En Pologne, le PiS envisage toujours d’interdire l’avortement pour cause de trisomie 21

plakat_podpisy-reduitInterrogé par l’agence de presse polonaise (PAP), le président du parti Droit et Justice (PiS) Jarosław Kaczyński a indiqué que son parti ne renonçait pas à une meilleure protection des enfants conçus lorsqu’ils sont touchés par des malformations ou maladies graves ou incurables ou par des problèmes génétiques comme la trisomie 21.

PAP : Après le vote, des voix se sont élevées, notamment dans les milieux conservateurs, pour dire qu’en votant pour le rejet du projet de « Stop aborcji » (Stop à l’avortement), le PiS avait renoncé à ses idéaux de droite.

Jarosław Kaczyński : Ce n’est pas le cas. Nous allons chercher à faire en sorte qu’il y ait beaucoup moins d’avortements en Pologne qu’il n’y en a aujourd’hui. La question des solutions juridiques reste à l’étude à différents niveaux, peut-être même dans le cadre de la loi actuelle, en ce qui concerne l’avortement motivé par l’état du fœtus, et en particulier en cas de trisomie 21. Actuellement, il y a environ un millier d’avortements légaux par an, et la très grosse majorité de ces avortements sont motivés par la trisomie 21. Nous espérons que cela n’existera bientôt plus, et c’est le but que nous nous donnons. Il faut cependant bien préparer ce changement, il faut aussi convaincre la société, et en particulier les femmes, et c’est ce que nous allons faire.

PAP : Vous n’excluez donc pas un amendement à la loi actuelle sur l’avortement, en ce qui concerne les questions eugéniques ?

Jarosław Kaczyński : Je ne l’exclus pas mais, je le répète, ceci doit bien préparé. Par contre, j’exclus bien entendu l’adoption des solutions qui se trouvaient dans la loi d’Ordo Iuris [le projet de loi citoyen, ndlr] – je parle ici en mon nom – parce qu’elles sont contraires à ma conscience. Mais nous allons chercher à faire que même les cas très difficiles, quand l’enfant est condamné à mourir, victime de graves malformations, la grossesse soit menée à terme, pour que l’enfant puisse être baptisé, enterré, qu’il ait un prénom. Nous voulons que ce soit rendu possible grâce à une aide réelle qui sera apportée y compris avec des fonds publics. Il s’agit bien sûr uniquement des cas de grossesses difficiles où la vie et la santé de la mère ne sont pas menacées. Nous allons développer toutes ces institutions, comme les centres de soins palliatifs prénataux, qui sont aujourd’hui gérées par des ONG, et nous allons chercher à faire en sorte que la femme qui se trouvera dans une telle situation reçoive une aide substantielle. Ceci peut concerner les grossesses qui sont le fruit d’un délit, mais ici aussi il ne peut bien entendu y avoir de contrainte. On ne peut qu’utiliser la persuasion, et ce avec tact, sans pression.

 

Ainsi, le leader du PiS, parti qui gouverne avec la majorité absolue depuis l’automne dernier, affirme que son parti envisage toujours une interdiction des avortements motivés par la trisomie 21 de l’enfant et voudrait que tout soit fait pour qu’une femme enceinte d’un enfant victime d’une malformation ou maladie incompatible avec la vie ou enceinte à la suite d’un viol puisse mener sa grossesse à terme, sans qu’il soit toutefois question de contrainte dans ce cas-là. Ceci n’a pas empêché les médias libertaires polonais d’affirmer que Jarosław Kaczyński voulait interdire l’avortement en cas de graves malformations du fœtus ni les féministes d’extrême gauche d’organiser une manifestation de dernière minute qui a rassemblé une centaine de personnes hier devant la maison du président du PiS. Une manifestation caractérisée par la même vulgarité que les « marches noires » qui avaient précédé le rejet du projet de loi citoyen présenté par Ordo Juris.

 

 

Lire aussi :

La Pologne renonce pour le moment à interdire les avortements eugéniques mais promet de nouvelles mesures pour les enfants concernés

La fronde violente contre l’interdiction de l’avortement en Pologne aurait été orchestrée et financée de l’étranger (Réinformation TV)

Interview exclusive du professeur Bogdan Chazan pour Présent et Nouvelles de France (août 2014) alors qu’il était attaqué en Pologne pour ses prises de position contre les avortements eugéniques

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