Et après l’augmentation d’impôts, parlons de l’épargne dodue des Français

Il y a déjà eu pas mal d’analyse de la pesante intervention du chef de l’État jeudi dernier qui aura laissé de marbre plus des deux tiers des Français : sur le plan de la communication, c’est un échec cuisant. Cependant, pour ce qui est de la stratégie générale qui consiste à prolonger l’augmentation des impôts et accroître les ponctions, c’est une réussite : personne ne semble s’en soucier vraiment.

Décidément, la technique des petites touches successives fonctionne à merveille. Et si elle marche à l’évidence pour les questions sociétales où il s’agit de dégommer du méchant patriarcat, cela marche aussi bien avec les histoires d’argent où il s’agit de dégommer du méchant riche, ou, plus prosaïquement, de renflouer les caisses de l’État afin que, comprenez-vous, la solidarité et la redistribution des richesses puisse continuer comme devant.

Pour cela, on va procéder comme pour un toucher rectal avec un trépan pétrolier : avec tact et doigté, il s’agira de faire comprendre à tous que, puisqu’aucune piste d’économie sérieuse n’est à l’étude ni même envisagée, les impôts vont augmenter dans des proportions bibliques. Eventuellement, on pourra le faire avec la connivence de la presse ; par exemple, elle pourra titrer quelques heures « Moscovici : Sur l’année 2013, les impôts vont augmenter », et changer ce titre rapidement pour « Moscovici : «La déclaration d’impôts va être simplifiée» » comme en témoigne l’URL de cet article : videos-moscovici-sur-l-annee-2013-les-impots-vont-augmenter-27-03-2013-2674981.php (oui, ça s’est vu)… L’idée est de ne surtout pas effaroucher tout le monde.

Pourtant, le doute n’est absolument pas permis : on peut toujours affirmer que les déclarations fiscales seront simplifiées, les montants, eux, vont augmenter, à raison de 20 milliards d’euros tout de même, c’est-à-dire, selon les petits calculs comiques d’un Moscovici de moins en moins à l’aise, 10 milliards pour les ménages et 10 milliards pour les entreprises, ce qui va se traduire par 20 milliards pour les ménages d’une façon ou d’une autre (eh oui : les entreprises ne paient pas d’impôts : soit ce sont leurs consommateurs qui le font pour elles, soit ce sont leurs salariés, notamment lorsqu’elle en diminue la quantité).

Et pour les économies ? Rien. Nada. Kedal. À part peut-être les bics et les post-it …

Enfin, si on s’en tient toujours aux calculs comiques des socialistes de tous crins qui animent la vie politique française depuis 40 ans, le fait de ralentir la hausse des dépenses, c’est équivalent à réaliser des économies. En 2013, il y aurait pour 10 milliards de ralentissement de hausse, pardon, d’économies. On pouffe. Selon les autres mathématiques (celle du reste du monde qui doit payer pour leurs fastes), 10 milliards d’économies, c’est 10 milliards de dépenses annulées. Pas diminuées. Annulées. Mais qu’on se le dise : d’économies (des vraies), il n’y en aura point, Hollande ne voudrait pas condamner l’Europe à l’explosion.

Des impôts qui gonflent, une austérité qui ne veut surtout pas montrer le bout de son nez, des « économies » qui sont, in fine, une petite baisse de régime des sprinklers à pognon … Et on sait déjà que ce ne sera pas suffisant, au rythme où vont les choses : même avec des massages cardiaques vigoureux sur ses statistiques, l’INSEE n’arrive pas à publier autre chose que des résultats déprimants comme une dette qui bat des records, des déficits qui continuent à grimper joyeusement, un pouvoir d’achat qui sombre.

Il va donc falloir préparer tout le petit peuple corvéable à d’autres mesures peu populaires. On ne parlera ici pas du tout de ceux qui ont plus de 100 000 euros sur leurs comptes. Après Chypre (et une petite ponction de 60% !) ce serait indécent, voyons ! Oublions-les.

Parlons plutôt des classes moyennes. Pardon, des riches, ceux qui ont encore un bas de laine, dans lequel ils puisent d’ailleurs goulûment pour arriver à maintenir leur niveau de vie, les petits fripons. Expliquons sans attendre à ces classes dont l’opulence est jetée à la face des plus pauvres pourquoi la gauche doit se sentir détendue de la matraque fiscale. On pourra leur dire par exemple qu’augmenter les impôts, c’est non seulement nécessaire, c’est même carrément bien ; de toute façon,« soyons réalistes : la majorité précédente a gouverné dix ans et a déjà fait une grande partie des économies possibles ». Oui, soyons réaliste, ça se voit très bien toutes ces économies, regardez d’ailleurs les petits graphiques (dont les données proviennent d’Eurostat) : le premier montre qu’en pourcentage du PIB, l’État (central, régional, local et toutes administrations confondues) fait des efforts. N’est-ce pas ?

Et sur le second, où l’on raisonne maintenant en vrais euros qui sortent de votre poche, c’est encore plus flagrant, ces économies et ces grosses baisses des dép… Ah bah non, ça ne se voit pas du tout. Zut.

Ok bon, ce n’est pas limpide limpide, mais l’important est que le message principal,« la gauche peut et doit augmenter les impôts » trouve un écho favorable dans les médias et auprès d’un nombre important de décideurs politiques (notez qu’auprès des Français, l’idée commence à agacer de plus en plus – Eux qui voulaient du changement, allez comprendre !)

Et en parallèle à ces généreuses augmentations d’impôts pour que la République puisse continuer à se montrer bonne fille avec tous (enfin, tous, façon de parler, hein), une autre idée émerge gentiment. Pour le moment murmuré par d’obscurs conseillers et chuchoté par ceux qui cherchent frénétiquement à trouver des thunes pour que le bastringue français ne s’arrête pas brutalement un petit soir de mai ou de juin prochain, le concept d’une ponction sur l’épargne des Français, largement reconnue comme bien dodue, fait son chemin.

Technique des petites touches discrètes et successives oblige, on commence doucement, dans la presse, à montrer que, finalement, la situation française n’est pas comme (au hasard) la situation grecque ou chypriote : eux, ils sont du Sud et de gros dépensiers fraudeurs, nous, nous sommes riches et de vraies fourmis, et on a un gros bas de laine ; la France est un champion de l’épargne mes petits amis. Rassurant, non ?

En novembre 2012, je faisais un petit billet pour rappeler qu’à un moment ou un autre, la fine équipe de Hollande allait se réveiller et choisir une méthode ou l’autre pour renationaliser la dette française, probablement en tapant dans les assurances-vie ou, directement, dans l’épargne courante des Français. Bien sûr, à l’époque, cette manœuvre semblait n’être envisageable que pour un gouvernement désespéré et un État complètement lessivé, avec une probabilité d’occurrence faible. Depuis, les événements de Chypre donnent une idée de la façon dont cela pourrait se produire : un vendredi soir, les banques ferment et ne rouvrent plus pour une, deux, trois semaines, le temps de régler « quelques détails » … (ou plus du tout, si cela ne se passe pas bien du tout).

Bien sûr, cela ne pourra arriver en France. Impossible.

> h16 anime le blog hashtable.

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34 Comments

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  • Pernollet , 2 avril 2013 @ 17 h 56 min

    Je suis d’accord pour la difficulté de l UMP.
    Je dirais que toutes nos formations politiques,comme le système étatique devraient être revus..
    il faudrait mettre en place une nouvelle formation avec une grande diversité, quelque chose qui représente une pensée populaire ”saine”, dans la réalité et non des énarques , des issus du fonctionnariat et de l’administration etc. avec des conseillers vraiment valables sur la finance, l’économie,les entreprises, le marché du travail, les relations internationales etc
    C’est utopiste! Cependant refléchissons.

  • fbastiat , 2 avril 2013 @ 17 h 57 min

    Ce qu’ils n’ont pas encore compris, c’est que la hausse des impôts prévue sur le papier ne produira pas les rentrées fiscales espérées. “Les hauts taux tuent les totaux” comme disait déjà un ministre lucide il y a des lustres. C’est à ce moment qu’ils paniqueront et chercheront en effet à piquer le fric directement dans les comptes, à la manière chypriote. Il faut essayer de s’y préparer. Transférer ses comptes à Chypre selon le principe que là-bas, c’est déjà fait…..!?

  • Le Zouave , 2 avril 2013 @ 18 h 01 min

    Sarkozy est en procès, Guérini aussi,
    Juppé a été accusé, DSK aussi,
    L’UMP ne sait pas compter [Copé vs Fillon], le PS n’ont plus [manifestants…],
    que tous ces francs maçons qui volent la France prennent exemple sur “l’intègre” ex-ministre de …à oui, du budget bien sûr !!!
    Jérôme Cahuzac avoue

    Entendu par les juges d’instruction, cet après-midi, l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac a reconnu qu’il détenait bien un compte bancaire à l’étranger depuis vingt ans.

    “J’ai rencontré les deux juges aujourd’hui. Je leur ai confirmé l’existence de ce compte et je les ai informés de ce que j’avais d’ores et déjà donné les instructions nécessaires pour que l’intégralité des actifs déposés sur ce compte, qui n’a pas été abondé depuis une douzaine d’années, soit environ 600 000 €, soient rapatriés sur mon compte bancaire à Paris”.

    M. Cahuzac demande “pardon” au président de la République, au premier ministre, à ses anciens collègues du gouvernement, à ses collègues parlementaires, à ses électeurs, et “aux Françaises et aux Français”…

    “J’ai mené une lutte intérieure taraudante pour tenter de résoudre le conflit entre le devoir de vérité auquel j’ai manqué et le souci de remplir les missions qui m’ont été confiées et notamment la dernière que je n’ai pu mener à bien. J’ai été pris dans une spirale du mensonge et m’y suis fourvoyé. Je suis dévasté par le remords. Penser que je pourrais éviter d’affronter un passé que je voulais considérer comme révolu était une faute inqualifiable. J’affronterai désormais cette réalité en toute transparence.”

    Au suivant.

  • Charles , 2 avril 2013 @ 20 h 38 min

    Tintin,vous voulez quoi ?

    Avec 18% des voix mais sans argent public venant de l’état,
    ceci par tricherie UMPS,
    comment voulez vous que le FN ait pu traverser le désert ???

    Il fallait bien de l’agent privé de Saint Cloud pour faire le relais.

    Marine n’est pas aussi bete que vous le prétendez.

    Puisque elle a su résister aux sirènes des médias
    en ne se joignant pas aux différentes manifestations
    monstrueuses des 13 janvier & 24 mars.

    Ainsi,elle a évité toute manipulation du pouvoir,
    qui aurait été trop heureux de crier au loup.

    Marine est incontournable pour notre futur.
    Il faudra vous y faire.
    A moins que vous ne prefereriez continuer avec l’UMPS.

  • Pat64 , 3 avril 2013 @ 0 h 22 min

    Décidément , c’est une idée fixe !

  • Pat64 , 3 avril 2013 @ 0 h 24 min

    Je voulais dire @ Charles, l’idée fixe…

  • Pat64 , 3 avril 2013 @ 0 h 31 min

    Si ils pouvaient tous se mettre à table, comme lui……..c’est eux qui “se gavent”, et c’est nous qui vomissons ! Bravo, les artistes, on comprend pourquoi ils s’accrochent a leurs mandats !!

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