“La justice française ordonne le blocage du site raciste Démocratie participative”

Le tribunal de grande instance de Paris a confirmé le blocage d’un site d’extrême droite, qui a pris pour cibles de nombreuses personnalités publiques.

(…) La demande du parquet de Paris est une mesure rare. La justice, du siège comme du parquet, ne s’est que rarement aventurée vers le blocage judiciaire d’un site internet raciste, par méconnaissance des textes ou par frilosité à appliquer des lois jugées trop floues. Comme ont pu le constater procureurs et juges à l’audience, la loi française dispose pourtant d’outils pour bloquer un site internet lorsque les circonstances l’obligent.

« Ce blocage est une décision importante, car elle va faire précédent : cette victoire en appelle d’autres », ajoute Frédéric Potier, en réaction à l’annonce du tribunal de grande instance de Paris.

C’est aussi une mesure en dernier recours. « Nous n’avons pas eu d’autre choix que d’agir sous la forme de référé, (…) nous aurions souhaité plutôt être devant une instance pénale », a souligné la magistrate lors de l’audience, qui s’est tenue le 8 novembre. Une référence à l’impossibilité, depuis de longs mois, de traduire devant la justice les auteurs du site pour juger leurs propos sur le fond.

A l’audience, le caractère odieux du site et des propos qu’il relaie n’ont fait aucun débat et les fournisseurs d’accès à internet, lesquels bloquent régulièrement des sites de paris en ligne illégaux sur instruction de la justice, n’ont fait part d’aucune difficulté, ni sur le fond, ni sur la forme.

Plusieurs associations antiracistes (SOS Racisme, Licra, MRAP…), de lutte contre l’antisémitisme (CRIF…) et l’homophobie (SOS Homophobie) et certaines victimes du site étaient, par le biais de leurs avocats, présentes à l’audience, notamment les youtubeurs Marie S’infiltre et Aurélien Enthoven, l’ancien bâtonnier du barreau de Grenoble Denis Dreyfus ou encore Marc Knobel, directeur des études au Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).

Dans un communiqué diffusé mardi, l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a salué « une décision qui intervient dans un contexte de regain du racisme et de l’antisémitisme, dont les chiffres ont montré une augmentation de 69 % sur les neuf premiers mois de l’année ».(…)

Un auteur soupçonné et multicondamné

(..)Les services de police ont, cependant, formé de solides soupçons quant à l’identité du principal tenancier du site. Selon une note conjointe de la Direction générale de la police nationale (DGPN) et de la préfecture de police (PP) que Le Monde a pu consulter en octobre, il s’agirait de Boris Le Lay, une des figures de la « fachosphère ».

 

Le Monde

Related Articles