Interdire l’avortement ?

Tribune libre de Robert Ménard*

S’il est un sujet difficile à aborder, c’est bien celui de l’avortement. Même parmi les plus réac de mes proches, on ose rarement des positions tranchées, définitives. Et je ne vous parle de mon épouse ! C’est, avec la peine de mort, l’une des questions qui peut vous valoir de rompre avec vos amis de 30 ans.

Or, il ne vous aura pas échappé qu’on vient de reparler de l’interruption volontaire de grossesse — il ne s’agirait pas d’employer les mots qui fâchent… — à l’occasion d’un vote de nos députés qui ont décidé son remboursement à 100%. Un vote acquis à l’issue d’un débat qu’on nous présente comme « apaisé ». Où chacun y est allé de son hommage à l’icône Simone Veil et à sa loi de dépénalisation de l’IVG. Dans la foulée, les parlementaires ont adopté un amendement présenté par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui prévoit le remboursement à 100% de la contraception pour les jeunes filles âgées de 15 à 18 ans.

Coût pour la sécu : 5 millions pour la gratuité de la pilule chez les mineures. Auxquels il convient d’ajouter 13,5 millions d’euros pour la prise en charge à 100% de l’IVG. Mais au diable ces comptes d’apothicaire ! Ne s’agissait-il pas de promesses du candidat Hollande ? Et, on le sait, le désormais Président Hollande tient ses promesses…

Mais revenons à l’IVG. « Ce n’est pas un geste anodin » a tenu à préciser la ministre. C’est le moins qu’on puisse dire. Je me garderais bien de réclamer l’abrogation de la loi Veil et de proclamer, comme on a pu le lire lors de certaines manifestations, « l’avortement tue ». Mais je ne suis pas prêt pour autant à diaboliser les militants pro-vie. Ils ne sont pas d’affreux obscurantistes, d’obscurs partisans d’un retour au Moyen-âge, comme se complait à nous les dépeindre une presse pour qui la modernité est une ligne de conduite et la défense des valeurs traditionnelles le signe que vous êtes un néo-facho.

Opposants radicaux à l’avortement, ils posent de vraies questions. Comme eux, je m’interroge quand j’entends certains plaider contre la peine de mort et, dans le même mouvement, se faire les défenseurs de l’avortement. Il y a là, me semble-t-il, quelque contradiction. Et puis, le respect de la vie, c’est à partir de quand ? Douze semaines comme en France, dix-huit comme en Suède, vingt-quatre comme en Grande-Bretagne ?

Je me souviens d’un confrère journaliste me rétorquant à propos de la peine capitale : « Rien ne justifie qu’on enlève la vie. » Le même jeune homme aurait probablement fait l’apologie de l’interruption de grossesse.

Alors, le respect de la vie ? Oui, quand ça vous arrange. Non, quand ça vous gêne…

*Robert Ménard est journaliste et fondateur de l’association Reporters sans frontières. Il vient de lancer le portail Boulevard Voltaire.

Lire aussi :
> Avortement : Élisabeth Lévy et Clémentine Autain, même combat… ou presque !

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13 Comments

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  • Amie5978 , 3 novembre 2012 @ 7 h 13 min

    Les féministes et la plupart des hommes croient (sincèrement ou non) que la banalisation de l’avortement diminuera son impact psychologique mais c’est faux, un jour où l’autre la femme (plus que le géniteur, c’est malheureusement sûr..) souffrira du manque de ce (ou ces !) bébé(s) qu’elle a éliminé(s) sciemment ou “libérée-anesthésiée” par l’air du temps.
    Quand on sait les dégâts que peut faire un avortement dans le coeur des femmes lorsqu’elle prennent conscience du crime qu’elles ont commis ou laisser commettre pour se débarrasser d’un gêneur non programmé !

    Je pense que cette “mentalité contraceptive” dont vous parlez très justement comme d’un pré-avortement, (soit qu’il en soit un, soit qu’il y conduise) a été mis en place par des hommes et les féministes dont la “règle de vie” est : “jouissez sans entrave” à l’image de DSK par exemple, quand ce n’est pas “supprimons le bas-peuple” comme à l’invention de la pilule au USA par Pincus et qui fut surtout conçue à l’époque comme un moyen de contrôler l’explosion démographique chez les populations pauvres. Ce n’est pas un hasard si elle a d’abord été testée à Porto Rico….
    Mais cela n’a jamais comblé le moi profond d’un humain car c’est une course à l’ “avoir toujours plus” au lieu d'”être toujours plus” ou, mieux encore, du “donner toujours plus”.
    Une éducation à l’amour vrai, à la contraception naturelle et écologique (!) et un changement de mentalité vers l’accueil de la vie restent les priorités absolues si nous voulons faire baisser les avortements en France (et ce n’est pas le fric du porno qui va nous aider….)

  • Goupille , 3 novembre 2012 @ 17 h 27 min

    Quiconque a “vu” (invisible) un futur enfant de six cellules flottant dans son liquide rose au fond d’un tube de fécondation in vitro sait que l’avortement est un crime.
    Toute femme qui avorte est une infanticide.
    Tout avorteur est un assassin.

    220 000 avortements par an en France.
    Un taux de mortalité infantile équivalent à ce qu’il était sous Louis XIV.
    Une Simone Weil qui a émis un clapotis, comme elle avait émis un clapotis pour défendre Maurice Papon.

    La mort appuyée sur le bras de la lâcheté, aurait dit René…

  • Robert , 3 novembre 2012 @ 17 h 42 min

    Amie,
    Vous voulez peut-être parler de régulation naturelle des naissances?
    La contraception est une contraception de contre la conception, elle comporte donc l’empêchement d’une grossesse par tous les moyens qui comprennent donc contraception, avortement et stérilisation.
    La mentalité contraceptive est donc une façon de vivre, ou subir, la sexualité.
    La régulation naturelle des naissances telle que la promeut l’Eglise n’a rien à voir, est ouverte à la vie et repose sur un couple stable et aimant.

  • Gérard , 4 novembre 2012 @ 3 h 56 min

    J’ai le sentiment que le problème n’est pas l’avortement lui même, mais sa prise en charge par l’Etat qui paye avec l’argent de tout le monde ce que certains considèrent comme un crime et ne veulent pas y participer. Il suffirait que l’Etat ne s’en mêle pas (comme beaucoup d’autres choses)pour que la polémique n’existe plus !

  • DUHAUDULAC , 4 novembre 2012 @ 13 h 57 min

    Stop à l’avortement des femmes françaises. Il faut interdire l’avortement dans notre Pays. Deux cas à regarder : le viol et au delà de huit enfants si la femme en est demandeur.

  • Le Morvan Pierre , 5 novembre 2012 @ 11 h 38 min

    Robert Ménard ne fréquente pas de vrais et purs réacs, en ce qui me concerne je suis pour le respect total de la vie, de la conception jusqu’à la mort naturelle. Il faudra certainement un jour abroger les lois mortifères, pour cela, il faut d’abord donner à l’opinion publique une vraie culture de vie à l’inverse de la culture de mort déversée à flots continus par les grands media et les “grandes consciences morales” autoproclamées.

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