Roch-Olivier Maistre, orléaniste à l’échine souple, nommé Président du CSA

Exit Olivier Schrameck qui était en congé partiel de présidence pour cause de maladie depuis février 2018 (remplacé alors par le doyen d’âge Nicolas Curien jusqu’à une date indéterminée). Il aura présidé l’institution six ans depuis sa nomination par François Hollande en janvier 2013. Il a été nommé illico au Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM). Selon le Canard Enchaîné du 16 janvier 2019, il devrait toucher un peu plus de 20K€ de retraite(s) hors possibles émoluments au CSM (nous avons interrogé le CSM sur ce sujet, sans aucune réponse).


Maistre, une carrière de haut fonctionnaire

Roch-Olivier, cela sonne bien, donne un air martial. Il n’est pas certain que le profil du nouveau président du CSA corresponde à une image guerrière. Sc Po, ENA, Roch-Olivier Maistre commence sa carrière administrative par la petite porte comme chef du bureau du théâtre à la direction des affaires culturelles de la ville de Paris. Membre du cabinet Léotard alors ministre de la Culture au mitan des années 80, il est nommé directeur (administratif) de la Comédie Française en 1993, puis directeur de cabinet du secrétaire général de la ville de Paris, un poste technique et non politique. Devenu collaborateur de Roger Romani au Conseil de Paris, il devient ensuite conseiller éducation culture (2002/2005) de Jacques Chirac. Ce dernier le nomme au tour extérieur conseiller maître à la Cour des Comptes. Il est plus tard nommé Président de chambre, distinction rare pour un conseiller qui vient de l’extérieur.

Giscardien juppéiste macron-compatible

De tempérament giscardien mais membre des équipes Chirac, il avait participé à la primaire de la droite de 2016 en conseillant Alain Juppé (plaisamment brocardé alors sous le nom d’Ali Juppé), dans l’équipe de Christine Albanel. Considéré comme macron-compatible il se rapproche opportunément de Françoise Nyssen nouvelle et éphémère ministre de la Culture pour laquelle il effectue une mission sur la musique. En-dehors d’une mission de médiation sur le dossier Presstalis en 2010, ses connaissances de la presse écrite comme de l’audiovisuel sont difficiles à cerner. Son entourage le décrit comme intelligent, affable, ayant horreur du conflit, respectueux des hiérarchies, « un dos souple », toutes qualités qui lui serviront certainement dans son nouveau poste.

Deux chantiers immédiats

La nouvelle loi audiovisuelle en cours de vote qui élargit les prérogatives du CSA aux médias numériques sera son premier chantier. Le deuxième viendra très vite avec les élections européennes de mai 2019. La loi sur les infox/fake news votée à l’automne 2018 sur les « manipulations en période électorale » rentrera pour la première fois en application. Nul doute que les expériences politiques du nouveau Président seront précieuses pour une mise en œuvre donnant toute satisfaction au gouvernement d’Édouard Philippe et à une liste macroniste soutenue par Ali, pardon Alain Juppé.

 OJIM.fr

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