Pourquoi je ne voterai pas pour Nicolas Sarkozy le 6 mai

Tribune libre de Roman Bernard*

Roman Bernard

À force de se focaliser sur le scrutin de dimanche, on en oublierait presque qu’il s’est écoulé cinq ans depuis la dernière élection présidentielle. Cinq années au cours desquelles on aura pu se faire une idée précise de Nicolas Sarkozy, de l’homme, du Président, au cas où les cinq années précédentes (2002-2007) passées au ministère de l’Intérieur, à Bercy et/ou à la présidence de l’UMP n’auraient pas suffi.

Pour moi qui ai voté aux deux tours pour Sarkozy en 2007, les cinq années qui s’achèvent ont été riches d’enseignements. Très rapidement, j’ai pu constater que les espoirs que j’avais nourris pour la « rupture » annoncée étaient infondés.

Dès août 2007, j’ai écrit que Nicolas Sarkozy n’était pas « l’homme de la situation », qu’il était « condamné à l’échec, obsédé qu’il est par sa présence dans les médias, sa cote de popularité et les résultats à court terme ». En 2009, je confirmais ce jugement, notant que « deux ans après son élection, l’action de Sarkozy apparaît proprement illisible ».

Trois ans plus tard, et cinq ans après son installation à l’Élysée, j’aurais du mal à infirmer ce dernier jugement : c’est l’intégralité du quinquennat de Sarkozy qui est illisible. On sait bien que l’homme a beaucoup bougé, qu’il a beaucoup parlé et fait parler de lui, mais qui serait capable de dresser un bilan synthétique et le plus exhaustif possible du mandat sarkozyen ?

Celui qui s’y essaierait aurait de fortes chances d’être proprement écœuré par le flot de vidéos, d’extraits audio, de dépêches AFP, d’articles, d’interviews et de retranscriptions de discours qu’il lui faudrait ingurgiter pour conclure que… l’on ne peut pas conclure. La présidence de Sarkozy n’est pas résumable, car tout et son contraire a été dit, sans que rien de concret ne soit fait. Qui se souvient de la « politique de civilisation » lancée en janvier 2008 ?

La campagne électorale permanente de Nicolas Sarkozy, sans cesse en train de préparer l’élection intermédiaire suivante pour faire oublier l’échec à la précédente, a été le plus sûr moyen de ne pas agir. Et de trahir ses électeurs de 2007, qui attendaient de lui des réformes.

Car Sarkozy, bien qu’il n’ait jamais revendiqué cette étiquette et que son programme de 2007 fût resté assez flou, a été élu à mon sens parce que ses électeurs attendaient de lui une politique à la fois libérale et conservatrice : moins d’État, plus de liberté, d’une part ; plus d’ordre, moins de décadence, d’autre part. Cette attente était sans doute excessive de la part de ses électeurs, même dans le cas où Sarkozy se serait montré digne de leur confiance. Le président de la République ne peut pas tout.

Néanmoins, on aurait pu attendre de Sarkozy qu’il respecte a minima le mandat implicite que lui avaient donné ses électeurs.

Les dépenses publiques, les impôts ont-ils baissé sous Sarkozy ? Non, ils ont augmenté, en dépit de la promesse qui avait été faite par le candidat de l’UMP, en 2007, de ne pas alourdir la charge fiscale. L’alibi à cette trahison est tout trouvé : la crise. Comme ni Sarkozy, ni l’UMP, n’ont jamais pris au sérieux la bataille des idées, ils se sont laissé imposer en septembre 2008 l’interprétation selon laquelle la crise des subprime et ses répercussions en cascades nécessitaient un « retour de l’État », comme si celui-ci était parti un jour.

Alors que la science économique véritable enseignait que la crise financière était la conséquence de la création monétaire excessive par les banques centrales, contrôlées par le politique. Et donc que le remède résidait dans moins d’intervention étatique dans l’économie, et non davantage.

Sarkozy, dans son discours de Toulon, dès septembre 2008, a conclu l’inverse : la crise du keynésianisme, qu’il a jugée à tort comme celle du libéralisme, nécessitait selon lui un renforcement du poids de l’État dans l’économie, ainsi qu’un recours accru à l’endettement étatique pour financer ses largesses. Même la réforme-phare de l’été 2007, le bouclier fiscal empêchant que l’on puisse payer plus de la moitié de ses revenus en impôts directs (compte non tenu de la TVA, donc), a fini par être retirée, en 2011.

Sarkozy et l’UMP se sont tout de suite laissé imposer l’idée qu’il s’agissait d’un « cadeau aux riches », puisque la gauche prétendait que les remboursements du Trésor public aux contribuables protégés par le bouclier fiscal étaient un « don » de l’État. Dans cette inversion totale de la réalité, tout ce que l’État ne taxait pas, il le donnait ! Sarkozy n’a jamais contesté cette vision, et a donc logiquement fait retirer le bouclier fiscal. Cette capitulation idéologique en appelait d’autres.

Durant ses deux passages à l’Intérieur (2002-2004 et 2005-2007), Sarkozy s’était illustré dans la dénonciation de l’insécurité que subissent nos compatriotes. Il a, dès 2002, pris d’assaut les caméras et les micros pour mettre en scène son personnage de « premier flic de France », et préparer sa conquête de l’Élysée. Une fois celle-ci obtenue, on aurait pu penser que Sarkozy mettrait en œuvre la « rupture » qui, promettait-il, s’imposait après cinq ans d’immobilisme chiraquien. Il a ainsi fait voter une loi très controversée — à gauche — sur les peines-plancher, censée garantir qu’un multirécidiviste soit effectivement dissuadé par l’alourdissement des peines au fil de ses récidives. Pour ceux des partisans de Sarkozy qui l’ont oublié — il est difficile de se souvenir de tous les moments de la présidence sarkozyenne qui ont fait polémique — la loi sur les peines-plancher était censée constituer une révolution en matière de lutte contre l’insécurité. C’était négliger qu’une loi n’est qu’un bout de papier, tant qu’elle n’est pas appliquée dans les faits (et pas seulement dans les décrets). Aujourd’hui, un chauffard multirécidiviste peut foncer sur un groupe d’enfants pour les tuer et écoper de seulement quatorze mois de prison, alors même qu’il avait été condamné neuf fois, dont trois à de la prison avec sursis. Où était le fameux garde-fou de la peine-plancher pour que cet individu soit sous les verrous, au lieu d’être au volant d’une voiture ?

Cette politique-spectacle, qui réduit la résolution d’un problème de fond à la fabrication d’une loi après chaque fait-divers, permet également à Sarkozy d’affecter d’être ferme dans l’affaire des prières de rue. Son ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, avait affirmé qu’elles avaient disparu du territoire national en septembre 2011. La réalité montre que ce n’est pas le cas.

Je pourrais multiplier les exemples des trahisons de Sarkozy, comme la suppression des IUFM promise et finalement abandonnée. Ce serait fastidieux pour moi et ennuyeux pour le lecteur, qui ne manquerait pas de me signaler des oublis. Sarkozy a tant promis qu’il est impossible de faire un inventaire complet de ses renoncements. On peut simplement dire que, Sarkozy ayant promis les réformes, et ayant continué pendant cinq ans, malgré la nullité de son bilan, à jouer au réformateur devant les caméras de télévision, il doit être jugé sur son échec. Sans doute l’accomplissement de ses promesses ne dépendait-il pas que de lui (les syndicats, l’administration lui auront mis beaucoup de bâtons dans les roues), mais il aurait dû le dire aux Français, plutôt que de leur infliger pendant cinq longues années la mise en scène perpétuelle de son rôle de réformateur factice.

Puisque c’est sur son bilan que le président-candidat doit être jugé, Nicolas Sarkozy ne mérite pas d’être reconduit à l’Élysée. En toute logique, je ne voterai donc pas pour lui le 6 mai.

J’entends d’ici ceux qui, ayant pourtant pesté pendant cinq ans contre la présidence calamiteuse de Sarkozy, prétendent que François Hollande est « pire » que lui.

Le pire est toujours possible en politique, et je n’écarte pas a priori cette idée, mais sur quoi se fondent ceux qui l’agitent ? Selon leurs centres de préoccupations, certains rappellent la volonté de François Hollande de faire voter les étrangers non-européens aux élections municipales ; ou d’instaurer le « mariage » homosexuel ; ou de faire adopter le remboursement à 100 % de l’avortement par la Sécurité « sociale ».

Sarkozy est-il vraiment meilleur, ou moins mauvais, que Hollande dans ces domaines ?

En matière de vote des étrangers, Sarkozy propose la même chose que Hollande : « Si un étranger, en France, souhaite voter, alors il demande à devenir français et nous serons heureux de l’accueillir dans la citoyenneté française. », déclarait-il en meeting au Raincy, ce jeudi 26 avril. Qu’il vote en tant qu’étranger ou en tant que Français tout juste naturalisé ne compte guère. La France accueille, sans que sa population indigène ait jamais été consultée, ni par la droite ni par la gauche, quelque 200 000 personnes de plus par an, qui s’additionnent aux millions d’autres qui sont venues depuis la mise en place du regroupement familial, sous la présidence Giscard. Plus de 100 000 par an sont naturalisées. Le droit du sol permet à leurs enfants d’être des citoyens à part entière. Et en dépit de ses récentes déclarations contraires à ce sujet, l’immigration a continué sous Sarkozy. Elle a même battu des records. Le droit de vote des étrangers aux élections municipales ne change donc rien au problème (notons pour l’anecdote que Sarkozy y était favorable en 2005…), puisque la qualité de citoyen français ne signifie plus grand-chose. S’il n’avait pas été exécuté par le RAID en mars dernier, Mohamed Merah aurait pu voter. Il aurait même pu être candidat à la présidence !

Devant la volonté du candidat socialiste de faire rembourser à 100 % l’avortement par la Sécurité « sociale », Nicolas Sarkozy, pour draguer l’électorat catholique, a cru bon de se découvrir subitement pro-vie. Pourtant, lorsque Marine Le Pen, plus tôt dans la campagne, a proposé que si, et seulement si, la Sécurité « sociale » était obligée de faire des choix budgétaires, elle proposerait de dérembourser partiellement l’avortement au profit des traitements palliatifs pour les personnes en fin de vie, les réactions les plus virulentes sont venues de l’UMP. Xavier Bertrand, ministre de la Santé, a considéré que ce serait « un recul sans pareil vis-à-vis des femmes. Je n’aurais jamais imaginé qu’on puisse en France, après l’avancée que constituait la loi Veil, imaginer qu’un ou une responsable politique puisse revenir sur cette avancée. Il s’agit d’une nouvelle outrance et d’un mépris inacceptable pour les femmes ». Nicolas Sarkozy a-t-il désavoué son ministre ? Non, il a dit qu’il était en total désaccord avec la proposition de Marine Le Pen.

Quant au « mariage » homosexuel, censé être un point clivant entre la gauche et la droite, si Hollande a été très clair sur sa volonté de le voir adopter, Sarkozy a été beaucoup plus évasif. Il s’est contenté de dire qu’« [e]n ces temps troublés où notre société a besoin de repères, [il ne croit] pas qu’il faille brouiller l’image de cette institution sociale essentielle qu’est le mariage. » Quels sont ces « temps troublés » dont parle Sarkozy ? La crise financière et monétaire ? Les élections ? Ceux qui verraient dans ce report sine die par Sarkozy une position de principe risquent d’être déçus, en cas de réélection. Si l’on ne voit guère ce que Sarkozy a accompli de louable en cinq ans (en dix ans si l’on y ajoute son rôle prépondérant dans les gouvernements de Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin), on sait en revanche, à l’aune du mandat qui s’achève, le mal qu’il aura le temps de faire d’ici 2017.

Devant ce non-choix qu’il nous reste, j’ai décidé de ne pas choisir et de m’abstenir le 6 mai. J’entends les mêmes militants sarkozystes, qui seront foudroyés de honte quand on leur repassera le film de « leur » campagne dans cinq ans, dire que la logique du second tour veut que l’on choisisse le moins mauvais, sous peine de faire gagner l’autre. Ne voyant pas en quoi François Hollande est plus dangereux que Nicolas Sarkozy, ni plus indigne, ni plus incompétent, cet argument n’a aucune prise sur moi. Si la droite avait voulu que ses électeurs se mobilisent en nombre suffisant en 2012, elle aurait dû s’en préoccuper dès les premières reculades de l’été 2007.

Où était la droite, quand il était encore temps de faire savoir au président qu’en raison de son bilan désastreux, il ne pourrait pas la représenter en 2012 ?

Le reproche que j’adresse ici aux élus et aux militants de l’UMP vaut aussi pour les électeurs de Sarkozy. C’est parce que ce dernier savait qu’il pouvait compter sur un électorat de droite captif qu’il a pu se permettre de conduire une politique de gauche durant tout son quinquennat. Quelle que soit la politique menée, Sarkozy et l’UMP n’ignoraient pas que l’électeur de droite traditionnelle irait toujours voter pour eux, ne serait-ce qu’en raison de la peur que lui inspire la gauche. Jean-Luc Mélenchon aura servi de « père fouettard » de cette élection présidentielle : avec lui, les brebis égarées du sarkozysme se sentaient obligées de rentrer au bercail de l’UMP, aussi vétuste et insalubre fût-il.

J’écris cette tribune pour dire à ces électeurs déçus de Sarkozy qu’ils ne sont pas obligés de faire ce non-choix là. Sans espoir excessif dans l’utilité de mon abstention de dimanche, je les invite à refuser cette fausse alternative entre deux versions à peine concurrentes de la social-démocratie. Il ne s’agit pas de « tout faire péter » ni de « faire exploser l’UMP pour recomposer la droite », hypothèses auxquelles rien ne permet de croire dans l’immédiat, mais de recouvrer notre souveraineté, qui est individuelle avant d’être nationale.

Si le salut de la France doit advenir, ce que je souhaite, il ne passera pas par la mise sous pli d’un bout de papier tous les cinq ans. Il passera par la reprise de nos destins individuels et familiaux en mains.

Soustraire ses enfants à l’influence mortifère de l’école publique, quitter des métropoles invivables pour habiter dans des petites villes ou à la campagne, préférer la consommation locale à l’enfer des zones commerciales, resserrer ses liens familiaux et amicaux, voilà des débuts de solution face aux temps difficiles qui s’annoncent. Lorsque l’effondrement économique annoncé se produira, Nicolas Sarkozy ne sera pas là pour vous. Si vous continuez à penser que votre participation au cirque électoral peut améliorer d’une quelconque manière la situation, vous vous retrouverez fort dépourvus quand la crise, la vraie, sera venue.

Continuer à voter en 2012, malgré la preuve, encore apportée par ce quinquennat finissant, que cela ne change rien, c’est retarder la prise de conscience des Français. Comme j’entends, à ma modeste mesure, éclairer mes compatriotes, je les invite à ne pas aller voter dimanche.

*Roman Bernard est l’ancien rédacteur en chef du Cri du contribuable.

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53 Comments

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  • Neo , 2 mai 2012 @ 9 h 01 min

    Je suis d’accord avec vous sur l’analyse des faits et la description de la droite… cependant, sur l’euthanasie c’est pareil que sur le reste, ce n’est pas une question de conviction, mais une question de pression de l’électorat… Donc il ne faut pas cesser de peser dans le sens où nous pouvons.

    Changer de stratégie, je ne sais pas. Je n’en vois guère d’autre, en fait, en tout cas hic et nunc. Si, bien sûr, la société civile, les associations, le renouvellement en profondeur des mentalités, l’action locale, mais ceci, d’une part, ne bouge pas les lois, et il peut y avoir plus de moitié de la population dans des associations libérales-conservatrices, et un pays toujours gouverné à gauche, donc ça suffit pas, d’autre part, le renouvellement des mentalités comme l’action locale sont obérés par la pression des lois, la pression des médias, voire empêchés par des lois liberticides.

    Il faut donc, quelque soit notre stratégie par ailleurs, voter pour le moindre mal. Je ne le dirais probablement pas avec tant de conviction s’il n’y avait pas un certain nombre de “petits signaux” qui me semblent annoncer un début de redressement d’une partie de la droite, certains députés de la “droite populaire” et leur influence ascendante (certes contrebalancée, mais qu’il y ait encore du boulot n’est pas nié), la place verbale accordée à certains débats et questions, les places accordées à des personnes droites, notamment des catholiques, dans les ministères, une relative bienveillance envers l’enseignement privé (loi Carle, reconnaissance des diplômes des “universités” catholiques — ça a bien fait hurler chez les laïcards, même si le Conseil d’état a amoindri la portée de la mesure), quelques actes de portée réelle envers l’enseignement hors contrat : la création de la fondation Saint-Mathieu, de la fondation pour l’école, avec défiscalisation des dons et les autres avantages dus, vous croyiez que cela aurait eu lieu sous la gauche ? Vous croyez que cela demeurera longtemps s’ils arrivent au pouvoir ?

    Pourriez-vous m’indiquer, si vous avez une stratégie, comment justifiez-vous la part électorale de celle-ci, et qui semble être la politique du pire ? — Car je vous ai dit ce que j’en pensait : la descente est tout à fait certaine, avec toutes les horreurs maintes fois décrites — et pour moi les empêcher, même si cela ensuite ne s’avère que temporaire (ce qui n’est pas certain, il n’est pas interdit d’être optimiste), même si cela implique de sembler par notre vote faire confiance à des gens sans conviction, est une question d’assistance à personne en danger, ou de charité, comme on voudra –, en revanche la remontée est plus qu’incertaine.

  • Roman Bernard , 2 mai 2012 @ 9 h 13 min

    J’ai dit que cette reconnaissance en découle, pas qu’elle était programmée… Faudrait apprendre la nuance à l’UMP, au lieu de copier-coller des argumentaires bidon.

  • Neo , 2 mai 2012 @ 9 h 48 min

    J’insiste pour vous demander de quel type serait votre stratégie, pour au moins comprendre, à défaut d’approuver (puisque ce serait toujours pour moi faire prévaloir un calcul bien incertain sur une certitude d’un mal qu’on peut éviter), parce que, si je réfléchis avec mes pauvres moyens, toutes les stratégies, contre-révolutionnaires effectivement, que j’arrive à imaginer, ont plus de chance de réussir en votant M. Sarkozy qu’en votant M. Hollande.

    Est-ce une stratégie “à la Marine Le Pen” ? – c’est-à-dire impliquant l’explosion de l’U.M.P. pour reconstituer un parti fort à sa droite (qui j’entends bien, dans votre cas, serait assez éloigné du F.N.) ?
    — pour dire ce que j’en pense, il me semble que le parti en question, non seulement diviserait la droite (même si l’U.M.P. n’a que peu de droit à s’appeler ainsi, sauf à l’entendre comme une succursale de la gauche, effectivement, mais une part dudit parti est tout de même relativement saine) mais deviendrait (du point de vue de l’influence) le R.P.F. (actuel), au mieux D.L.R.

    Ou est-ce une stratégie fondée sur la prise de conscience, avec la théorie de la grenouille qui sort de son bain si on augmente plus rapidement la température ?
    — là je dois dire que j’exprimerais mon plus grand scepticisme, on a déjà fait avaler tellement de couleuvres, fait accepter le rançonnement massif au profit d’un état mammouth, fait accepter la propagande d’état, l’avortement considéré comme un droit de l’homme et un dogme obligatoire, que je ne vois pas ce qui peut encore faire réagir nos contemporains… Passer de 66 % à 100 % le remboursement de l’avortement ? Personne ne s’en apercevra. L’euthanasie ? Elle est déjà médiatiquement obligatoire. L’augmentation des impôts ? Un peu plus, un peu moins…

    Quant à l’exigence d’une théorie, je suis bien d’accord avec vous, mais il me semble qu’on est bien loin, dans les milieux concernés, d’élaborer une théorie adaptée aux circonstances — sans rien galvauder de ce qui doit être pérenne — et qui débouche sur une stratégie claire, adaptée à nos moyens, sur laquelle s’accorde un nombre important de personnes et personnalités… (et, encore une fois, en attendant d’en être là — de futurs “dîners de coalition” pourront y aider, ce n’est pas Éric Martin qui me contredira –, il me semble de notre devoir de limiter les dégâts)

  • Freixo , 2 mai 2012 @ 10 h 33 min

    Je suis tout à fait d’accord; ce qu’il faut est voter Sarkozi ne serrais ce que pour empecher Holland de devenir président. SARKOZI 2012!!

  • Roman Bernard , 2 mai 2012 @ 12 h 17 min

    « le renouvellement des mentalités comme l’action locale sont obérés par la pression des lois, la pression des médias, voire empêchés par des lois liberticides »

    Le changement des mentalités est le préalable au changement des lois (je parlerais plutôt de législation, vu le caractère arbitraire du droit dit positif). En attendant, oui, il faut passer par une relative clandestinité, mais tous les mouvements qui ont changé le monde sont passés par là.

    À commencer, bien sûr, par les chrétiens des premiers siècles.

    « certains députés de la « droite populaire » et leur influence ascendante »

    Si vous comptez sur eux pour sauver la France, c’est mal barré !

    Le plus à droite d’entre eux, Christian Vanneste, serait considéré comme un chrétien-démocrate de centre-gauche dans un pays normal. Voici ce qu’il a écrit dans ces colonnes :

    « il y aura eu les bonnes réformes, les grands moments, la réponse à la crise avec le sauvetage des banques, le plan de relance, le grand emprunt »

    « Le maintien puis la diminution de l’ISF avec les remboursements du bouclier fiscal ont choqué à juste titre beaucoup de Français. »

    « une TVA à 25% afin d’abaisser les charges et de protéger notre emploi et notre industrie »

    Récapitulons. Dans la tribune de Christian Vanneste, il y a :

    — la célébration du renflouement des banques par les contribuables, du plan de « relance » keynésien et du grand emprunt lui aussi keynésien
    — la dénonciation du remboursement des trop-perçus dans le cadre du bouclier fiscal (qui a été supprimé, d’ailleurs), impliquant donc que Vanneste trouve normal qu’on paie plus de la moitié de ses revenus en impôts directs
    — la justification de l’augmentation de la TVA (qui ne pèse pas moins sur l’emploi que les charges)

    Qu’y a-t-il de libéral-conservateur là-dedans ? Rien, mais rien du tout.

    Et même au sein de la « Droite populaire », Vanneste ne fait pas l’unanimité. Lorsqu’il a rappelé qu’aucun homosexuel français n’avait été déporté en raison de son orientation sexuelle pendant l’Occupation, voici ce qu’a dit de lui le « droitier » Thierry Mariani :

    « Pour autant, je ne peux me résoudre à le laisser continuer à s’engager sur le terrain de la provocation et sur celui du négationnisme. »

    Cela suffit, je pense, à montrer ce qu’est vraiment ce mouvement.

    « la fondation pour l’école »

    J’ai de la sympathie pour cette organisation. Mais celle-ci, comme d’autres, a choisi la méthode du « caillou du centurion romain ».

    Vous vous souvenez sans doute de cet album d’Astérix (le tout premier) où Panoramix est fait prisonnier et prépare une fausse potion magique. Le centurion, croyant être invincible en la buvant, essaye de soulever un rocher. Il échoue. Alors il tente de soulever des rochers de plus en plus petits… jusqu’à être émerveillé de soulever un vulgaire caillou. C’est ce que font les organisations du mouvement conservateur. Elles commencent sur une ligne très radicale (Créer son école), puis dérivent progressivement vers un mot d’ordre mainstream (sauver l’école, quelle qu’elle soit).

    SOS Éducation, organisation que je connais bien, a dérivé de la même manière. Elle défendait le chèque-éducation en 2009, l’autonomie des écoles en 2010 et 2011. Aujourd’hui, elle veut « sauver l’école publique ». Toute organisation qui prétend subvertir le système en jouant selon ses règles finit par être absorbée par lui.

    « si vous avez une stratégie, comment justifiez-vous la part électorale de celle-ci »

    J’ai une stratégie. J’en avais consigné une en réponse aux « islamophobes » qui prétendent empêcher l’islamisation de l’Europe en unissant tous ceux qui sont contre l’islamisation (même s’ils ne sont pas d’accord dans des domaines autant, voire plus importants) et en faisant de l’« entrisme » (stratégie qui est impossible tant que l’on n’a pas une « base », comme en avaient les trotskystes ; vouloir faire de l’entrisme quand on est isolé, c’est la certitude de l’échec).

    Je copie-colle le lien de l’article dans le commentaire suivant, afin que le présent commentaire ne passe pas illico en spam. L’article se concentre sur l’islam, mais cette stratégie peut être généralisée.

    Avant cela, je réponds à votre question sur les élections : ma stratégie n’est pas électorale pour l’instant, car on ne peut que perdre aux élections (soit la gauche gagne, soit la fausse droite gagne et ne remet pas en cause ce qu’a fait la gauche parce qu’elle est, sur le fond, d’accord ; voire, pire, elle devance les attentes de la gauche) tant que l’on n’a pas gagné la bataille des idées. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. La gauche l’a compris en déroulant patiemment son agenda, la droite ne le comprend toujours pas.

  • Roman Bernard , 2 mai 2012 @ 12 h 21 min

    Donc ma stratégie :

    « Est-ce à dire qu’il n’y a rien à faire, aux plans individuel, familial, local ? Si, même si le contexte actuel ne permet pas de compter outre mesure sur les initiatives spontanées. Les individus sont atomisés dans des enfers urbains ou péri-urbains. Les familles sont éclatées (divorces, fuite du père, exode des enfants ayant grandi vers les métropoles). Il n’y a plus guère de vie locale authentique : les régions sont de plus en plus centralisées, administrativement et économiquement, par les capitales régionales, les villes moyennes s’organisent de plus en plus en conurbations interminables, quant aux petites villes et aux villages, s’ils ne sont pas déserts, ce sont de simples dépendances résidentielles des villes.

    Toutefois, comme nos échanges sur les blogs en attestent, le Web constitue une chance de pouvoir réfléchir aux moyens de sortir du système actuel. Tant que les réseaux de communication tiennent debout (et ce ne sont pas les plus vulnérables), il est en effet possible, par exemple, à des parents qui se rencontreraient sur Internet et qui vivraient à proximité les uns des autres de mettre en place des solutions de home-schooling pour l’éducation de leurs enfants, comme cela se fait aux Etats-Unis. Avec le recul des États dans leurs missions régaliennes qui s’annonce, crise des dettes publiques aidant, il sera également possible à ces mêmes familles de commencer à penser à leur approvisionnement en armes et à leur apprentissage du maniement d’icelles grâce au partage d’expérience. Hormis pour les habitants de mégapoles (Paris, Londres), il sera également facile à ces familles de trouver des fournisseurs alimentaires qui leur permettent d’échapper à l’enfer des zones commerciales.

    De tels embryons de société ne pourraient pas être construits sur des affinités idéologiques, mais plutôt sur le plaisir que l’on a à vivre avec tel ou tel, qui ne les recoupe pas forcément. Et une fois ces communautés constituées, elles ne pourraient s’agréger de nouveaux membres qu’en leur donnant envie de les rejoindre. Le rejet de l’islam n’y suffira pas. La haine ne suffit pas à la réalisation d’un individu, et il n’y a pas de raison qu’il en aille autrement d’un groupe.

    Si ces communautés réussissent, malgré le harcèlement du fisc (la dernière administration qui fonctionnera, à n’en pas douter), à perdurer, il y a toutes les chances qu’elles représentent une véritable alternative quand les entreprises seront en faillite, faute d’activité économique suffisante, et ce qui restera de service public aura définitivement renoncé à protéger les gens.

    À partir d’une certaine masse critique, il sera possible à ces entités territoriales de faire graduellement sécession d’un État à l’agonie, puis de nouer des liens entre elles, via des sites Web indépendants d’abord, et enfin dans le monde réel. C’est peut-être, paradoxalement, la deuxième étape qui sera la plus délicate. Constituer un réseau d’amitiés sur Internet suppose que les leaders des entités partagent une vision du monde. Comme l’a rappelé Stag, l’« entreprise la plus admirable en la matière est sans conteste Alternative Right, dont une antenne francophone ferait un bien fou à la fafosphère européenne ». Ce site, qui concilie information, analyse et réflexion, vole à quelques milliers de pieds au-dessus d’un Fdesouche qui se contente d’une revue de presse réalisée pour l’essentiel à partir des médias mainstream.

    C’est donc à nous, hommes de clavier, de commencer à réfléchir à un véritable média indépendant, sur le modèle d’Alternative Right, ou carrément en créant une antenne d’Alternative Right en langue française. S’il reste assez de rédacteurs francophones inquiets de l’islamisation de l’Europe, mais aptes à en analyser les causes et à proposer des solutions. »

  • Roman Bernard , 2 mai 2012 @ 12 h 38 min

    Mais cette stratégie n’est pas électorale, ni même politicienne dans le sens purement partisan du terme !

    Il ne s’agit pas de « faire exploser l’UMP pour recomposer la droite », ni de « précipiter la catastrophe qui nous permettra de nous soulever », parce que, et nous sommes d’accord à ce sujet, ce n’est aucunement réaliste.

    Non, ma stratégie, que j’ai mise en lien ci-dessous (encore une fois, l’attention excessive portée à l’islam est liée au contexte, mais elle peut être généralisée), est une stratégie qui voit le combat électoral comme la dernière étape. Nous n’en sommes pas encore là.

    Voici le texte qui m’a le plus inspiré : « Life on the Right », de Hans-Hermann Hoppe. Je reproduis un extrait ci-dessous, qui est absolument lumineux :

    « To talk to the State and include its agents and propagandists is to lend legitimacy and strength to it. To ostentatiously ignore, avoid and disavow it and to exclude its agents and propagandists as undesirable is to withdraw consent from the State and to weaken its legitimacy.

    In sharp contrast to the Mont Pelerin Society and its multiple offspring, which wanted to reform and liberalize the welfare-warfare state system from within—pursuing a “system-immanent” strategy of change, as Marxists would say—and which failed precisely for this reason and was instead co-opted by the State as part of the political establishment, my envisioned society, the Property and Freedom Society was to pursue a “system-transcending” strategy.

    That is, it would try to reform, and ultimately revolutionize, the ever more invasive welfare-warfare State system from the outside, through the creation of an anti-statist counterculture that could attract a steadily growing number of defectors—of intellectuals, educated laymen and even the much-cited”man on the street”—away from the dominant State culture and institutions. »

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