Ce gouvernement de menteurs

Actuellement, le gouvernement a choisi une action ferme et décidée pour montrer qu’il existe : il se dispute. Bruyamment, violemment, en multipliant les déclarations tonitruantes avec « Inadmissible » en mot compte-triple ; c’est à qui se déclarera le plus outré par les propos des autres, dans une jolie surenchère de réactions épidermiques entre ministres, agités dans un mouvement brownien tout à fait rassurant quant à la conduite du pays.

Mais soyons magnanimes : si le gouvernement ne se chamaillait pas aussi visiblement, que ferait-il de tout son temps ? Que feraient nos ministres en charge de leurs palpitants maroquins ? Et comment feraient-ils savoir qu’ils existent, qu’ils agissent et que grâce à leur dévouement, la situation s’améliore ? Il faut se rendre à l’évidence : s’ils ne s’envoyaient pas de l’anathème à la figure par presse interposée, ils ne seraient guère occupés qu’à une chose : nous mentir.

Oui, mentir. Mentir au peuple lorsqu’ils lui parlent, lorsqu’ils lui taisent certaines vérités désagréables, lorsqu’ils en surmédiatisent d’autres sans intérêt, mentir par leurs actions et, au moins autant, par leurs omissions.

Et question mensonge, le mois de septembre fut particulièrement riche.

Le plus visible, bien sûr, fut l’affirmation tranchante que la courbe du chômage s’inversait enfin. Cela faisait un an qu’on attendait ça, surtout parmi les socialistes de gauche, tant la popularité du petit chef était basse. Et puis, après tout, il s’y était engagé : la courbe s’inverserait, scrogneugneu. La nouvelle d’une (modeste) baisse de quelques milliers de chômeurs en Septembre était donc bienvenue, surtout au moment où le président faisant fonction devait retourner à Florange où sa précédente fanfaronnade l’avait entraîné à bobarder sans vergogne sur les capacités de l’État à sauver les ouvriers du cru.

Mais voilà : d’un bobard au mensonge, il n’y a qu’un pas qui fut donc franchi avec une jolie souplesse, au moins au début. Ensuite, il fallut admettre, à demi-mot, que l’ »embellie » des chiffres du chômage ne justifiaient probablement pas la moindre euphorie. L’analyse confirma rapidement cette rétention visible d’excitation et cette modération gouvernementale inhabituelle : non seulement, le chômage n’a pas reculé, les disparitions d’entreprises n’étant toujours pas compensées par les créations, mais en plus, les chiffres officiels semblaient avoir subi de lourdes interventions chirurgicales : certains pros du bistouri statistique passèrent manifestement par là, faisant exploser le nombre de désinscriptions (plus de 38% d’augmentation soudaine au mois d’août).

Mensonge donc, le chômage ne baissa pas.

À côté de ce mensonge dont tout le monde (à l’exception de quelques nigauds de gauche) savait que c’en était un, il y eut celui, plus agaçant encore, de la baisse des impôts. D’une part, il fut rapidement visible que cette baisse, si elle pouvait bien exister, devait ne concerner qu’un ou deux de ces contribuables velus et souriant qu’on rencontre parfois, lors de plateaux télés organisés sur la question fiscale, joyeux de payer des impôts, et rameutés commodément par l’un ou l’autre groupuscule socialiste en mal d’audience. D’autre part et tous comptes faits, il fut évident qu’un bon million de nouvelles cibles fiscales firent leur apparition en une année. Le gouvernement Ayrault, à défaut de générer la richesse et de faire revenir la croissance, avait fait pousser des contribuables, et dans une telle quantité que certains députés se mirent à demander des faveurs auprès du monstre de Bercy.

Mensonge donc, les impôts ne baissèrent pas.

Alternativement, il fallut donc tenter une nouvelle histoire, un nouveau« story telling » comme on dit maintenant dans les milieux branchouilles : non, certes, les impôts ne baissent pas, oui, certes, il y a de nouveaux contribuables, mais, voyez-vous mes chers compatriotes, c’est nécessaire parce que a/ la drouate a laissé le pays en piteux état (oui, c’était il y a plus d’un an, mais c’était vraiment en très piteux état, que voulez-vous), b/ le pays doit faire face à des dépenses qui seront exceptionnelles, n’en doutez pas, on ne fera pas durer le plaisir inutilement (et puis, un gouvernement socialiste est forcément bon et juste, vous savez bien), et surtout c/ la solidarité nationale et ce modèle que le monde nous envie requièrent de menus sacrifices. C’est comme ça. Oui, je vous l’accorde, les sacrifices sont un peu toujours payés par les mêmes, et toujours un peu de la même façon, pour aboutir toujours un peu au même résultat. Mais comme on le dit souvent : si ça n’a pas marché jusqu’à présent, ce n’est pas parce qu’ils s’y prennent mal, mais c’est parce qu’ils ne s’y sont pas lancés à fond à fond à fond.

Bref. Il fut donc introduit La Pause Fiscale, qui est à la collecte d’impôts ce que la distribution de vaseline est à la sodomie. Encore qu’avec la pause que nos amis socialistes mirent en place, la vaseline fut semble-t-il remplacée par du papier de verre. Alors que se profilait déjà la hausse de la TVA (de 19.6 à 20% pour le taux principal et de 7 à 10% pour le taux intermédiaire), le rabotage du quotient familial descend à 1500€ par demi-part, l’augmentation des frais de notaire de 10%, la disparition de plusieurs niches fiscales, la suppression de de certaines réductions (par exemple celle pour les parents d’enfants scolarisés), et de nouveaux impôts pour les retraités, pour les plus-values immobilières sur les terrains, et la réintroduction de la tranche à 75%, par la petite porte et dans le cadre de l’entreprise pour éviter un nouveau retoquage par le Conseil Constitutionnel, bref, alors que de nouvelles réjouissances se profilaient à l’horizon, les petits calculs s’amoncelaient pour les classes moyennes et pointaient tous dans le même sens : la Pause Fiscale, franchement, ça fait mal.

En effet, il apparut rapidement que ceux qui s’en prendront le plus dans la figure dans les mois suivant sont les classes moyennes. Oh. Encore une fois. Zut et zut. C’est vraiment ballot.

Mais où part tout cet argent ? Tous ces nouveaux impôts, prélevés sans cesse, forment de véritables fleuves de pognon qui se déversent dans les caisses de l’État et, devant le tabassage en règle de toutes les sources de revenus en France, devant la ponction frénétique et compulsive que met en place le gouvernement, on est en droit de se poser la question : où va l’argent ?

Parce que, voyez-vous, puisque c’est l’austérité, que les dépenses diminuent, si les recettes augmentent tant, il doit y avoir, quelque part, une réserve qui grossit, non ?

À moins… À moins que les dépenses ne diminuent pas. Ou pire, même, … qu’elles augmentent !

Et là encore, on tombe sur un nouveau mensonge. Bernard Cazeneuve peut bien tenter tous les airs de flutiau, Pierre Moscovici peut bien diriger son Grand Orchestre Philarmonique des Joueurs de Pipeau, l’analyse ne laisse aucun doute : les dépenses augmentent encore. Au total, bravant toutes les évidences, les clowns à roulettes qui nous gouvernent communiquent avec force sur un bon gros 15 milliards de baisse, dont 9 milliards d’euros pour l’État et les collectivités territoriales, et 6 milliards pour les dépenses de Sécurité sociale (et une soi-disant hausse d’impôts de 3 petits milliards rikiki). En réalité, cette fumisterie n’est qu’un modeste freinage de la hausse naturelle des dépenses observée lorsque tout le monde se fiche de faire le moindre effort. D’ailleurs, le gouvernement le chuchote discrètement : la dépense publique totale (État, collectivité territoriale, sécurité sociale) va encore augmenter de 0.5%.

Mensonge, donc : les dépenses ne baissent pas. Elles augmentent.

Devant ces mensonges, les Français râlent, de plus en plus fort. Eh oui : ces mensonges sont de plus en plus visibles, grossiers, obscènes même devant les efforts concédés par un nombre toujours plus grand de personnes qui voient se rapprocher les fin de mois avec une anxiété accrue. Ces mensonges sont, en outre, de plus en plus difficiles à accepter alors que leur justification finale, ultime, repose toujours sur ce pacte républicain, ce modèle social qui est, lui aussi, un mensonge, une imposture qu’un nombre croissant de citoyens découvre, effaré. Non, vos impôts ne payent pas les routes et les infrastructures. Non, vos impôts ne payent plus (ou presque pas) cette police et cette gendarmerie qui ne sera pas là quand vous aurez besoin d’elle. Non, votre argent n’abonde pas à diminuer la misère en France : plus on vous en prend, plus cette misère s’étend.

Moscovici peut bien pleurnicher niaisement sur le French Bashing auquel certains se livreraient selon sa fine analyse d’énarque soigneusement à l’abri des contingences réelles : la situation concrète, effective, regardée avec lucidité, ne laisse aucune place à l’optimisme. Lorsqu’on voit que le budget est géré par un ministre auquel on ne confierait même pas la gérance d’une supérette à Marcq-en-Barœul, lorsqu’on lit la confusion dans laquelle sont prises les pires décisions, lorsqu’on voit l’empilement consternant de mensonges que ce gouvernement profère, lorsqu’on constate, effaré, qu’il passe son temps à se chamailler pour des guignolades ridicules, on ne peut conclure qu’une chose.

Ce pays est foutu.

> h16 anime le blog hashtable. Il est l’auteur de Égalité taxes bisous.

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23 Comments

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  • 0 / 10
  • mariedefrance , 2 octobre 2013 @ 8 h 52 min

    vous pouvez mettre “menteur” au pluriel, xrayzoulou

    Pour les “arabes” vous pouvez toujours soutenir Rioufol mis en examen à cause de musulmans souvent “arabes”.

    http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2013/09/-ma-mise-en-examen.html#comments

    Ma mise en examen pour délit d’opinion
    Par Ivan Rioufol le 30 septembre 2013

    En cherchant à porter atteinte à la liberté d’expression, principe sacré de notre civilisation,

    le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) prend le risque d’apparaître comme une menace contre la démocratie.

    C’est en substance ce que j’espère pouvoir expliquer devant le tribunal, puisque je vais donc devoir comparaître, dans quelques mois, devant la XVII e chambre correctionnelle de Paris, après une plainte suite à des propos tenus le 15 novembre 2012 dans l‘émission de RTL, On refait le monde (le dossier a déjà été expliqué, ici).

    Ce lundi matin, j’ai répondu à une convocation d’un juge d’instruction, comme j’avais répondu le 12 juillet à celle de la police judiciaire…/..

  • V_Parlier , 2 octobre 2013 @ 9 h 37 min

    C’est sainement moqueur ou vous y croyez vraiment?

  • V_Parlier , 2 octobre 2013 @ 9 h 39 min

    Je veux dire: croyez vous à un réel bug, ou à une excuse pour justifier la bidonade dévoilée?

  • géodith , 2 octobre 2013 @ 10 h 04 min

    Il vous faut aller voir la video du 30.09.13 de Pierre Cassen sur la Voix de la Russie, il explique que Riposte Laique, son bébé, est maintenant “hébergé” en Suisse.
    Oui en France, nous n’avons plus le droit de manifester (manif de septembre annulée mais CRS présents), nous n’avon,s plus le droit de dire NON comme le voudrait Renaud Camus, et nous sommes juste bon à padi

  • géodith , 2 octobre 2013 @ 10 h 08 min

    Commentaire parti trop vite et sans relecture…
    Je disais qu’on est juste bon a payer encore et encore plus de taxes et d’impots
    Depuis le temps vous connaissez mon point de vue sur ce qu’il y a à faire…

  • Luc+ , 2 octobre 2013 @ 10 h 10 min

    Ils ont raisons ces socialistes leur incompétence EST INADMISSIBLE !

  • mariedefrance , 2 octobre 2013 @ 10 h 33 min

    http://actu.orange.fr/high-tech/de-faux-experts-infiltrent-des-grands-sites-d-info-afp_2590122.html

    De faux experts infiltrent des grands sites d’info

    Les rubriques de libre expression de grands sites d’info français – Le Nouvel Observateur, le Huffington Post, L’Express, le Journal du Net, Médiapart, Capital, Les Echos – se sont fait piéger par de faux experts, qui cherchaient visiblement à les manipuler, révèle une minutieuse enquête du Journal du Net.

    Ces sites réputés ont été “victimes d’une intox à grande échelle”, écrit son auteur Nicolas Arpagian, qui a repéré dans leurs chroniques la promotion suspecte et récurrente de plusieurs entreprises, un indice de l’action organisée d’agences de communication ou de lobbies.

    A la suite de son enquête, la plupart des sites d’info ont renforcé leur processus de vérification de leurs experts et retiré les billets incriminés, sauf Médiapart, qui précise n’exercer aucun contrôle sur les contributions extérieures.

    Ces faux experts écrivent en faveur de marques, d’entreprises, voire d’idées ou de pays, via des articles soigneusement rédigés, bourrés de liens et de références sérieuses, raconte le JDN. “Ils profitent aussi des audiences des sites médias pour doper leur référencement en plaçant des liens pointant vers les pages de leurs clients”, souligne Nicolas Arpagian.

    Premier stratagème, un faux nom.
    Gare donc aux contributeurs qui n’ont aucune autre existence numérique. Il leur faut aussi une photo: ils scannent des annuaires papier, pour éviter les vérifications par recherche d’image, mais parfois volent une photo sur la Toile.

    Autre tromperie,
    se présenter comme salarié d’une entreprise ou institution de renom. Ainsi un Marc Chevrier a signé des chroniques dans le JDN comme faux membre du cabinet de recrutement Mercuri Urval, et sur L’Express comme thésard de l’Université de Tbilissi. L’Express a depuis effacé son profil.

    “Les informations que donnait ce Marc Chevrier étaient vraies”, a commenté Adrien Sénécat, community manager d’Express Yourself. “On peut penser qu’il était mal intentionné car il se sert du site pour asseoir sa légitimité ailleurs. Nous devons nous méfier des faux vrais noms, et vérifier les titres”, a-t-il expliqué.

    “Redoubler de vigilance”

    Parfois les faux experts se créent des profils numériques pour crédibiliser leur existence. L’enquêteur du JDN a fait avouer à un faux journaliste qu’il était payé pour promouvoir une start-up, Educadis. Il avait été validé par le site du Nouvel Observateur, puis tweeté par le Centre d’Analyse stratégique du Premier ministre.

    “C’est une bonne leçon pour nous : cela nous pousse à redoubler de vigilance”, reconnaît Aude Baron, rédactrice en chef du Plus-Nouvel Obs, “même si nous devons relativiser car il n’y a eu de souci que sur une des 50.000 contributions”. “Cela accroît notre méfiance face aux agences de com’ qui veulent nous manipuler. Le contenu en question était intéressant et assez nuancé. Du beau travail, il faut le reconnaître”.

    Médiapart, Les Echos, le Figaro, le Huffington Post et Economie Matin ont également été infiltrés par des faux contributeurs, comme ce Nicklas Boden qui publie dans Le Cercle Les Echos des chroniques sur Numericable, la Banque Saint Olive ou les Entreprises de Taille Intermédiaire. Sa photo est en fait celle d’un joueur de tennis suédois, Nicklas Kulti.

    Les Echos.fr n’ont pas retiré ses chroniques mais avertissent le lecteur qu'”un article du JDnet met en cause la qualité de ce contributeur”. Sa photo a disparu.

    “Ce monsieur partage ses centres d’intérêts hétéroclites avec d’autres chroniqueurs” comme “Jean-Sébastien Bamvilla”, sur Médiapart, qui a écrit près de 60 tribunes allant de l’interchange aux cigarettes électroniques, en passant par les coulisses de l’Unesco, explique le JDN.

    Le JDN dresse une liste non exhaustive de onze noms les plus cités chez les faussaires: Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA), ASMEP-ETI, Banque Publique d’Investissement, Banque Saint Olive, Club Auto AMTT, KPMG, Les Entreprises du Médicament (LEEM), Numericable, Swan Operations, Ukraine et Vivarte.

    “C’est un des risques du métier”, admet Marc Botte, du Huffington Post. “Depuis, nous avons renforcé notre processus de vérification. Mais il est intéressant que nous ne soyions pas les seuls et qu’il y ait une tendance de fond”.

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