Écosse : une famille nombreuse persécutée à cause de l’obésité des enfants

Dundee (Écosse). Quatre enfants sont sur le point d’être définitivement retirés d’une famille de sept enfants après que leurs parents ont échoué à maintenir leur poids sous contrôle. Les trois filles (onze ans, sept ans, un an) et le garçon (5 ans) pourraient être adoptés. Le couple avait reçu un “ultimatum draconien” il y a trois ans et a passé deux ans dans une maison surnommée “Big Brother” et subventionnée par les pouvoirs publics, deux années durant lesquelles ils ont été constamment surveillés ainsi que la nourriture qu’ils mangeaient. Malgré cela, aucune diminution du poids des enfants n’a été constatée. “Nous avons tout fait pour perdre du poids et répondre à leurs demandes” jurent pourtant le père et la mère. Les services sociaux notent quant à eux que “des rendez-vous avec la diététicienne ont été manqués”… Un seul des enfants de la famille n’est pas obèse. La situation des autres est préoccupante : à 12 ans, un garçon pesait plus de 100 kg tandis que sa sœur de 11 ans flirtait avec les 75 kg ! D’abord condamné à envoyer leurs enfants faire du foot et de la danse, le couple s’est vu retirer ses 4 enfants lorsque, 3 mois plus tard, leur poids n’avait pas changé. Direction le foyer avec droit de visite puis un appartement de deux chambres géré par le “Projet Familles” de la ville écossaise de Dundee avec un travailleur social posté en observation à l’heure des repas et l’obligation de respecter un couvre-feu strict (extinction des feux à 23h, “synchronisation” oblige).

Le couple dont le nom n’a pas été divulgué pour protéger l’anonymat des enfants n’a pourtant commis aucun délit ou crime et n’est pas accusés de cruauté délibérée ou d’abus. Leur avocat, Joe Myles, jure que la famille n’a « rien à cacher » et accuse les travailleurs sociaux de ne pas agir dans l’intérêt de la famille. Plus âgés, les trois autres rejetons du couple sont indignés : « Les travailleurs sociaux devraient rougir de honte. (…) Mes parents sont des gens biens et ils nous aiment tous. Les quatre petits ne savent pas ce qui va se passer pour eux.”

Les travailleurs sociaux se sont intéressés à la famille début 2008 après qu’un des fils a accusé son père de l’avoir frappé sur le front. En fait, il avait chuté et s’était cogné la tête sur un radiateur – un fait qu’il a admis plus tard. Toutefois, ce soupçon finalement infondé ouvrira la porte à l’enquête sur l’obésité des enfants. Les travailleurs sociaux sont également préoccupés par le fait que le dernier enfant du couple ait été trouvé en train de ramper sans surveillance… Les parents soulignent qu’ils n’ont jamais été très loin et que l’appartement avait pas d’escaliers. Les travailleurs sociaux auraient aussi surpris la petite dernière en train de mettre à la bouche des objets dangereux comme un cendrier. Ne supportant plus la pression causée par ces individus, le père, 56 ans, est parti habiter une HLM. C’est en allant le voir avec les enfants que la mère aurait omis de respecter certaines prescriptions alimentaires. Elle n’a jamais enfreint le couvre-feu mais a permis une fois à sa fille, 7 ans, de rester dormir chez son père. Selon l’avocat de la famille, les enfants veulent vivre avec leurs parents et ont été très perturbés par l’intervention des travailleurs sociaux.

« Nous avons fait tout ce qu’on nous demandait. Ma femme a cuisiné des aliments sains comme des spaghettis à la bolognaise faites maison et des émincés de pommes de terre ; nous avons supprimé certaines collations et n’avons jamais autorisé les bonbons pour les enfants le samedi. Mais rien de ce que nous avons fait n’a été suffisant” témoigne le père. Il évoque une « pression” insoutenable. “Nous avons été traités comme des enfants et coupés du monde extérieur” accuse-t-il. “Avoir à la maison un travailleur social qui vous regarde manger est intolérable”.

Certains voient dans cette histoire une violation scandaleuse des droits humains et un exemple effrayant de la puissance de l’État de s’immiscer dans la vie familiale. Fry Tam, président honoraire de la Child Growth Foundation estime que « c’est une honte. Ces parents ont clairement tenté de se conformer aux consignes du conseil municipal. Ils ont joué le jeu et les voilà de nouveau menacés de perdre leurs enfants.” Le conseil assure de son côté « [agir] toujours dans l’intérêt des enfants, ayant leur bien-être et leur sécurité à l’esprit”.

26 millions d’adultes britanniques pourraient être obèses en 2030. Selon des statistiques officielles, les personnes obèses passent 50% de temps en plus que les autres à l’hôpital.

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