L’horreur absolue !

Un billet de Cicéron*

Dimanche dernier, je traversais le beau département du Gers en voiture, après un bon repas. Mon épouse conduisait, c’était l’heure de la sieste et je me laissais aller à une douce somnolence, tentant tout de même d’admirer entre mes yeux mi-clos le paysage verdoyant parsemé de maisons de pierre ocre. Soudain, au cœur d’un village, je poussai un cri d’horreur ! Un instant, je crus que je faisais un cauchemar mais le rappel à l’ordre de ma femme, émue par mon hurlement, me prouva que je ne rêvais pas. Sur la bâche protégeant la terrasse d’un restaurant le nom de l’établissement s’étalait violemment devant mes yeux hagards : « Snacking de terroir » ! Quelle honte ! Quel rapprochement incongru de deux mots aussi antinomiques et en plein cœur du pays de la gastronomie du sud-ouest ! J’en ai, aujourd’hui encore, des nausées… Ce réveil brutal me ramena à la triste réalité de notre époque, à l’avilissement de notre langue jusqu’au pays des Mousquetaires, du foie gras et de l’Armagnac. Je passai le reste du voyage à trembler d’angoisse à l’idée que nous n’avions peut-être pas encore tout vu !

*extrait du livre Les maux pour le dire, paru en novembre 2012 aux Editions Atlantis.

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27 Comments

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  • 0 / 10
  • hector galb. , 30 janvier 2013 @ 20 h 50 min

    les ravages de la télé

  • Spymax , 30 janvier 2013 @ 23 h 28 min

    snacking c’est aujourdhui … demain ce sera kebab …

  • Tarantik , 30 janvier 2013 @ 23 h 39 min

    Snob et con… ce pôvre marchand de soupe !

  • Goupille , 31 janvier 2013 @ 0 h 43 min

    Il y avait à Meymac en 1959, deux hôtels : Le Modern’ Hôtel et le Splendid’ Hôtel…
    C’était beau comme “Jour de Fête” de Tati, et le facteur appelant New York sur son téléphone de vélo.

    Le Progrès…

  • Gomez AZguilar , 31 janvier 2013 @ 5 h 24 min

    Et le “Trésor de la langue française” donne: mousquet, emprunté à l’italien “moschetto”, nom donné à une arme à feu portable depuis le début du XVIe s. (Sanudo ds Batt.), masculin formé sur “moschetta” «flèche de l’arbalète» (depuis début XIVe s., Cino da Pistoia, ibid.), issu par comparaison de “moschetta” «petite mouche».

    Aïe aïe aïe… C’est comme pour le mal de Naples et le mal français, alors… Le serpent qui se mord la queue (si j’ose dire)…

  • Marquais , 31 janvier 2013 @ 8 h 14 min

    Un vocabulaire colle à une civilisation. La notre est submergée doucement par la vague Anglo-saxonne, Dans certains domaines, comme ce qu’ils s’appellent encore la musique, l’invasion est pratiquement achevée..
    Alors suivons si telle est l’Histoire mais en traînant un peu les pieds, s’il vous plaît !

  • Greenwitch , 31 janvier 2013 @ 8 h 24 min

    Que dire aussi de ces fameux et fumeux “showroom” qui annoncent des salles d’exposition ?
    C est un snobisme ridicule. Je demande pardon à nos cousins Québécois qui se battent tous les jours (loi 101) pour défendre et sauvegarder la langue française, alors que chez nous certains s évertuent à la démolir méthodiquement….
    Que dire aussi des “stand up”, des “prime time”, des “borderline” et la liste est longue….hélas
    Mais “snacking de terroir”, c est fort…….

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