Nature contre culture et mariage…

Par Charles Chaleyat

 

La théorie du genre soutient la législation taubiresque sur le mariage et cette législation le lui rend bien. Elle n’a cependant jamais été que ce qu’elle dit d’elle-même: une théorie laquelle,  comme toute théorie attend sa confrontation avec le monde, le réel, pour être – momentanément – validée ou invalidée (selon les critères de la pensée moderne copiée – sans en respecter les exigences – sur la pensée dite scientifique).

Ainsi la théorie de la tectonique des plaques (fondée sur des remarques morphologiques et géologiques de Wegener) fut confirmée par la mesure de la polarité du sous-sol marin de l’Atlantique: des rayures parallèles à la faille (témoignant de l’expansion des fonds océaniques  selon la théorie du double tapis roulant) et témoignant des inversions dans le temps du champ magnétique terrestre.

Or, tandis que nos politiciens-groupies-marchands-fossoyeurs tentent de l’imposer partoutet, pire encore, à l’école primaire,  personne ne semble se rendre compte que rien ne la confirme, au point que certains pays l’ont déjà jetée à la poubelle.

Si rien ne l’infirme non plus, diraient certains c’est, de toutes façons, qu’elle reste une théorie suspendue dans le vide. Nous sommes ici dans le sempiternel débat philosophique Nature-Culture se posant chaque fois qu’on distribue les faits d’observation ou d’expérience selon cette façon de voir le monde. Les défenseurs de la théorie du genre disent que nous sommes culturellement déterminés (la Culture). Ses adversaires absolus respondent que nous sommes biologiquement déterminés (La Nature). Or cette ‘paire conceptuelle’ – que nous croyons ontologique, qui nous oblige à choisir et donc à définir notre rapport au monde – est toute  occidentale et parfaitement moderne.

Elle est Notre paire, notre paire de lunettes, oserais-je dire, c’est-à-dire notre façon de voir le monde et de dire le monde construite, depuis Descartes et Kant puis les Lumières et réalisée dans les sciences (et non dans La Science) et qui commence à s’écrouler depuis que l’on s’est rendu compte que – à côté des réussites et des catastrophes engendrées par ce mode de compréhension du monde – comme dirait Bruno Latour, nous avions construit nous-mêmes ces lunettes. Elles sont tout à fait provisoires d’ailleurs, ne permettent qu’un choix binaire: naturaliser ou culturaliser et surtout, et sont absolument discutables.

Le monde est nature-culture.

La prudence, la sagesse et les sciences recommandent que l’on tienne compte – si nécessaire – des deux pôles conceptuels (et rien que conceptuels!) en permanence, même si telle ou telle expérience fait momentanément pencher le choix vers la Nature ou la Culture.

Rien n’oblige à choisir sinon ce que l’on veut faire des hommes/femmes. Il faut se rendre compte que le réel dépasse ce genre de dichotomie dans un au-delà qui nous est aussi inaccessible que Dieu et que nous tentons (et réussissons parfois) à ramener à nous en le définissant (expériences) ce qui n’est jamais que partiel et momentané. Sous cet angle, la prise en compte des modes de pensée des autres civilisations – comme l’expérimentèrent nombre d’ethnologues jadis, (par exemple, François Jullien chez les Chinois) – ou le retour sur des modes de pensée qu’on a cru dépassés : 2 000 ans de théologie chrétienne, – nous aide à sortir de cette procrastination Nature contre Culture. De la même façon, il faut envisager que les périodes historiques qui précèdent la nôtre (grossièrement dite ‘moderne’) ont pratiqué des modes de pensée différents et donc ne pas essayer de leur faire endosser nos vues et nos choix et réfléchir à leur expérience historique.

La précipitation hargneuse à imposer cette théorie (parfois sous des vocabulaires trompeurs) traduit par ailleurs cette impossibilité de la prouver. Elle n’est donc en fait qu’une idéologie à but politico-anthropologique et comme telle requiert puisque improuvable par les moyens habituels de la raison – associée à nombre d’autres attaques (culturelles, économiques, sociologiques, politiques) – le bombardement médiatique, la contrainte politique, la brutalité policière et la violence pouvant aller jusqu’au pire, tant il importe à certains de détruire le mode de mariage traditionnel.

 

Related Articles