L’Espagne s’effondre, l’Europe s’enfonce, la France se repent

Tribune libre

Je l’avais dit et d’autres avec moi : Hollande, n’ayant aucune marge de manœuvre sur le plan économique, se fait fort d’alimenter l’actualité de bidouillages sociétaux ou de déclarations humides d’émotion. Après le mariage gay et l’euthanasie, on aborde à présent la saine et nécessaire repentance de tout un peuple partagé entre le désir de fuir ses heures les plus sombres et celui de s’y baigner avec délice. Pendant ce temps, l’Histoire avance, et pas dans le bon sens.

C’est à l’occasion de la commémoration de la rafle du vélodrome d’Hiver en juillet 1942, il y a 70 ans, que ce qui semble être actuellement le Président de la République a déclaré que cette rafle fut un crime commis en France par la France, et « ce fut aussi un crime contre la France, une trahison de ses valeurs. Ces mêmes valeurs que la Résistance, la France libre, les Justes surent incarner dans l’honneur ». Cette extraordinaire déclaration de Hollande a provoqué un peu de brouhaha dans les médias, je suppose stupéfaits d’apprendre cette position vraiment courageuse contre l’antisémitisme. La maladie et la guerre viendront dans les prochains discours, soyez rassurés, et son opposition ferme à la mort — sauf celle donnée dans un cadre médicalement assisté, bien sûr — sera rappelée lors de la Toussaint, je présume.

Quel délice d’apprendre que toute la France se retrouve ainsi derrière son chef pour battre sa coulpe ! Quelle joie de voir tous ces articles de presse enflammés qui relatent la brillante intervention du dessert laitier ! Et surtout, quel plaisir de constater que pas une petite voix ne semble s’élever pour dire quelques trucs pourtant simples : comment les gens qui ont maintenant moins de 70 ans peuvent se sentir responsables, d’une façon ou d’une autre, de ces agissements, aussi scandaleux soient-ils ? Par extension, ce serait exactement comme reprocher les abominations nazies aux Allemands de moins de 70 ans… Mieux : pourquoi Hollande est-il aussi prompt à casser du sucre sur le dos d’une pauvre France qui n’en peut plus mais, alors qu’à bien y réfléchir et à bien lire son discours pourtant sans ambiguïté à ce sujet, ce ne sont pas les Français qui furent impliqués dans cette histoire, mais des fonctionnaires français, d’une part (ce qui est très différent) et surtout, l’État français en premier et avant tout le reste ?

Comment, en tant que président, peut-on tenter de faire croire qu’on représente La France, toute la France, alors qu’il ne représente lui-même, au mieux, qu’un quart des citoyens, et, dans toute l’acceptation du terme de « Président de la République », seulement l’État français et pas le pays ? Eh oui, François : tu n’es pas roi, tu es seulement le premier commis de l’État français et de sa république.

Bref, je le dis ici puisqu’on le lira peu ailleurs : je ne me sens en rien concerné par les agissements d’un gouvernement d’il y a 70 ans, gouvernement qui était sous domination, qui a fait agir ses fonctionnaires (probablement tous morts à l’heure qu’il est) pour son bénéfice bien compris, et qui a ainsi monté une partie des Français contre d’autres Français. Je n’ai pas, comme toute les générations nées après ces faits, à me repentir d’agissements qui furent, de façon claire, le fait de ces éternels thuriféraires de l’action de l’État, dans lesquels ni mes parents, ni les leurs ne furent mêlés. Je déplore bien sûr le sort de ceux qui eurent à subir la botte totalitaire, mais tout comme je déplore celui de ces générations d’individus actuellement foulées au pied par les administrations du pays qui m’a vu naître et dont, en pratique, ces fonctionnaires zélés (à commencer par ce pachyderme mou de Hollande) n’ont absolument rien à foutre encore aujourd’hui. Non, Monsieur Flanby de la République, ce n’est pas la France qui a commis un crime. C’est l’État français, sa République, le gouvernement de Vichy, et l’ensemble de l’appareil d’état de l’époque (dans lequel on trouvait d’ailleurs un de ses futurs présidents) !

Et ce qui m’agace au plus haut point dans cette déclaration parfaitement artificielle d’un type dont tout montre qu’il ne fait qu’occuper le terrain poussiéreux de sa propre médiatisation, c’est que ce beau discours vient ajouter quelques wagons au train déjà fort long des auto-flagellations plus ou moins ridicules qu’on fait porter au pays, et il permet à la presse de ne surtout pas regarder ce qui se passe autour de nous, autrement plus significatif pour les individus d’ici et maintenant.

Et dans l’actualité, il y a pourtant de quoi faire.

On n’est ainsi qu’à moitié surpris de voir qu’un ancien fonctionnaire du FMI avoue ouvertement son dégoût du biais bien trop-pro-européen du Fonds, et de l’incompétence qui en résulte. Comment ? Le FMI soutiendrait les petites expériences d’imprimerie créative de la BCE ? Comment, ce serait la même coterie de brigands et de profiteurs qui sévirait en haut des hiérarchies européennes et du FMI ? Non, sans blague !

Et quand je parle de « coterie de brigands », il n’est qu’à lire les récentes déclarations de Mario Draghi, le patron de l’imprimerie d’art BCE & Fils, pour s’en convaincre :

« C’est méconnaître le capital politique que nos dirigeants ont investi dans cette union et le soutien des Européens. L’euro est irréversible. »

Et si l’on décode ceci, cela veut dire que malgré les évidentes erreurs de conceptions de la monnaie unique, malgré l’insouciance décontractée de tous les dirigeants européens face à la dette publique des États dont ils ont la charge, malgré les tensions toujours plus grandes dans la zone euro, malgré la grogne toujours plus forte des peuples eux-mêmes et malgré l’évidente et monstrueuse ardoise qu’on va laisser auxgénérations futures, l’euro devra perdurer, vaille que vaille, et surtout, coûte que coûte : la monnaie unique est irréversible comme le sont jusqu’à présent la marche du temps, les impôts et la mort. Et quand Draghi explique cela aussi clairement, il n’y a pas le moindre remord, la moindre repentance.

Repentance qu’on ne retrouve pas non plus lorsqu’on voit l’état dans lequel se trouve maintenant l’Espagne qui, finalement, suit la Grèce de quelques mois et qui n’aurait qu’une quarantaine de jours avant une faillite complète. Et pourquoi y en aurait-il, du reste ? Après tout, il est parfaitement normal d’accumuler de la dette publique, non ? Après tout, il est aussi parfaitement normal de subventionner jusqu’au point de non-retour des secteurs économiques que l’État décide unilatéralement comme dans le besoin, n’est-ce pas ? Et puis après tout, lorsqu’il s’agit, au pied du mur, de couper enfin drastiquement dans les dépenses et qu’on se contente d’accroître les impôts en faisant des aménagements à la marge, n’est-ce pas une bonne chose avec laquelle on peut vivre sans plus s’en soucier ? Repentance ? Allons ! C’est pour les autres !

En plus, l’Espagne a été prise en traître, c’est évident ! Les politiciens ne s’attendaient vraiment pas à devoir lutter, pied à pied, avec un marché particulièrement chafouin. Et lorsque, un petit matin, les taux sont devenus subitement insoutenables, on comprend que la panique s’est ajouté à l’impréparation logique devant un événement aussi soudain.

A l’évidence, tout le monde a fait ce qu’il aurait dû faire. De même qu’en France, actuellement, l’État fait lui aussi tout ce qu’il doit, et coupe drastiquement dans ses budgets pour rétrécir son empreinte sur une économie exsangue et asphyxiée qui réclame, de plus en plus faiblement, l’air pour respirer. Alors, la repentance, c’est bien joli, mais ce sera pour les choses vraiment indispensables ici et maintenant, vous voulez bien !

D’ailleurs, si avec tout ça, l’Europe s’effondre, Hollande battra-t-il sa coulpe ? Fera-t-il repentance d’avoir persisté à fourrer le pays dans l’ornière, lui et toute la clique de parasites qui se sont succédé aux commandes sur les 40 dernières années ? Allons. Parions que non.

Se repentir pour des choses qui ne coûtent rien, c’est bien plus facile que d’admettre s’être, personnellement, fourvoyé dans des proportions criminelles.

> h16 anime le blog hashtable.

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10 Comments

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  • 0 / 10
  • Yohann , 25 juillet 2012 @ 16 h 00 min

    Merci, merci pour cet article, vous avez écrit ce que nous pensons, il faudra plus de gens comme vous , pour nous informer et écrire plus souvent des articles de ce genre.
    Félicitations

  • Richard , 26 juillet 2012 @ 8 h 40 min

    Il faudrait que votre article soit diffusé à une plus grande échelle, ils y a beaucoup de personnes qui pensent comme vous

    Meci

  • Roger , 26 juillet 2012 @ 9 h 32 min

    Pas d’accord avec cet article. On ne peut pas sans cesse s’inscrire dans une tradition francaise millenaire, et refuser dans le meme temps den porter le poids et la responsabilite quand ceux ci nous genent ou nous derangent. Parce que si vous considerez que la France na rien a voir avec le regime de vichy, considerez alors que la Françe na rien a voir non plus avec les gaulois ou Charle Martel.
    Cest un deux poids deux mesures insensé.

    Si vous vous reclamez de l’histoire de France, vous la prenez en entier sans en choisir les periodes qui vous conviennent. Et le vel dhiv en fait integralement partie au meme titre que la Resistance, que ca vous plaise ou non. A vous, a nous de lassumer.

  • Bernard , 26 juillet 2012 @ 14 h 52 min

    Entièrement d’accord

  • Christiane Lapotre , 26 juillet 2012 @ 17 h 06 min

    Pëndant combien de temps allons-nous parler des événements du Vel d’Hiv ? Je suis née bien après la deuxième guerre mondiale et pourtant je n’accuse en rien le gouvernement de Vichy. Le vieux maréchal a pris les commandes dans un pays vaincu et occupé. Il a fait ce qu’il a pu pour épargner la France et les Français, il n’y a rien à lui reprocher. Seulement il a irrité la Franc-Maçonnerie au plus haut point en laissant de côté le fameux ” Liberté,Egalité,Fraternité” pour le remplacer par : ” Travail, Famille, Patrie”. Si les différents hommes d’ Etat qui se sont succédé n’ont jamais voulu réhabiliter le Maréchal, non, il vaut mieux continuer d’une part à diviser les Français, c’est plus payant au point de vue électorale et, d’autre part toute la gauche confondue et une certaine droite en prendrait un sacré coup qui les démolirait complètement. Tout en n’osant pas aller jusqu’au bout, Mitterrand a malgré tout refusé de faire le jeu du CRIF, il leur a résisté malgré la pression. D’ ailleurs, il s’est bien gardé de prendre cette gélatine visqueuse de Hollande
    comme Premier ministre. Cela suffit de continuer à plaindre ces ” pauvres juifs” quand on ne parle jamais des 100 000 morts perpétrés par le communisme. Je peux citer au moins deux témoignages en faveur du Maréchal et pas des moindres. Le premier par le Professeur Harry Elmer Barnes, professeur d’Histoire et de gouvernement aux Etats-Unis.: “…la condamnation du Maréchal a été un crime qui pèsera encore longtemps sur les destinées de la France. Sans cette condamnation, la France réconciliée et unie serait aujourd’hui à la tête de l’ Europe”. Le deuxième par W.L. Langer, professeur d’Histoire à l’Université de Harvard : ” J’ai lu mot à mot les 400 pages du Procès Pétain au Journal Officiel….Il me parait difficile de croire que toute personne en ayant fait autant puisse considérer la condamnation du Maréchal comme autre chose qu’un verdict politique”.
    Puisque la Vérité nous rendra libres, n’hésitons pas à l’exiger, car vivre dans le mensonge
    depuis 70 ans mêne la France à sa perte.

  • Hommet , 26 juillet 2012 @ 20 h 54 min

    Raisonnement binaire :il y a les bons d’un côté et les méchants de l’autre. Avant de prendre position sur un tel sujet, il serait bon de s’informer en lisant des quantités d’ouvrages qui ont été publiés sur le sujet, écrits par des gens dignes de foi et informés. Dans tous les pays occupés le taux de mortalité de la population juive a été de 95% en France elle “n’a.été que de 25 %”. Le Maréchal Pétain a refusé cette exigence allemande de faire porter l’étoile jaune aux juifs de la zone libre. F. Hollande, par stupidité ou inculture ou plus probablement pour des raisons démagogiques, faire plaisir à Mme Merkel pourquoi pas, a proféré ce mensonge patent que l’Allemagne n’avait aucune responsabilité dans cette affaire du Vel d’hiv ! L’Allemagne nazie, en zone occupée faisait ce qu’elle voulait avec 350 000 soldats armés jusqu’aux dents, décidée à appliquer une politique de fer et ceux qui résistaient à ses ordres risquaient tout simplement la mort. On sait que lors de cette sinistre opération de nombreux policiers ont averti un très grand nombre de victimes potentielles de la rafle, a tel point que celle-ci n’est pas arrivée à la moitié de son objectif. Il est très facile dans le confort de son bureau de critiquer des gens qui eux, étaient confrontés à un choix de vie ou de mort pour leur famille et eux mêmes. Faire abstraction de cette menace c’est évidemment ne rien connaître à cette époque, en tous cas n’y avoir rien compris. Quant à Hollande, président d’un pays ou la police est priée de s’enfuir devant quelques racailles qui se sont énervées, on voit tout de suite quelle serait son attitude dans le cas d’une occupation étrangère comme celle de 39/45, prête à écraser par le fer et la feu toute résistance. Le peuple russe qui a beaucoup d’humour se racontait du temps de l’URSS cette plaisanterie ” pour tous les peuple de la terre c’est l’avenir est imprévisible, mais chez nous c’est le passé !” Avec Hollande et de nombreux autres instrumentalisateurs de l’histoire on va pouvoir dire la même chose.

  • Hommet , 26 juillet 2012 @ 23 h 35 min

    Simple correction Le communisme n’a pas fait 100 000 morts mais sans connaître les chiffres chinois notamment ceux de la révolution culturelle le bilan serait d’environ 100 000 000 de morts, les trois zéros manquants méritent d’être signalés. Autre témoignage, celui d’Annie Kriegel, brillante historienne juive et communiste repentie qui a déclaré ” Le Maréchal Pétain à eu une action probablement plus positive pour les juifs de France qu’elle ne l’a été pour la France en général”.
    Il existe une série d’ouvrages qui ont été écrits par le Général Jacques Le Groignec qui a combattu héroïquement à bord d’avions de chasse pendant la guerre 39/45 dans le cadre de l’Armée d’Afrique, celle que reconstituait hors du regard allemand le général Weigand afin qu’elle reprenne le combat lorsqu’un équilibre aurait été reconstitué grâce aux forces alliées.. Entré à l’école de l’Air en 1937, le Général Le Grognec a participé à tous les conflits majeurs dans lesquels France est engagée à partir de 1939. Commandant d’escadrille, puis d’escadron et d’escadre de chasse. Il poursuit, à la sortie de l”Ecole de Guerre, une carrière opérationnelle. Après avoir dirigé pendant trois ans les études du Centre des Hautes études militaires (CHEM), il est nommé en 1970 général de corps aérien et membre du conseil supérieur de l’Air . Il achève sa carrière active en 1974 au poste de commandant de la Défense aérienne. Il a vu, lui de face, en l’air et avec volonté d’éradication, les avions à croix gammées. Il a eu en 1991 le Prix des Intellectuels indépendants et l’un de ses derniers ouvrages Pétain et le Allemands a été qualifié par Jean Guitton de l’Académie française d”Admirable ouvrage”. Cet ouvrage (et il en existe bien d’autres remet à l’endroit une histoire travaillée dans tous les sens pour des intérêts difficiles à discerner mais qui n’ont pas grand chose à voir avec l’intérêt de la France et des Français.
    Bien entendu, on peut se contenter des “informations” du 20 heures relayant les assertions d’un capitaine de pédalo.

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