Cyber-harcèlement/ Pourquoi des journalistes quittent-ils Twitter ?

La question a été posée notamment après un message de Samuel Laurent, responsable des Décodeurs du Monde, dénonçant un réseau devenu « trop violent ».

«Peut-on rester sur Twitter lorsqu’on est journaliste en 2018 ?». La question est posée ce 24 septembre sur Twitter par un journaliste du Monde, Samuel Laurent, très actif sur le réseau depuis son inscription en 2008.

115 000 tweets plus tard, le journaliste en charge des Décodeurs a, en effet, décidé de faire une pause. La raison ? Selon lui, «ce réseau social est devenu sous l’action de communautés militantes essentiellement, un lieu de haine, de violence, où quelques milliers d’internautes peuvent littéralement pourrir la vie d’un individu s’ils le décident de concert». Ces communautés, il les nomme : les militants LREM, les Insoumis, les «Patriotes» d’extrême droite, ou encore le Printemps républicain.(…)

Les journalistes, cible privilégiée sur Twitter ?
La violence des réseaux sociaux est un sujet, bien au delà de la presse. Plusieurs catégories de la population (les ados, les féministes, les personnes racisées, homosexuelles ou transgenres notamment) sont des cibles sur Twitter. Des quidams, se retrouvant un jour au centre de l’actu, peuvent en faire les frais. Samuel Laurent, dans la lettre qu’il a postée, cite d’ailleurs le cas du jeune horticulteur sermonné par Macron, qui a été victime d’un lynchage en règle sur Twitter après avoir critiqué le président.

Mais les journalistes figurent en bonne place dans ce jeu de massacre. Avec cette spécificité qu’ils sont obligés, ou presque, d’avoir un compte. Et le plus souvent avec leur nom et leur photo. Aujourd’hui, en France, un journaliste qui n’a pas de compte Twitter a moins de chance de trouver un travail qu’un journaliste qui a plusieurs milliers d’abonnés sur le même réseau. (…)

C’est donc sur leur «lieu de travail» qu’ils se retrouvent harcelés, surtout quand ils sont des femmes (mais pas uniquement). Chaque rédaction peut citer quantité d’exemples.

Ce sont deux journalistes de Désintox, l’ancêtre de CheckNews, traités d’ «attardés» et de «petits fragiles» par des militants d’extrême droite, après la publication d’un article, photos des journalistes en question à l’appui. C’est un journaliste de Libération, insulté lui et ses enfants des centaines de fois sur Twitter, après avoir osé critiquer le PSG lors d’un passage à la télé. C’est une journaliste du Monde, qui a vu de vieux tweets anti-Mélenchon, datant de 2012, être déterrés six ans plus tard par des militants Insoumis, après un article qu’ils jugeaient injuste. C’est une stagiaire de Libé, visée par des militants d’extrême droite, et qui a vu pendant plusieurs jours des photomontages d’elle en train de se faire violer circuler sur les réseaux sociaux.

Il suffit souvent de taper le nom d’un(e) journaliste sur Twitter, et de compter les insultes ou photomontages douteux.(…)

 

liberation.fr

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