Le gouvernement irlandais souhaite autoriser l’avortement lorsqu’une femme enceinte menace de se suicider

Le gouvernement irlandais s’apprête à modifier la loi sur l’avortement en formalisant les conditions dans lesquelles les risques pour la vie de la femme enceinte autorisent les médecins à procéder à un avortement. Le droit irlandais autorise déjà l’avortement lorsque la grossesse met les jours d’une femme en danger depuis que la Cour suprême du pays en a décidé ainsi dans un jugement rendu en 1992. Aucun gouvernement n’avait néanmoins voulu légiférer sur le sujet depuis ce jugement par peur des réactions des électeurs qui sont en Irlande très majoritairement opposés à toute légalisation de l’interruption volontaire de grossesse. Le projet de loi irlandais ne ferait sans doute pas polémique s’il ne prévoyait pas, parmi les risques mortels pour la femme enceinte, sa volonté déclarée de se suicider en cas de refus des médecins de tuer l’enfant qu’elle porte.

C’est justement sur un cas de ce type que la Cour suprême irlandaise s’était prononcée en 1992 et les juges étaient allés très loin dans l’interprétation de la constitution irlandaise en affirmant qu’une femme qui menace de se suicider doit pouvoir subir un avortement si elle le demande. Le gouvernement de la coalition du Fine Gael et des Travaillistes dirigé par le premier ministre Enda Kenny souhaite donc qu’une femme puisse se faire avorter si son obstétricien et deux psychologues sont d’avis que le risque de suicide induit par la grossesse est important. C’est à cause de cette condition que l’Église catholique irlandaise s’oppose très fortement au projet de loi Protection of Life during Pregnancy Bill 2013 (« projet de loi sur la protection de la vie pendant la grossesse 2013 »), de même que l’aile conservatrice du Fine Gael même si le gouvernement entend imposer la discipline de parti lors du vote au parlement irlandais prévu en juillet.

La modification du droit irlandais sur l’avortement est voulue par les associations pro-avortement irlandaises et aussi par la Cour européenne des droits de l’homme qui a demandé à l’Irlande de légiférer pour préciser les conditions dans lesquelles l’avortement doit être accessible si la grossesse représente un risque pour la vie de la femme enceinte. Les milieux pro-avortement ont exploité sans scrupule la mort tragique de Savita Halappanavar en octobre 2012 alors même que le rapport d’enquête sur le cas de cette Indienne de 31 ans résidant en Irlande a montré que l’issue tragique de sa septicémie a été la conséquence d’erreurs médicales et non pas d’un refus d’IVG (lire à ce propos l’excellent article de Jeanne Smits sur le site Riposte catholique).

Permettre un accès à l’avortement en cas de « risque de suicide », c’est bien évidemment ouvrir une brèche importante dans la protection du droit à la vie de chaque personne de sa conception à sa mort naturelle. L’exemple espagnol a déjà montré à l’échelle européenne à quelles dérives morbides peut entraîner la reconnaissance d’un risque de la grossesse pour la santé mentale de la mère. Ce pays, avant la légalisation officielle de l’avortement que le gouvernement socialiste de Zapatero a fait voter, avait quelque cent mille avortements légaux par an, parmi lesquels les plus tardifs d’Europe. Alors que l’Espagne interdisait officiellement l’avortement « à la demande », des femmes enceintes venaient de pays comme la France pour se faire avorter dans les cliniques privées espagnoles quand elles avaient dépassé le délai légal dans leur pays d’origine. Ce sont les scandales liés à ces avortements tardifs qui ont permis à Zapatero d’imposer à l’Espagne la légalisation de l’avortement. Une légalisation sur laquelle le gouvernement espagnol actuel, dirigé par Mariano Rajoy, compte revenir. Le projet de loi qui sera présenté au parlement n’étant toujours pas arrêté, il faut espérer que contrairement au gouvernement irlandais le gouvernement espagnol ne va pas chercher à autoriser l’avortement en cas de danger pour la santé mentale ou de risque de suicide de la femme enceinte.

Photo de couverture extraite du film « De la conception à la naissance »

Lire aussi :
> L’Irlande pourrait libéraliser sa loi anti-avortement sous la pression de simples conjectures médiatiques
> Les Irlandais massivement « pro-vie »
> Comment le Conseil de l’Europe impose l’avortement à l’Irlande et à la Pologne

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8 Comments

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  • Paul-Emic , 14 mai 2013 @ 12 h 01 min

    c’est le vieux chantage qu’on nous a fait en 74 qu’on ressert aux Irlandais.
    je suppose qu’il y aura des lettres pré-remplies revendiquant le suicide à l’entrée des avortoirs où il ne restera plus qu’à compléter le nom pour que l’affaire soit emballée.
    A chaque pays ses artefacts.

  • François desvignes , 14 mai 2013 @ 13 h 49 min

    je suis d’accord !

    A une seule condition : les actes thérapeuthiques directs et indirects de l’avortement , s’agissant d’une exception au Serment d’Hypocrate, doivent être essentiellement gratuits (comprenez non facturables et non pas remboursables)

    D’ailleurs , la gratuité de cet acte devrait être imposée sous peine de radiation définitive à l’ensemble du corps médical dans tous les pays, puisqu’ils ont fait serment de sauver la vie et non de la détruire.

    L’acte étant alors dépourvu de tout avantage pécuniaire, l’ensemble de la profession ne manquera pas d’invoquer “sa clause de conscience” en bons hypocrites qu’ils seront restés, mais au moins les enfants seront nés, et plutôt contents de l’être.

  • Câlinou , 14 mai 2013 @ 19 h 57 min

    Si on les tient par le portefeuille qu’ils ont tout près du coeur, les avorteurs deviendront soudain vertueux.

  • anonyme , 14 mai 2013 @ 22 h 59 min

    Même offensive en même temps dans tous les pays chrétiens et rien qu’eux comme par hasard ( et après l’on se moque des complotistes). Comme il est inconcevable de légaliser l’avortement en Irlande de la même manière qu”en France par exemple, on évoque le risque de suicide. Mais si le but est de sauver la vie de la mère, alors il faut autoriser l’avortement jusqu’à quelques heures avant la naissance pour “sauver la vie de la mère”, non ?

  • Olizefly , 15 mai 2013 @ 9 h 02 min

    Et même pourquoi pas jusqu’à la majorité de l’enfant ?

  • Paul-Emic , 15 mai 2013 @ 9 h 09 min

    Vous me l’avez soufflé Olizefly, pourquoi pas en effet et quand on voit les peines appliquées aux “congélatrices” on peut penser qu’on en prend le chemin.

  • samovar , 15 mai 2013 @ 22 h 15 min

    Effectivement Paul-Emic la légalisation de l’avortement ouvre la voie à la “non pénalisation” de l’infanticide, puis au droit à l’infanticide pour convenance personnelle ! C’est d’ailleurs le cheminement qu’a eu le droit à l’avortement qui n’était au début qu’une dépénalisation.
    C’est vraiment à vomir !

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