Prestige de l’inhumanité

Simone Weil

Par Philippe Simonnot

Relisant les soutenables Ecrits historiques et politique [1] de Simone Weil, la philosophe, et non la ministresse de Giscard de sinistre mémoire (Simone Veil), je tombe sur cette phrase qui pourrait être écrite aujourd’hui :

« Ne croyons pas parce que nous sommes moins brutaux, moins violents, moins inhumains que ceux d’en face nous devons l’emporter. La brutalité, la violence, l’inhumanité ont un prestige immense, que les livres d’école cachent aux enfants, que les hommes faits ne s’avouent pas, mais que tous subissent. »

Ceux d’en face que visaient Simone Veil, c’étaient les nazis. Ce pourrait être aujourd’hui les islamistes.

Comment contrer un tel prestige, d’autant plus dangereux qu’il est nié ou méconnu ?

« Les vertus contraires, pour avoir un prestige équivalent, répond la philosophe, doivent s’exercer d’une manière constante et effective. Quiconque est seulement incapable d’être aussi brutal, aussi violent, aussi inhumain qu’un autre, sans pourtant exercer les vertus contraires, est inférieur à cet autre et en force intérieure et en prestige ; et il ne tiendra pas devant lui. »

Il se trouve que nos compatriotes ont certes « bonne conscience » face à la terreur djihaidste. Mais cela suffit-il ?

« Les Français sont presque tous persuadés, expose Simone Weil, comme si elle écrivait aujourd’hui, que, d’une manière générale, ce que la France a fait, ce qu’elle fait, ce qu’elle fera, est, sauf de rares exceptions sans portée, juste et bon. Mais cette persuasion est abstraite, car elle est presque toujours accompagnée de beaucoup d’ignorance : elle ne constitue pas une source d’énergie. De même, aux yeux des peuples étrangers, le nom de la France est associé aux grands principes de justice et d’humanité dont elle s’est souvent réclamée ; mais cette association n’est guère qu’une habitude, un lieu commun et non, comme nous en aurions besoin, le principe d’une attraction irrésistible. »

Encore moins irrésistible aujourd’hui qu’hier !

Pour ne rien dire la répulsion que notre pays inspire maintenant à beaucoup d’amoureux de la liberté à l’extèrieur comme à l’intérieur de l’Hexagone

Et Simon Weil de conclure :

« Il ne suffit pas, pour bien lutter, de défendre une absence de tyrannie. Il faut être pris dans un milieu où toute l’activité soit dirigée d’une manière effective, dans un sens contraire à la tyrannie. Notre propagande à nous ne peut être faite de mots ; pour être efficace, il faudrait qu’elle fût constituée par des réalités éclatantes ».

Ces lignes ont été écrites en 1939 sous le règne de Daladier. Elles sont plus vraies pour les derniers mois peu honorables de l’empire de M. Hollande.

Après 1939, 1940.

Et après 2016 ?

Note :
[1] Gallimard, p. 313-314

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2 Comments

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  • Guillaume , 1 juin 2016 @ 12 h 28 min

    En matière d’inhumanité,
    elle a fait très fort !

  • Persée , 3 juin 2016 @ 13 h 32 min

    M. Simonot peut à juste titre citer Simone Weil . La cécité française à l’égard du danger musulman ( même supposé modéré) n’est pas étonnant . La rigueur, l’étude , l’intelligence critique semble avoir abdiqué devant un angélisme optimiste , du bon sentiment salvateur parce qu’il est sympa ( parce que quand ce n’est pas sympa , c’est Nauséabond ) . L’histoire ne semble avoir rien enseigné ! Comme dans le cas du cancer; surtout pas d’immunité contre des cellules cancéreuses au motif que celles-ci ont également le droit au respect même si l’on sait que votre perte est leur raison d’être , parce que les valeurs de la république = la RAISON sont supérieures sur le papier à l’obscurantisme . c’est choupinet en diable !

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