La défense du latin version européenne!

Aujourd’hui le latin a pratiquement disparu de l’école française. Il n’y a plus désormais qu’une présence résiduelle et presque uniquement symbolique. Il est vrai que c’était une discipline considérée comme horriblement élitiste, qu’on accusait de servir essentiellement à une discrimination sournoise au bénéfice des classes socialement favorisées et au détriment des enfants de prolétaires ! Or, le voici, ce latin, qui réapparaît en des endroits incongrus, où l’on ne l’aurait jamais attendu.

J’en ai fait l’expérience tout à l’heure sur le port du Palais, le chef-lieu de Belle-Ile-en-Mer (Morbihan) où j’ai pris mes quartiers d’été. Sur le bord du quai, chaque matin, l’un ou l’autre des marins pêcheurs du coin dresse son petit étal afin d’écouler, sans intermédiaire, le produit de sa propre pêche. Ce qu’ils nous proposent, ce sont un ou deux articles, parfois trois, en tout cas uniquement ce qu’ils ont eux-mêmes sorti de l’eau. J’avais une envie d’araignée et, ça tombait bien, David en avait justement tout un stock. Il avait mis également sur son étal des pétoncles et, comme cela faisait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion d’en manger, j’en ai profité pour acquérir aussi auprès de lui un lot de ces délicieux bivalves.

Pendant que David me sert, je m’avise que, sur les ardoises, il a inscrit non seulement le nom usuel du produit qu’il propose, celui que tout le monde connaît : « araignées », « pétoncles », et son prix de vente, mais également le nom scientifique en latin de celui-ci : « maja squinado » pour les araignées et « aequipecten opercularis » pour les pétoncles. Pour mettre en valeur les dispositions primesautières de mon esprit et faire un peu le malin, je dis à mon pêcheur en rigolant : « Dites donc ! Chez vous, c’est vraiment chic et ça en impose ! Un peu de latin, en effet, ça ne peut qu’impressionner favorablement le client… » Et lui : « Mais vous n’y êtes pas du tout. Si je fais cela, c’est pas pour frimer, c’est parce que c’est maintenant obligatoire. Je suis bien payé pour le savoir, vu qu’il y a un an, pour ne pas l’avoir fait, les gendarmes maritimes n’ont pas hésité à m’infliger une amende de 650 euros ! »

En entendant cela, je « tombe sur le cul » et ma bonne humeur a vite fait de se métamorphoser en indignation scandalisée, presque en colère. Comment, notre belle république, si laxiste dans tant de domaines, oui, celle-là même qui, dans les banlieues de l’immigration par exemple, capitule si facilement devant les exactions délictueuses de la racaille qu’elle renonce lâchement à sanctionner, se permet de venir persécuter, sous des prétextes aussi futiles que dérisoires, un honnête travailleur de la mer qui ne fait de mal à personne, quelqu’un que personne ne peut décemment soupçonner de chercher à frauder ou à escroquer qui que ce soit ! Dans quel étrange pays décidément vivons-nous !

Et pourquoi donc s’en prendre uniquement à ces malheureux pêcheurs ? Pendant que nous y sommes, pourquoi ne pas imposer également aux horticulteurs et aux marchands de légumes d’inscrire sur leurs ardoises, devant leurs laitues, « lactuca sativa », ou, devant leurs carottes, « daucus carota » ? Et, s’il serait bien trop ridicule d’exiger des bouchers qu’eux aussi identifient les animaux dont ils mettent la viande en vente par des étiquettes en latin : « bos taurus », « sus scrofa » ou « ovis aries », il serait par contre fort utile qu’on les obligeât à nous indiquer selon quel mode d’abattage lesdits animaux auront été mis à mort. Pour le consommateur, en effet, cela présenterait un immense et double avantage : lui permettre d’éviter d’acheter à son insu de la viande hallal, une viande, on le sait, dangereuse d’un point de vue sanitaire car susceptible d’avoir été contaminée par les germes potentiellement pathogènes d’Escherichia coli , et d’avoir à subventionner, sans le vouloir et sans même le savoir, le culte islamique dont il n’a rien à fiche !

 

André Pouchet – Présent

Related Articles