Viktor Orbán est à nouveau attaqué par l’UE alors que même le FMI reconnaît la réussite de sa politique économique « populiste »

Certes, ce n’est pas sur les décisions économiques du gouvernement hongrois que la Commission européenne et certains eurodéputés, dont le très gauchiste Martin Schulz, président du Parlement européen, portent leurs nouvelles attaques. En effet, Viktor Orbán a osé dire la semaine dernière que la question de la peine de mort devait rester ouverte et il multiplie aussi les déclarations contre la politique d’immigration de masse des pays de l’UE et des élites bruxelloises. Le Fidesz menace aujourd’hui de changer ses lois pour permettre l’expulsion immédiate des migrants clandestins pris en train de franchir illégalement la frontière, que cela plaise ou non à l’Europe. Quelle horreur, n’est-ce pas ? Cela fait d’ailleurs longtemps que Viktor Orbán affirme que la réponse au déficit démographique de notre continent doit être une politique familiale forte et non pas l’immigration de personnes de culture et de langue étrangère. L’emballement de l’invasion-colonisation de l’Europe chrétienne et laïque par des populations majoritairement musulmanes originaires d’Afrique et du Moyen-Orient, et aussi, dans le cas de la Hongrie, originaires du Kosovo musulman, lui donne aujourd’hui raison et, si l’UE ne peut coordonner une surveillance efficace des frontières, il faudra bien que les États membres prennent des mesures fortes eux-mêmes, fussent-elles en violation des traités et du droit européens.

Mais ce qui doit irriter le plus les élites politiques européennes, c’est sans doute le succès des politiques économiques mises en place par le gouvernement de Viktor Orbán car ces élites ne s’étaient pas privées de critiquer les mesures prises ou, dans le meilleur des cas, de les taxer de « populistes » et dangereuses pour la Hongrie, en nous annonçant une fuite des investisseurs qui n’est jamais survenue. Le succès des réformes hongroises est d’autant plus agaçant, voire dangereux, pour les gouvernements UMPS et consorts du continent qu’elles présentent certaines similitudes avec le programme économique du Front national français, lui-même taxé de populiste et de dangereux pour l’économie française.

Ainsi, comme le souhaite le FN pour la France, le Fidesz a parié sur la réindustrialisation du pays pour lutter contre le chômage. Et ce sont les PME, généralement hongroises, qui ont été favorisées par rapport aux grands groupes généralement étrangers. Tandis que la fiscalité était allégée pour les PME, les grosses sociétés du secteur de la grande distribution, de l’énergie, des télécommunications et des banques ont été mises à contribution pour réduire les déficits publics avec une taxation supplémentaire de crise. Une nouvelle taxe sur la publicité est elle aussi modulée de manière à désavantager les grands groupes médiatiques, souvent étrangers, par rapport aux petits médias qui sont plus souvent hongrois, ceci afin de favoriser une plus grande pluralité. Les banques ont été forcées de convertir en forints à des taux favorables pour les emprunteurs les crédits hypothécaires qui avaient été accordés en francs suisses et cela a évité à la Hongrie la grave crise des crédits hypothécaires que connaissent ses voisins d’Europe centrale et orientale où les crédits en francs suisses ont aussi connu leur moment de gloire avant que la hausse du cours du franc ne mette des millions de gens dans l’embarras. Les compagnies de gaz et d’électricité ont été forcées de baisser leurs prix, allégeant ainsi les budgets des ménages. Les aides sociales ont été réduites et remplacées par des aides en faveur des familles avec des enfants, afin de renverser la baisse désastreuse de la natalité (le taux de fécondité qui n’était plus que de 1,21 enfant par femme en 2011 !).

Toutes ces mesures « populistes » allaient à l’encontre des programmes que voulaient imposer l’UE et le FMI. Mais la Hongrie a choisi en septembre 2012 de se passer de l’aide de ces deux institutions. L’UE et le FMI comptaient en effet contraindre le gouvernement hongrois à supprimer sa taxe spécifique sur les banques, à réduire ses subventions pour les transports publics, à introduire une nouvelle taxe foncière et à réduire ses aides familiales. Tout ceci pour un prêt de 15 milliards de d’euros. « A ce prix-là […] et de cette façon, c’est non. Nous n’avons pas besoin d’une garantie financière », avait alors signifié Viktor Orbán.

Pourtant le Fidesz, en arrivant au pouvoir en 2010, avait hérité d’une situation économique désastreuse après 8 ans de gestion d’un gouvernement de coalition entre socialistes et libéraux, et l’on craignait même pour ce pays un scénario à la grecque. Or, à la fin 2013, la Hongrie remboursait avec un trimestre d’avance la dernière tranche d’un prêt accordé par le FMI au gouvernement socialiste-libéral en 2008 et elle demandait aux « experts » du Fonds monétaire basés à Budapest de prendre leurs cliques et leurs claques. Serait-ce donc que la politique économique « nationale » et « populiste » de Viktor Orbán fonctionne ?

À en croire le rapport du FMI du 30 janvier 2015 pour la Hongrie, la réponse est oui. Je cite : « L’économie hongroise croît de manière dynamique grâce à des politiques favorables et une meilleure opinion des marchés ». Le fait est que la Hongrie a enfin renoué, en 2014, avec la croissance, avec une augmentation de 3,3 % de la richesse produite. Pour 2015, le gouvernement hongrois prévois une croissance de 3,1 % et l’agence Standard & Poor’s a revu à la hausse la semaine dernière ses prévisions de croissance à moyen terme pour la Hongrie, de 2 % à 2,5 % l’an. Le retour de la croissance est très net par rapport aux années précédentes : +1,1 % en 2013 après -1,7 % en 2012, +1,6 % en 2011 et +1,1 % en 2010 (chiffres Eurostat). Les agences de notation ont aussi amélioré leur évaluation de la dette hongroise et la Hongrie n’a plus de problème pour emprunter sur les marchés à des taux de 3,5 % pour ses obligations à 10 ans : les investisseurs n’exigent plus une prime de risque élevée pour prêter de l’argent à ce pays.

Car malgré ses politiques « populistes », Budapest maintient depuis plusieurs années ses déficits publics en dessous de la barre des 3 % et la Commission européenne a abandonné en juin 2013 sa procédure pour déficits publics. La dette publique hongroise a été stabilisée à 77-78 % du PIB malgré les baisses d’impôts (tandis que la dette publique française continue de gonfler et flirte aujourd’hui avec les 100 % du PIB dans un contexte de fortes hausses d’impôts). Quant au chômage, il est passé de plus de 11 % en 2010, à l’arrivée du Fidesz au pouvoir, à 7 % environ aujourd’hui selon les statistiques Eurostat.

L’exemple hongrois montre donc bien, et même le FMI doit le reconnaître après avoir aussi reconnu l’échec de ses programmes de redressement des comptes publics pour la Grèce, qu’une politique volontariste favorisant les petites entreprises au détriment des multinationales et tablant sur une politique familiale forte et la réindustrialisation du pays peut fonctionner.
Il faut aussi rappeler que la Hongrie ne fait pas partie de la zone euro et qu’elle n’a jusqu’à nouvel ordre aucune intention de la rejoindre, ce qui ressemble tout de même un peu au projet du FN de quitter la zone euro. Il existe toutefois une différence de taille entre la politique économique du Fidesz et le programme du FN : la Hongrie n’a pas quitté l’UE et n’a pas rétabli de droits de douane à ses frontières. Ceci dit, les attaques incessantes des dirigeants et des médias européens contre ce petit pays d’Europe centrale pourraient bien l’inciter un jour à quitter l’UE dont les velléités totalitaires et la volonté de tout normaliser lui rappelle un peu trop l’URSS. Avec l’usure du pouvoir et plusieurs affaires de corruption affectant des membres du Fidesz, la force montante en Hongrie, ce n’est pas l’opposition socialo-libertaire chère à Bruxelles, mais le parti nationaliste Jobbik.

 

Photo : Viktor Orbán, premier ministre normal et joueur de foot invétéré, avec son maillot du Real Madrid. Archives de l’Académie du football Ferenc Puskás. Tirée du livre «L’Attaquant» (Napastnik) du journaliste polonais Igor Janke.

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