Carcassonne : le long sanglot de l’Occitanie (Vidéo)

Porte de Narbonne, Dimanche 25 Mars 2017. En contemplant la fière Cité balayée par un vent venu du Nord, c’est pour les cinq filles de Carcassonne que nous avons une pensée émue. Cinq Citadelles Cathares situées à la frontière avec l’Aragon pour assurer une ligne de défense : Aguilar, Quéribus, Peyrepertuse, Termes et Puilaurens. Les Citadelles du vertige.

Après les ravages des Barons Francs envoyés sur nos terres pour mettre fin à l’hérésie Cathare par le Pape Innocent III qui durèrent de 1209 à 1244, c’est une autre catastrophe qui s’abat depuis des décennies sur Carcassonne.

Carcassone, la fin d’un mode de vie

Autrefois, les commerçants logeaient en ville, le long des rues quadrillées par Saint-Louis et autour de la Place Carnot. Des siècles d’histoire peuplaient les boulevards ombragés. Nous nous sommes souvenus avoir musardé jadis au cœur de la Bastide, faisant une pause pour contempler la Maison du Sénéchal, rue Aimé Ramon. Il faut dire que cette merveille échappa à l’incendie de 1355 ordonné par le Prince Noir et que c’est un ravissement que de pouvoir la regarder ainsi aujourd’hui. La longue mémoire…

Faire ses courses était un geste social autant qu’économique. Carcassonne à l’image de tant d’autres villes de province, c’était un pôle de vie dense et raffiné, profondément ancré dans le milieu rural, où les juges rendaient la justice, où Balzac situait ses romans, où les Préfets avaient encore quelque utilité et où les citoyens pouvaient acheter des dizaines de fromages différents.

Mais les choses ont bien changé. L’anxiété latente se nourrit du déclin visible de la Bastide Saint-Louis. Voir se déliter ainsi cette ville est un coup de plus porté à l’identité Occitane, la preuve qu’un mode de vie disparaît sous nos yeux. C’est la substance même de Carcassonne qui se perd en laissant partir un à un ses commerces traditionnels.

C’est une part éminente de l’âme Occitane qui s’éteint

L’émergence de grands centres commerciaux tout autour de Carcassonne illustre parfaitement bien cette particularité française. Cette préférence pour le Grand Commerce de périphérie au détriment des artisans et commerçants, c’est Monsieur Torres qui nous l’explique, un brin désabusé : « Il n’y a pratiquement plus de bars, plus de cafés. Et nous sommes dans le Sud-Ouest, nom d’un petit bonhomme ! C’est un scandale ! » dit-il tout en servant des gaufres chaudes pleines de confiture du pays à ses clients

« On a perdu cette convivialité qui marquait notre identité. Avant, chaque quartier de la Bastide Saint-Louis avait son propre centre, avec son petit café. Et tout ça a disparu aujourd’hui au profit de boutiques exotiques ». C’est vrai que le Kebab est assez incompatible avec le Cassoulet…

La Métropole au service de l’utopie mondialiste

Pour les Oligarchies qui nous gouvernent, la Métropole c’est l’avenir, appelée qu’elle est à se substituer aux Etats-nations tentés par la fermeture et le conflit, comme ils disent. La Métropole, Toulouse par exemple, devient un élément de ce que Arnold Toynbee appelait « oecoménopolis » : une mégalopole mondiale qui se répand dans l’espace jusqu’à couvrir la planète et à former un ensemble continu.

Mais à Carcassonne, on est loin, très loin des utopies urbaines chères aux bobos. Carcassonne, c’est la France Périphérique qui est ceinturée d’ensembles colonisés (Les territoires perdus de la République) pendant que ce qui reste du Centre ville est sillonné de bandes ethniques en voiture à vitres fumées comme dans le jeu vidéo Grand Theft Auto.

Dimanche soir, en marchant le long du Canal du Midi près de la Gare, nous avons croisé une demi-douzaine de personnes, tout au plus. Au crépuscule, la ville semblait abandonnée.

Germanicus

Photos : DR
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