Erdogan, l’ivresse du pouvoir

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Depuis son enfance modeste jusqu’au sommet de l’Etat, en passant par la mairie d’Istanbul et le poste de premier ministre, la trajectoire d’Erdogan, jeune militant sanguin passé de sauveur de la nation à fossoyeur de la démocratie, est décortiquée. En 1996, il avait comparé la démocratie à un… tramway. Autrement dit, la démocratie est un moyen, pas un but : une fois arrivé au terminus, on en descend. (…)
Outre l’entretien exclusif avec Fethullah Gülen, son ancien allié devenu ennemi juré, l’un des aspects les plus intéressants de ce film concerne les relations conflictuelles entre Erdogan et l’armée – depuis la naissance de la République turque, en 1923, celle-ci y tient un rôle central. En février 1997, un coup d’Etat militaire entraîne une vaste purge dans les milieux islamistes. Déchu de son mandat de maire, Erdogan passera trois mois en prison. De là naîtra, selon les auteurs, une rancune tenace contre les militaires.

En sortant de prison, il trace une ligne qui le mènera au pouvoir : conservateur mais aussi réfor­mateur, partisan déclaré d’une ­adhésion à l’Union européenne. En 2001, Erdogan fonde l’AKP (Parti de la justice et du développement). Un an et demi plus tard, le voilà élu premier ministre d’un pays qui subit une grave crise ­économique. En s’appuyant sur l’Europe, il promet de ramener la stabilité. Son premier mandat est considéré comme réussi. Mais à partir du deuxième, en 2007, purges, affaires de corruption, menaces et emprisonnements arbitraires se multiplient. « Quand vous faites vivre un mensonge à la place d’une réalité, c’est alors que vous vous rapprochez du despotisme », analyse un psychiatre turc.(…)

Combien de temps va-t-il continuer à régner ? Son troisième et dernier mandat arrive à son terme. Pour rester au pouvoir, le président Erdogan joue avec le chaos. Pour l’instant, il a balayé tous les obstacles que la démocratie met sur le chemin du despotisme.

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