Le scandale Solidays! (Vidéo)

Largement subventionné par la région Île-de-France, Solidays, dont la vingtième édition s’est achevée, offre une importante caisse de résonance à toute la gauche associative.
Huit cent mille euros pour le plaisir de se faire insulter : telle est la mésaventure survenue à Valérie Pécresse le weekend dernier sur l’hippodrome de Longchamp. La présidente de la région Ile-de-France, en visite au festival Solidays, a été reçue aux cris de « Pécresse délinquante » par des militants d’Act Up qui lui reprochaient d’avoir… supprimé la réduction de 75% dans les transports pour les migrants en situation irrégulière.

Repartie furieuse, l’ancienne ministre s’est ainsi, par la force des choses, trouvée au diapason d’un grand nombre d’élus de son conseil, qui l’avaient alertée sur les dérives d’un festival où la musique semble désormais un prétexte commode pour diffuser auprès de la jeunesse un message sociétal d’un goût douteux. « Les élus avaient insisté pour que ce festival, que la région subventionne quand même largement, veille au moins à ce que la pornographie soit bannie des stands et des manifestations annexes, et que les contenus à caractère sexuels soient interdits aux mineurs », explique une source proche du dossier.

Que ceux qui ignorent tout de Solidays et ne comprennent pas le rapport entre la musique et la pornographie ne s’étonnent pas : voulu à l’origine comme une manifestation musicale permettant de recueillir des fonds pour la lutte contre le Sida, le festival, qui fêtait le weekend dernier ses vingt ans, a peu à peu évolué pour parvenir à ce qu’il est aujourd’hui : un pêle-mêle de toutes les luttes et les revendications sociétales et politiques de la gauche associative et militante, la lutte originelle contre le Sida conférant en outre à ce pêle-mêle une forte tonalité sexuelle en générale et LGBT en particulier.

De fait, la lecture des documents d’information à destination de la presse ou du public laisse pantois : il n’y est question que de sexe, évidemment « sans tabous », et toujours dissimulé (si l’on peut dire) derrière l’argument de l’information et de la prévention. « Au final, souffle un élu (LR), écœuré, en termes de prévention contre le Sida, on trouve surtout des capotes usagées le dimanche matin »…

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La Mairie de Paris y tient un stand, et la Région Ile de France finance le festival à hauteur de 800.000 euros. Si l’objectif est louable, les moyens le sont beaucoup moins. Après une visite du festival l’impression est de faire face à des pompiers pyromanes.

En dehors de la programmation artistique qui « envoie du très, très lourd », il est annoncé 5 bonnes raisons de venir à Solidays dont la découverte de l’exposition « Sex in the City », où « la sexualité se dévoile sous toutes ses formes et sans tabou », la visite de « Happy Sex », avec la dernière bande dessinée de Zep, puis de vivre un moment pas comme les autres lors de la Color Party. L’endroit branché est la « messe des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence », dans ce parcours.

Sur l’hippodrome de Longchamp où se tient le festival, le village réunit des acteurs impliqués dans le combat contre le sida, ou dans l’action humanitaire et militante. On y trouve Act-up, SOS Homophobie, l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, SOS Racisme, SOS Méditerranée, Amnesty international, Greenpeace, la LICRA, Paris Gay Games…mais aussi Humanité et Inclusion ou la Croix Rouge. L’ancrage politique est majoritairement clair.

A l’exposition « Sex in the City » on peut y voir beaucoup de très jeunes. Il n’y a pas de contrôle à l’entrée sur l’âge des visiteurs. Une fois dans la maison des « petits cochons », on y trouve des photos pornographiques, on peut imaginer son propre scénario de rencontre, passer devant les tableaux de sex-toys, se renseigner au bar coquin, recevoir des leçons d’anatomie approfondies, définir les risques en fonction de ses pratiques (l’inventaire est probablement complet) et remplir un questionnaire pédagogique. L’exposition a notamment eu le soutien des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, groupe radical militant LGBTQI.

Sur le stand Ile de France, un des slogans est « Play it Safe », avec les mises en garde nécessaires. En face, Paris se prépare aux Gay Games 2018, avec un immense fonds de couleur Arc en Ciel « Paris est fier.e »

On trouve un peu plus loin l’exposition « Happy Sex » en plein air, avec la mention Réservé aux Adultes, et en « même temps » sans aucun contrôle d’accès. 30 grandes planches veulent exprimer humoristiquement la jouissance dans un inventaire des différentes pratiques et positions possibles. Les planches peuvent être sexistes et méprisantes pour les femmes. On y voit sur la planche « Dialectique » « Salope, chienne, tu aimes cà » ou bien, « je te casse le cul coquine ». Un peu plus loin dans « Dactylojob » on y voit la pratique de la fellation au bureau ; « Quel talent Marie-Pierre !». Est-ce bien raisonnable de vouloir lutter contre le sexisme et contre les violences faites aux femmes, une des priorités de la Région Ile de France, et de laisser communiquer ainsi de tels messages ? Le combat contre la pornographie fait de tels ravages, qu’il doit devenir un enjeu prioritaire.

Pour conclure une visite du festival où l’on trouve aussi une ambiance de fête foraine au demeurant sympathique, le visiteur pourra assister à la « messe des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence » sous le Dôme. Les « sœurs » des militantes ne donnent pas dans le détail. Elles sont à la fois « chanteuses, bonnes sœurs et putains ». Ils/Elles se qualifient de « folles radicales, pour la joie du cul », portent des tenues provocantes et tournent en dérision la religion. La liberté d’expression existe, mais à partir de quel seuil cela devient–il de la Christianophobie ? Si c’était de l’islamophobie, tous les acteurs militants présents sur le village auraient fait depuis longtemps le JT du 20h. Au-delà de la vulgarité du spectacle, dans lequel l’on peut voir simulé les exercices pratiques de sexualités diverses, on y entend des messages politiques fort clairs qui soulèvent l’enthousiasme avec des poings levés. Discours pro-migrants, critiques des cathos et du pape, « le monde en rose et bleu, on s’en bat les couilles », discours pro-genre, ou pour la dépénalisation du cannabis. Ils/Elles défendent tous les exclus- (qui peut être contre ?) et les anarchistes et sont là pour « abolir le capitalisme, les prisons et les frontières ».

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