Jean-Michel Ribes ou le trouble du “cultureux” de gauche…

Le patron du théâtre du Rond-Point a été obligé d’assister à un mouvement de contestation des intermittents. Sous la gauche au pouvoir, imaginez son embarras ! Mais que dire, que faire quand, comme lui, on s’est tant dépensé pour voir Hollande accéder au Palais ?
Il a tout donné pour porter son François à l’Elysée. Discours enthousiaste au Bataclan pour son dernier meeting de campagne de la primaire PS, présence remarquée aux grands raouts du Bourget, de Bercy et du Château de Vincennes, vidéo de soutien pendant la présidentielle façon « Fan de » pour nous louer la qualité d’ « écoute » de celui qui deviendra président de la République… Et comme ça ne pouvait pas suffire, notre homme avait même créé un interminable opéra-bouffe, René l’énervé, tournant en ridicule — en avait-il vraiment besoin ? — Sarko l’agité. Il est comme ça Jean-Michel Ribes. Il est entier. Il se donne sans compter. Et se retrouve aujourd’hui bien mal récompensé.Lui, le patron du théâtre du Rond-Point, a été obligé d’assister à un mouvement de contestation des intermittents. Sous la gauche, imaginez son embarras ! Mais que dire, que faire quand, comme lui, on s’est tant dépensé pour voir Hollande accéder au Palais ? Marianne aurait bien aimé lui poser la question. Malheureusement, ses collaborateurs nous ont expliqué que notre homme avait un agenda bien trop chargé pour pouvoir nous répondre. Tant pis, Jean-Michel Ribes a tout de même trouvé le temps d’aller… sur France info et Europe 1 pour y interpréter, en usant des mêmes tirades, son plus beau rôle : celui d’un acrobate, un équilibriste même, marchant sur un fil, jonglant entre proximité avec le chef de l’Etat et soutien à la « révolte » des intermittents composant « la moitié », nous dit-il, des personnes travaillant dans son théâtre de l’avenue Roosevelt. Et pour y asséner aussi des phrases qui remporteraient haut la main le championnat de France d’enfonçage de portes ouvertes, si seulement il existait une fédération. Mais oublions les « la culture est l’ADN de ce pays », les « la culture, c’est notre pétrole » et autres « la culture a fondé notre démocratie »…L’exécutif, dans cette affaire, s’est donc retrouvé coincé entre sa traditionnelle proximité avec le beau monde des cultureux et sa défense des accords nés du dialogue social (et quand on se dit social-démocrate, bon dieu, c’est sacré !). Il en va de même pour ce pauvre Jean-Michel Ribes, solidaire de fait avec les intermittents, favorable tout de même à une réforme mais pas celle-là, et ne voulant pas taper sur l’exécutif : « Le gouvernement est pris en tenaille entre la peste et le choléra », nous a-t-il ainsi expliqué pointant, du doigt les « partenaires sociaux » signataires de l’accord du 22 mars, à savoir le Medef, la CFDT, la CFTC et FO.Rien à redire non plus sur l’action d’Aurélie Filippetti (qui par ailleurs lui a remis les insignes de commandeur des Arts et des Lettres fin 2013…) : « Je trouve que c’est quelqu’un qui a été… une femme qui s’est opposée frontalement au Medef, qui a dit ce qu’elle pensait ».Et lui qui préconisait dans les médias un « moratoire », en appelait à ne « pas signer cette convention » et invitait tout le monde à « se mettre autour de la table » s’est trouvé une heureuse « porte de sortie » grâce à Manuel Valls qui a annoncé, en fin de semaine dernière, que l’Etat validerait bien l’accord, mais que le fameux « différé d’indemnisation », une des mesures les plus controversées de la réforme, sera compensé par l’Etat.Bref, il veut voir là, a-t-il expliqué à Télérama« la volonté » du gouvernement « de remettre vraiment les choses à plat » et appelle donc ses camarades intermittents à rentrer dans le rang : « Ne pas entendre cela, ne pas considérer cela comme une ouverture mais comme un piège me semble irresponsable. Il y a un moment où il faut savoir s’arrêter. Dans le climat populiste actuel, dans ce XXIe siècle qui ne démarre pas, sur cette planète où il y a des conflits partout, il faut accepter la négociation. Sinon c’est une déclaration de guerre. Et la guerre ça fait toujours des morts. » Et la paix, Jean-Michel Ribes est pour. Vraiment. Autant qu’il était pour Hollande pendant la campagne de 2012…

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