Ils nous le disent sans détour…

Par Alain Sanders

Pas contents des allogènes, vous les indigènes français ? Eh bien, cassez-vous !

 

Il s’appelle Yann Moix et il a eu le prix Renaudot. Mais ce n’est pas ce hochet littéraire conformiste qui nous intéresse. Mais une de ses déclarations récentes sur©Anal Plus (qui, sous Antoine de Caunes, réussit – et il faut le faire – à être encore plus gaucho-pourrave que sous Denisot) :

— Ceux qui ont du mal à cohabiter avec les Arabes et les Noirs devraient quitter le territoire, car ils vont avoir des désillusions horribles dans les années qui viennent.

Quitter le territoire ? C’est-à-dire quitter leur pays ? Pour aller où ? Au nom de quoi ? « Ils vont avoir des désillusions horribles », dit l’écrivaillon. C’est quoi, ça ? Une prophétie ? Des menaces ? Soit il en dit trop, soit il n’en dit pas assez…

Le problème n’a jamais été de cohabiter avec des Arabes ou avec des Noirs. Et toute l’histoire coloniale de la France est là qui en atteste. Reste qu’à un moment de cette histoire des peuples du Maghreb et d’Afrique noire lui ont dit : « On ne veut plus de cette cohabitation, rentrez chez vous, on est chez nous. »

Alors la France est rentrée chez elle. Suivie d’ailleurs par de nombreux ressortissants de ces peuples qui ne voulaient plus d’elle… Et il faudrait, aujourd’hui, que les indigènes français, qui trouvent que certains allogènes en prennent un peu trop à leur aise, quittent leur pays (sinon à subir, s’ils ne le faisaient pas, des « désillusions horribles ») ?

Ce n’est pas de cohabiter avec des Noirs et des Arabes qui est un problème, M. Moix. C’est de cohabiter avec des cons. Vous ne serez jamais mon colocataire…

 

C’est vraiment dans l’air

 

Autre vedette, Nacira Guenif Souillamas. Anthropologue de son état. Et maître de conférences à Paris XIII. Invitée, elle, de « C dans l’air » sur France 5, elle a donné sa vision du « communautarisme » :

— Le communautarisme, c’est la nostalgie de ceux qui se croyaient supérieurs et qui vivaient entre eux. Le communautarisme, c’est la nostalgie de ceux qui ne peuvent plus être entre eux et qui ne supportent pas qu’il va falloir partager l’existence, les richesses et aussi les vicissitudes avec des gens qui ne leur ressemblent pas.

Je vous rappelle que la donzelle qui ose balancer ça (sans que personne n’y trouve à redire) n’est pas une excitée de rencontre, mais une anthropologue, universitaire de surcroît. Un tel mépris – affiché, tranquille, accepté par les participants à l’émission – à l’égard des indigènes français, car ce sont eux les « nostalgiques en question, ces abrutis qui préfèrent vivre avec des gens qui leur ressemblent », passe l’entendement. Ce n’est pas une déclaration anodine en passant, c’est une déclaration de guerre : vous pliez ou vous (vous) cassez.

Les Français, de toutes origines et de toutes confessions, ont-ils encore le droit de dire – et de militer là pour – qu’ils préfèrent vivre avec des gens qui leur ressemblent, dans une même communauté de destin, qu’avec des gens qui ne leur ressemblent pas ? Pire : avec des gens qui, sur le sol français, pratiquent un communautarisme – mais sur celui-là, l’anthropo de service ne trouve rien à redire – totalement étranger à l’âme et aux réalités multiséculaires de la France ?

On a déjà entendu beaucoup de choses. Mais venir dire aux Français, à la télévision, que s’ils ne sont pas contents d’être envahis, ils n’ont qu’à se tirer et laisser la place aux envahisseurs, je dois dire que j’en reviens à peine !

 

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