L’impudique Marlène Schiappa (Vidéo)

 

Vidéo interdite au moins de 18 ans – Disons-le, la lecture du dernier livre de Marlène Schiappa, “Si souvent éloignée de vous”, publié le 9 mai aux éditions Stock, nous a mis mal à l’aise. Dans son nouvel ouvrage, la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes partage les lettres qu’elle a écrites à ses filles lors de ses déplacements professionnels depuis le début de la grande aventure Macron. Des lettres qui ne semblent pas réellement rédigées à l’intention de petites filles de 11 et 6 ans, car bien trop politiques. Mais admettons.

Restent des pages et des pages d’un récit quotidien écrit au fil de la plume. A-t-on vraiment envie de lire le journal intime de la secrétaire d’Etat ? Pour ceux qui apprécieraient de l’imaginer sous la douche peut-être : “Quand le shampoing coule sur mes épaules, mon ventre, mes jambes, j’en ai partout, je me lave les mains avec ce liquide blanc, je patauge dedans”, écrit-elle. Pour les autres, plonger dans l’intimité de Marlène Schiappa, avec ses formulations parfois douteuses (“Les gens imaginent que je minaude, ils ne savent pas que je respire mes filles”), est un passe-temps gênant.

Entre un shampouinage et une course à la boulangerie, l’auteure évoque son admiration pour Emmanuel Macron, qualifiant son élection d'”enjeu national Historique”. De la prise de pouvoir du président, elle écrit : “Comme si pendant des années, des apothicaires avaient tenté de guérir un pays malade en préconisant des saignées et que, enfin, un véritable médecin arrivait avec une poche de sang à transfuser.”

Les courbettes s’enchaînent tout au long du livre. La plus maladroite est celle adressée à Brigitte Macron : la “bienveillance, la gentillesse, l’engagement et la classe naturelle, ses allusions artistiques, son humour ravageur et son sourire irrésistible de ‘l’éternel féminin'”. (…)

Pour l’éducation féministe et “non genrée” de ses filles, on repassera aussi.

“Moi, j’ai pris la forme de manucure de ma tante Martine […], le parfum de ma grand-mère Andrée, les gestes tendres de mon arrière-grand-mère Mina […], la brosse pour se laver le visage de ma première belle-mère, la façon de ma mère de préparer le dîner […], et sans doute beaucoup trop de choses de mon père pour une femme.” Qu’il est pénible de lire cette tirade en 2018. Pourquoi ne pas plutôt évoquer le goût de la lecture d’une tante, la passion des voyages d’une grand-mère ou encore le don du bricolage d’une belle-mère. On s’étonne aussi de l’insistance avec laquelle la secrétaire d’Etat évoque la blondeur et la minceur de sa fille aînée aux “jambes longues et fines”, qui pourrait “être mannequin”, tandis que la plus jeune a “les bras pleins de pulpe”. (…)

Quant à Monsieur Schiappa, il apparaît dans l’ouvrage comme le râleur contrarié de voir sa compagne courir à droite à gauche pour le bien de l’humanité et qu’on n’ose pas déranger pour des “questions de filles” :

“On en parle à maman quand on a nos règles”, figure parmi les “règles” qu’elle fait “répéter chaque semaine” à ses filles. A défaut du père, “du côté des modèles masculins, vous avez des parrains, les amis de votre père, mes amis – souvent gays, ce qui n’en fait pas de moins bons modèles masculins”. La précision était-elle nécessaire ? Comme beaucoup de femmes qui ont traversé la vingtaine entre deux épisodes de la série à succès “Sex and the City”, Marlène Schiappa brandit la carte du “gay BFF” (“Mon meilleur ami est gay”) – une expression qui, pour les LGBT, ne sonne pas très différemment du “J’ai un ami noir”. (…)

“Sa première nuit à Paris semble avoir manqué de confort :

“Je suis arrivée ici avec un sac à main, sans valise, sans tenue de rechange, sans même une brosse à dents – j’avais utilisé mon seul tailleur-pantalon noir encore en vie après un an de campagne pour le rendez-vous avec le Premier ministre.” L’occasion de nous raconter qu’elle est allée s’acheter “des dessous” avec son officier de sécurité dans “le dernier H&M de Paris ouvert jusqu’à minuit”.

A la lire, Marlène Schiappa a fait la guerre : “Puis on m’a gentiment déposé un kit de survie : un code pour l’alarme, une télécommande, un drap blanc propre, et des sucres en morceaux. Un assortiment de sucres roux, sucres blancs, sucrettes, emballés superposés. Qu’étais-je censée sucrer ? Habituellement, j’aurais soufflé sur un thé en travaillant mais je n’avais ni thé ni Internet, et rien à sucrer.”Une des lettres adressées à ses filles est l’occasion de se défendre de tout ce que lui reproche la presse, qui “tente de [la] faire passer pour une espèce de fêtarde ascendant téléréalité” alors que, assure-t-elle,(…)

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Marlène Schiappa a utilisé l’adresse e-mail du service presse du secrétariat d’Etat pour promouvoir son livre.

Dénonçant «un détournement de finalité de fichier», l’association Anticor a annoncé avoir saisi la Cnil et le Premier ministre.

L’association Anticor a saisi la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) et le Premier ministre Edouard Philippe au sujet d’un courrier envoyé depuis l’adresse e-mail du cabinet de Marlène Schiappa, dans le cadre de la promotion de son livre Si souvent éloignée de vous. La secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes a précisément utilisé cette adresse e-mail pour envoyer une invitation à une séance de dédicace aux journalistes figurant dans son fichier presse.

Spécialisée dans la lutte contre la corruption et la fraude fiscale, l’association Anticor a affirmé que le fait d’avoir «utilisé le fichier et les moyens de l’Etat» posait «un problème pénal, de détournement de finalité de fichier mais aussi un problème déontologique».

Anticor a ajouté que la circulaire relative à une méthode de travail gouvernemental exemplaire avait été signée par Edouard Philippe en 2017 et précise qu’«il convient de limiter l’usage des deniers publics au strict accomplissement de la mission ministérielle en ne tirant pas profit de ses fonctions pour soi-même ou pour ses proches».

Contacté par le site CheckNews de Libération, le secrétariat de Marlène Schiappa a de son côté minimisé : «On parle d’un mail là […] Un mail pour un événement public, organisé par l’éditeur, la librairie, avec une promotion entièrement à leur charge.» Egalement contacté, le cabinet du Premier ministre n’aurait pas encore répondu.

En cas de conflit d’intérêts avéré, le dossier pourra être étudié par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique.

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