Le magicien d’Oz a oublié sa baguette

Le magicien d’Oz a oublié sa baguette

Robert Ménard en lançant le rendez-vous de Béziers, sous le slogan provocateur et bien trouvé « Oz ta droite » avait un objectif clair. Il voulait rassembler la droite, la vraie, car elle existe, non derrière un homme ou dans un parti, mais sur des idées et des valeurs. Cette droite est facile à définir : elle comprend d’abord les défenseurs des valeurs spirituelles, morales sans lesquelles l’existence et la continuité d’une nation ne sont plus assurées. Ce sont les conservateurs. La nation n’est pas un ensemble d’individus, c’est une personne qui a une âme, une histoire, une foi en son avenir. L’aimer, être prêt à la défendre, considérer ses intérêts individuels comme inférieurs au bien commun de la patrie : c’est le patriotisme. Les patriotes sont une composante essentielle de la droite. Un patriote doit souhaiter la réussite économique de son pays, nécessaire à son indépendance, et donc à la liberté de ses citoyens. Il ne peut qu’être partisan de la liberté d’initiative, de l’encouragement au mérite et au risque. La droite est libérale comme elle est patriote et conservatrice. Elle veut une nation forte au sein de laquelle règne une démocratie dont les citoyens sont libres de s’exprimer et d’entreprendre, mais respectueux des lois qu’ils auront contribué à instaurer. Les propositions issues de ce trois journées vont dans le sens de cette définition.

Si on ne s’en tenait qu’aux idées, celles qui sont au coeur de la démarche du Maire de Béziers devraient fédérer les électeurs, du Front National au Républicains, en passant par les petites formations comme le RPF que je préside, et des associations comme l’Avant-Garde ou la Droite-Libre. En politique, la désignation de l’ennemi est essentielle. Pour « Oz ta droite », ce sont tous ceux qui contribuent à affaiblir la France et à préparer sa disparition, soit en la noyant dans l’Europe, ou sous le flot d’une immigration de remplacement, soit en gommant son identité dans le double mouvement de l’individualisme et de la mondialisation, soit encore en la ruinant économiquement par un excès de dépenses publiques et sous le poids d’un Etat obèse et impuissant. La gauche, une partie de la droite politicienne et du centre, mais aussi certains responsables du Front National opposés par démagogie aux réformes libérales indispensables à notre compétitivité, participent au suicide français dont parle Zemmour. Le soutien d’une large majorité des médias leur est assuré. Cela se traduit d’abord par un dénigrement systématique qui réduit l’initiative de Béziers à l’extrême-droite, puis par la volonté de la ramener à la seule chose qui intéresse beaucoup de journalistes, le « jeu politicien ». Pour qui roule Ménard ? N’a-t-il pas l’intention de se présenter à la Présidentielle ou de fonder un parti ? La réaction du Front National et l’absence de certaines personnalités leur donnent malheureusement du grain à moudre.

Présent, je préfère limiter mes réserves à l’essentiel, c’est-à-dire aux idées. 51 propositions dégagées avec une surprenante rapidité le lendemain des débats relèvent de la magie. Du chapeau du magicien sont sorties des mesures qui y étaient sans doute depuis longtemps. Elles sont nombreuses et disparates. On y sent la volonté de répondre à l’attente de certains secteurs de la société, comme les commerçants indépendants. On reconnaît l’auteur à quelques provocations ciblées notamment à l’intention de la presse. On adhère à des mesures de bon sens et parfaitement « républicaines », comme la sortie de l’OTAN, la garde nationale, la liberté d’expression, la préférence nationale, la primauté du droit du sang. La nation, la famille, la liberté sont au premier rang, et il faut s’en féliciter. On regrette quelques faiblesses et des incohérences. L’idée de rétablir l’ordre dans les quartiers difficiles par l’implantation d’une gendarmerie est une vue de l’esprit. S’il est essentiel de réformer la magistrature et la formation des juges, il est indispensable d’augmenter le budget de la Justice, notamment pour rendre efficace la chaîne pénale. C’est oublié. Beaucoup de propositions reprennent des thèmes qui ont fait l’objet de débats passionnés, d’une opposition farouche de la gauche et d’un recul de la prétendue droite, mais ce n’est certainement pas en instillant de la proportionnelle aux législatives et en morcelant le Parlement qu’on aura une majorité apte à voter les mesures proposées : on imagine le chambard à propos de la fin du statut des fonctionnaires ou du chèque scolaire, la haine déployée par LGBT contre l’abrogation de la loi Taubira. La mobilisation hostile sera redoutable.

Trop de mesures et pourtant des lacunes, mais surtout une absence essentielle. Le seul moyen de mettre en oeuvre cette révolution conservatrice, car c’en est une, ce serait de la faire signer par le peuple en organisant dans les deux premières années du mandat des référendums sur quelques propositions-clés. Et le premier pas serait, par référendum, d’instaurer le référendum d’initiative populaire à la Suisse afin que, quoiqu’il arrive par la suite, le peuple conserve la parole et le pouvoir. En oubliant ce « détail », le magicien d’OZ a oublié sa baguette.

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14 Comments

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  • Pacific , 2 juin 2016 @ 18 h 04 min

    Parmi les candidats aux primaires de LR, il serait intéressant de connaître ceux qui ne mettent pas le référendum d’initiative populaire dans leur programme.

  • Droal , 2 juin 2016 @ 18 h 32 min

    Le magicien veut rassembler la France sur les « valeurs de droite ». Mitterrand disait que « la droite n’a pas d’idées, mais des intérêts » et nous savons tous que la gauche est passée à droite.

    A une des dernières élections partielles, il y a eu 79,4 % d’abstentions et la droite l’a emporté.

    Ainsi que l’a dit une écologiste : « Hollande n’est le Président de personne ». Hollande l’a dit lui-même : « Je n’ai rien à perdre ». Si ça tourne vinaigre, il pourra certainement rejoindre l’avion qui l’attend au Bourget, pour l’emmener dans un endroit sûr, et puis, plus tard, revenir en sauveur.

    Peut-être… ou pas.

    Le « système » est en train de s’effondrer…

    Le 7 juin 1968, De Gaulle a un entretien radiophonique avec Michel Droit, où il donne son interprétation de la crise de civilisation que le monde traverse, et où il explique les mesures – principalement économiques et sociales – qu’il a prises pour y remédier.
    « Il y a une troisième solution [après le communisme et le capitalisme] : c’est la participation, qui, elle, change la condition de l’homme au milieu de la civilisation moderne. Dès lors que des gens se mettent ensemble pour une œuvre économique commune, par exemple pour faire marcher une industrie, en apportant soit les capitaux nécessaires, soit la capacité de direction, de gestion et de technique, soit le travail, il s’agit que tous forment ensemble une société où tous aient intérêt à son rendement et à son bon fonctionnement, et un intérêt direct. »
    (Notamment, partage équitable des bénéfices entre les investissements, tous les salariés et les actionnaires)

    À l’Élysée, le vendredi 14 juin 1968.

    Alain Peyrefitte : « Maintenant que la fracture est réduite, l’État va se remettre en marche. La confiance va revenir. »

    Général De Gaulle : « Il ne faut pas se faire d’illusions. Beaucoup de choses que nous avons entreprises sont remises en cause. En ce mois de mai, se déroulait à Paris un événement planétaire : les pourparlers entre les Etats-Unis et le Vietnam. C’était le couronnement de notre politique de paix. Ça aurait dû remplir de fierté tous les Français. Ça a été gâché par la chienlit.
    Dans le pays, l’ordre va sans doute être rétabli, puisque maintenant on fait ce qu’il faut pour ça. Mais il ne faudra pas refuser d’entendre ce qui a pu s’exprimer au cours de ce mois. IL Y A QUAND MÊME EU LE REFUS D’UN SYSTÈME QUI NE RESPECTE PAS LA DIGNITÉ DES GENS. Il faudra faire la participation. Si on l’avait faite, en tout cas si on l’avait engagée avec suffisamment d’énergie, je crois bien que nous aurions évité cette foire… SINON, UN JOUR, TOUT FINIRA PAR BASCULER et nous n’aurons gagné qu’une victoire a la Pyrrhus.
    Vous pensez bien que ce mois de mai ne s’effacera pas si tôt que ça de l’histoire de France. »

  • Marcus , 2 juin 2016 @ 18 h 47 min

    Ce rendez-vous citoyen est sans doute imparfait et incomplet. Robert MENARD n’est pas parfait non plus. Mais tout cela a le mérite d’exister, les gens qui l’ont organisé sont courageux, et je pense que c’est un premier pas vers un réveil de conscience collective.
    Je vous livre une très ancienne citation qui est intemporelle :
    “Celui qui fait quelque chose est toujours inévitablement critiqué. Par ceux qui auraient voulu le faire à sa place, par ceux qui font exactement le contraire, et surtout par ceux, toujours les plus nombreux, qui ne font jamais rien.

  • hermeneias , 2 juin 2016 @ 23 h 40 min

    Ménard essaye de travailler pour la France en voulant rassembler AU DELà , éventuellement AVEC , le fn .
    Mais le fn marine philipot travaillent pour eux et ne tolèrent pas que l’on leur fasse un semblant d’ombre

  • Volpette , 3 juin 2016 @ 7 h 52 min

    Il ne faut pas critiquer, monsieur Vaneste, il faut dire haut et fort un très grand merci à Robert Ménard pour son initiative, qui redonne courage à des millions de gens. A son travail, à son enthousiasme qui nous soutient, à son travail de labour dans les conscience. Bien sûr, tout ne peut être parfaitement du goût de tout le monde mais on ne peut pas sans cesse critiquer ce qui est fait au nom de ce qui n’est pas fait.
    Vous feriez du meilleur travail en soutenant fortement cette heureux élan de Béziers. Vous l’amenderez par la suite mais ne commencez pas des critiques mesquines. Enthousiasmez-vous d’abord et ergotez en silence. Soyez positif, et uniquement positif pour l’instant. Montrez l’unité, la convergence de coeur d’une vraie droite.
    C’est ça qui fonde un groupe, comprenez-vous ? qui donne envie d’y croire et d’y adhérer.
    Sinon, la dernière remarque de Marcus semblerait bien s’appliquer à vous….

  • aneto2015 , 3 juin 2016 @ 8 h 59 min

    M.Vaneste, c’est vous qui dites ça! Parce que vous avez fait du bon boulot vous?
    Je soutiens l’initiative de Robert Mènard et bravo pour la phrase de Marcus qui vous colle à la peau depuis de nombreuses années! Vous êtes encore assez jeune pour changer…

  • hermeneias , 3 juin 2016 @ 9 h 06 min

    D’accord avec certaines analyses de C. Vanneste mais on en reste à de la spéculation de philosophe en chambre sans relation avec le réel et sans débouché pratique ….
    C’est largement le FN avec ses attitudes de “diva” capricieuse qui est responsable de ce qui s’est passé .
    J’en viens à me demander si ce petit clash n’était pas calculé ! Il fallait y être pour échapper à la critique , puis faire son petit clash . Pour cela la marionnette &tait parfaite dans le role .
    L’autre problème ce sont tout les autres petits chefs mégalos qui veulent être les premiers et les plus beaux

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