On a lu pour vous : “Mémoire et identité” (Jean-Paul II)

Ce livre est le témoignage posthume, pour ne pas dire le testament de Jean Paul II, qu’il n’a pas publié de son vivant, de façon délibérée. Ces entretiens datent de 1993, ils se sont tenus à Castel Gandolfo, avec des amis philosophes polonais. La discussion est très libre et tourne autour de cinq thèmes ; la limite imposée au mal, liberté et responsabilité, quand je pense patrie, quand je pense Europe, la démocratie : possibilités et risques.

Il s’agit donc de thématiques à la fois morales et politiques sur lesquelles le pape donne son avis personnel ; bien que ces conversations restent privées, le livre est bien signé Jean Paul II, et non pas Karol Wojtilya. A ce titre, et au vu des références dont le pape se réclame, on peut difficilement contester le caractère autorisé de ce document, bien qu’il ne soit pas à proprement parler « magistériel ».

Or, le pape s’exprime sur des sujets on ne peut plus sensible et d’actualité ; le titre à lui seul est révélateur ; l’identité et la mémoire sont des sujet brulants aujourd’hui, qu’il s’agisse de l’identité sexuelle ou de l’identité nationale, les débats font rage et les mémoires non plus ne sont pas traitées de manière égale ; certaines sont censées être plus nécessaires à la mémoire collective que d’autres…

Le pape assume parfaitement son patriotisme polonais ; il rappelle qu’à l’origine de ce terme, il y a le mot « père », et que le sentiment patriotique s’inscrit tout à fait dans la foi catholique puisqu’elle se rattache directement dans le quatrième commandement « Honore ton père et ta mère ». Nous devons vénérer nos parents car ils représentent pour nous le Dieu créateur. La famille, la nation et la patrie demeurent des réalités considérées par la doctrine sociale de l’Eglise comme des sociétés « naturelles ». « Elles ne sont pas le fruit d’une simple convention » et ne peuvent être remplacées par rien d’autre ! Les nations, de manière analogue aux individus, sont dotées d’une mémoire historique. Paroles prophétiques s’il en est. Paroles qui nous provoquent aujourd’hui et restent un guide sur pour nous diriger en ces périodes de troubles. Pour autant, si l’homme a une vocation eschatologique il n’en est pas de même des nations. Le pape observe aussi que la Pologne comme nation sort de la préhistoire au moment de son baptême et commence alors à exister dans l’histoire.

En bon Polonais, il nous rappelle la saga de « Jean III Sobieski qui sauva l’Europe du danger ottoman à Vienne en 1683 », « victoire qui éloigna ce danger de l’Europe pour une longue période » (p 168). Il est intéressant de remarquer qu’aujourd’hui le pape François, les évêques ainsi que toute la hiérarchie catholique et ses « bonnes œuvres » militent en faveur de l’arrivée massive de ces mêmes musulmans, qui transitent essentiellement par l’ancienne puissance ottomane…

La réflexion menée sur le juste usage de la liberté semble plus pertinente que jamais. Le pape insiste sur le fait que l’on détourne l’homme de sa responsabilité éthique lorsque l’on s’appuie sur la liberté seule. Il faut un critère régulateur pour l’usage de la liberté ; ce critère en saurait être le seul plaisir, ni même l’utile. Le saint pape nous invite à faire la distinction entre le bien juste (bonum honestum), le bien utile (bonum utile), et le bien délectable (bonum delectabile). C’est la ligne de partage entre la tradition de l’éthique aristotélicienne et thomiste d’une part et l’utilitarisme moderne d’autre part, que l’on peut résumer par l’expression « le maximum de plaisir pour le plus grand nombre d’hommes». (P 50).

Reprenant les actes du Magistère, depuis Léon XIII, Pie XI, Jean XXXIII qui synthétise les travaux de Pie XII, Paul VI et enfin sa propre trilogie Laborem exercens, Sollicitudo rei socialis et Centesimus annus, saint Jean-Paul II remarque qu’à la source de tous ces documents se trouve le thème de la liberté de l’homme; « la liberté est donnée à l’homme par le Créateur comme un don et comme une tache » p 57.

Apres avoir indiqué que c’est par un processus électoral légal que le chancelier Hitler est arrivé au pouvoir, Jean-Paul II rappelle que les parlements qui approuvent promulguent des lois sur l’interruption de grossesse par exemple « se mettent conflit manifeste avec la loi de Dieu et avec la loi naturelle » (p163) ; Ces deux lois sont donc supérieures à toute législation humaine.

Pour Jean-Paul II, l’histoire de l’Europe a une dimension verticale : « Le Règne de Dieu se greffe et se développe dans l’histoire de l’homme mais son but est bien la vie future ».

Ce livre très court traite des défis que les catholiques rencontrent aujourd’hui et la grande voix de ce géant reste pour nous un guide sur dans cette période de trouble et de désolation. C’est sans doute pour cela qu’il n’a pas été réédité et qu’il est urgent de la partager ou de l’acquérir.

Mémoire et Identité, Jean-Paul II, Flammarion

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4 Comments

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  • peripathos , 4 mars 2016 @ 6 h 28 min

    J.Paul 2 devrait être lu , commenté et étudié , lui qui s’inscrit dans et développe la grande Tradition de l’Eglise .
    Certain pape actuel ferait bien de s’y pencher .

    J.Paul 2 qui , pour sa canonisation , a été curieusement affublé de Jean 23 par le pape actuel , pourrait être présenté comme “docteur de l’Eglise” ( notamment pour sa théologie du corps , de la Genèse et de la Création ) et donc , à ce titre , être particulièrement étudié .
    Il pourrait aussi inspirer quelques politiques européens et ….français ( on peut toujours rêver ) en ces temps troubles et troublés .

  • jsg , 4 mars 2016 @ 11 h 46 min

    Tous ces “chefs” de gouvernements occidentaux, qui vont faire leurs dévotions au Vatican, entre deux visites de mosquées, devraient bien s’attacher à tirer des conclusions du livre du Très-Saint-Père.
    Qu’ils ne se fassent pas d’illusions, aussi bien les musulmans que les chrétiens de souche, auront des comptes à réclamer à ces foutriquets, pour avoir mis le pays dans la merde.
    Ce ne sont, ni les musulmans sincères et non avertis, qui sont responsables, mais les sourates mortifères qui se dissimulent dans le Livre et ceux qui les endorment en leur faisant une lecture erronée et partielle de ces incitations à la haine, au crime et j’en passe et des meilleures.
    Par contre tous ceux qui auront l’affront de prétendre connaître ces textes n’auront plus rien à faire en occident.
    Au fait, la “J”ustice, elle en dit quoi de ces incitations, elle ferme les yeux.

  • Charles , 4 mars 2016 @ 12 h 16 min

    il semble qu ‘il y ait eu plusieurs JP2.

    Ses commentaires sur la patrie sont très pertinents.

    En revanche,le JP-2 qui embrasse le coran sans même
    demander la réciproque sur la Bible à la délégation musulmane
    démontre une totale ignorance des coutumes musulmanes.
    Ce qui est inexcusable pour un pape.

    De plus, sa fumeuse cérémonie d’Assise
    ou toutes les religions se valent parce que elles croient toutes au même Dieu
    procède de la négation pure et simple de l’unicité du Martyre du Christ.

    L’enjeu d’une vie n’est pas tant de croire en Dieu (ce qui est assez facile)
    c’est de croire ou non au passage sur terre du Christ et donc en son message.

    JP-2 fut le pape conciliaire qui attaquera le plus les croyants attachés
    à la liturgie héritée de nos ascendants.
    Tout en faisant ami ami avec les protestants et les philoslamistes.

    Il fut le pape qui protégea le réseau pédophile des soldats du Christ,
    malgré les témoignages répétés des victimes d’actes des pédo-pervers
    omniprésents dans tous les cercles de pouvoir politique.

    Pour ce qui est de l’avortement (dit “IVG”) de masse, bloqué sur les principes,
    il refusa d’entrer dans la réalité en refusant d’interpeller les églises européennes
    gestionnaires d’un gigantesque patrimoine immobilier à vocation éducative.

    C’était le devoir des catholiques (et c’est encore) de porter assistance pédagogique
    aux JF enceintes et scolarisées en Lycées ou facultés (50% des avortements)
    pour pouvoir suivre à la fois leurs études et leurs enfantement,
    ceci par des Lycées et facultés adaptés à leur situation.

    Après le désastreux règne de Paul VI (1963/1978, soit 15 ans)
    et la généralisation des avortements forcés à compter de 1975 en Europe;,
    il appartenait a JP-2 de redresser la barre.

    Le régne de JP2 (1978/2005, soit 27 ans) a vu une dégradation continue
    de la pratique religieuse en Europe, avec toutes les conséquences visibles en 2016

  • Charles , 6 mars 2016 @ 17 h 01 min

    élu en 1978, JP2 a réalisé 104 voyages de par le monde
    visitant 127 pays entre 1979 et 2004.

    Pour quels résultats concrets en matière de foi ????
    A quoi ont servi ces manifestations de foules.?
    Pour déboucher sur quoi de concret en terme de pratique religieuse ?
    Les églises conciliaires sont vides….

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_visites_pastorales_du_pape_Jean-Paul_II_hors_d%27Italie

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