Les piliers du cinéma italien menacés de disparition

Les temps sont durs pour le célèbre complexe de studios cinématographiques italiens Cinecittà. Déjà victime d’une violent incendie en août 2007 qui ravagea une partie du complexe, ce monument du cinéma est actuellement en proie à un projet immobilier visant à le démanteler pour le remplacer par un centre de fitness. Cette initiative n’est cependant pas sans susciter une forte opposition de la part de la profession du cinéma. Alerté par leur collègue italien Ettore Scola, l’ARP (Société Française des Auteurs, Réalisateurs et Producteurs) a lancé une pétition pour protester contre cette décision. Plusieurs poids lourds du cinéma français ont déjà apposé leurs signatures, notamment Claude Lelouch, Michel Hazanavicius, Constantin Costa-Gavras, Bertrand Tavernier ou Cédric Klapisch. Selon l’ARP : “Est-il urgent de détruire ce lieu inséparable du cinéma de Fellini, Visconti, Comencini, Lattuada, entre autres, pour construire un centre de fitness ? Maigrir aux dépends du patrimoine et de la culture, tout un symbole : même sous Berlusconi, ils n’avaient pas osé !”.

Rappelons que les studios de Cinecitta furant fondés en 1936-1937 sur l’initiative du régime de Mussolini en vue de concurrencer Hollywood, (la ville fut surnommée « Hollywood sur Tibre »). Elle prit tout de suite son envol, permettant la réalisation de plus de 300 films entre 1938 et 1943. Les plus grands noms du cinéma italiens viendront y travailler, Alessandro Blasetti, Luchino Visconti, Roberto Rossellini, Frederico Fellini. Le tournage de Quo Vadis en 1949 par le cinéaste américain Mervyn LeRoy ouvre les studios aux superproductions internationales : des péplums (Ben-Hur de William Wyler, Cléôpatre de Joseph Leo Manckiewicz), des westerns (Pour une poignée de dollars et Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone), des films policiers (Cadavres exquis de Francesco Rossi, Le parrain III de Francis Ford Coppola), des films historiques (Le nom de la rose de Jean-Jacques Annaud, 1900 de Bernardo Bertollucci). Le studio permet aussi bien le tournage de films d’auteurs prestigieux que d’un cinéma de genre, permettant à certains réalisateurs de s’y faire un nom (Umberto Lenzi, Antonio Margheriti, Enzo G. Castellari). Cependant, à la fin des années 1970, les concurrences conjointes du cinéma hollywoodien et de la télévision ralentissent fortement les activités des studios et l’obligent à diversifier ses activités, notamment vers la production de séries et d’émissions télévisées. Cinecittà a également accueilli l’Eurovision 1991 en lieu et place de San Remo initialement prévu et finalement abandonné à cause d’une affaire de corruption. Récemment encore, les studios avaient accueilli les tournages du film Gangs of New York de Martin Scorcese, d’épisodes des séries Kaamelott et Doctor Who.

Cinecittà peut donc bien être considéré comme un pilier du septième art italien et même mondial.

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