait la fierté de vulgariser l’histoire par la littérature mais devait faire face aux critiques.

Il est pourtant difficile de restituer une époque avec ses mœurs, ses us et coutumes pour l’offrir à la compréhension d’un public contemporain ayant ses propres références culturelles. Se projeter dans le temps (passé qui plus est) est finalement moins aisé que de se projeter dans l’espace !

Dans son roman, Le Dernier Espoir de Vercingétorix, Jean-François Perret s’est attaqué à une période de l’histoire d’autant plus difficile que peu documentée. Vercingétorix est une figure mythique. Malheureusement, les seules sources écrites à son propos sont celles de César dans De Bello Gallico. L’histoire étant écrite par les vainqueurs, c’est attaquer le sommet par la face nord que de broder une histoire sur le sujet.

Et pourtant, ce roman trousse avec succès une histoire autour d’une courte étape de la vie du chef gaulois : son passage en captivité en terre gauloise avant son départ pour Rome. La psychologie de César y est peinte avec originalité de façon convainquante. On le voit conduire ses légions avec une autorité sans faille et impitoyable. Son caractère colérique terrorisant et fascinant à la fois ses officiers et soldats. La rudesse de la condition militaire mais aussi de la vie de la campagne gauloise sont dépeintes pour bien nous faire imaginer les conditions dans lesquelles ces batailles se déroulaient.

La vie quotidienne et les personnages de l’oppidum de Bibracte campent le décor de luttes intestines complexes et ravageuses pour la Gaule. Une spécialité bien de chez nous.

Aimé de l’Eduenne Niamh, Vercingétorix ne sera pas sauvé de sa captivité mais cette étape imaginée de son parcours de vaincu se lit comme une belle histoire dont on aimerait qu’elle ne finisse pas dans le tragique que les livres d’histoire nous ont appris.

Pour prolonger la rêverie, il vous reste à vous rendre sur le plateau de Gergovie un petit matin à l’aube. Sur ce site sauvage chargé du mythe de notre histoire. Un de ces lieux où souffle l’Esprit. Où l’on se prend à espérer que roman et national se conjuguent au présent.

 

Sigisbert Clément – Présent

Jean-François Perret, Le dernier espoir de Vercingétorix, Editions de Borée, 2018, 270 pages, 18,90 euros.

Related Articles