Valls, ce nouveau “héros” de la gauche

Laisse aller, c’est un Valls… qu’il nous faut, a dit aux Français leur Président qui jour après jour habite de moins en moins la fonction. Comment a-t-il pu faire illusion lors de la campagne ? Il est vrai que dans notre système, il y a ceux qui aiment les campagnes et puis il y a ceux qui savent gouverner. On a connu ça avec le Général de Gaulle en 1965 face à Lecanuet et Mitterrand, et avec Barre puis Balladur contre Chirac en 1988 et en 1995. Le Président, dans notre constitution malheureusement rabotée par le quinquennat, incarne et impulse. Le gouvernement gouverne. Le président doit prendre de la hauteur, de la profondeur de champ et changer de Premier ministre lorsqu’il juge que la situation et l’intérêt supérieur de la France l’exigent. La cohabitation puis la conjonction des législatives et de la présidentielle ont cassé le système d’abord en donnant le pouvoir à Matignon, puis en faisant du Président le chef de parti victorieux qui gouverne et est le vrai chef de la majorité. Aujourd’hui, la fonction présidentielle perd encore de son importance. Le Président s’est laissé imposer le choix par les circonstances et par les sondages. L’autorité cassante qui se dégage de la personnalité de Manuel Valls et qui plaît à beaucoup de Français, même à droite, tant notre pays en semble dangereusement dépourvu, aurait pu établir un rapport quelque peu inversé. Le pouvoir dans une sorte de cohabitation interne au PS pouvait traverser la Seine. Un gouvernement resserré en nombre et en soutien parlementaire aurait peut-être enfin exprimé une volonté politique claire. Le discours présidentiel a été tout le contraire : laborieux, mou et confus, tombant dans la contradiction non résolue à force de vouloir la synthèse impossible. Pacte de responsabilité pour être compétitif par la baisse des charges, mais pacte de solidarité pour maintenir les transferts sociaux, c’est à dire les dépenses , baisse des impôts, et diminution de la dépense publique : l’effet de ciseau est assuré. Qu’un chef de l’Etat puisse tenir un langage aussi incohérent et peu crédible jette le trouble sur l’évolution de notre pays. Mais, faute d’être sûr de ce lieutenant qui rêve de prendre du galon, le Président l’a entouré de nombre de ses amis hollandais, de poids lourds et de rivaux potentiels. Le nouvel « héros » de la gauche, chargé de sauver la patrie, et encore plus le parti,  aura tant de contrepoids que l’Elysée gardera la main à travers celles des autres.

“Taubira reste : c’est un symbole de l’ancrage du gouvernement dans la gauche idéologique, soit pour contrebalancer une nouvelle politique économique, soit pour gêner un Premier ministre qu’on présentait comme hostile à la réforme pénale.”

La partie, elle, n’est pas gagnée. Elle est déjà perdue pour le pays qui n’a cessé de gaspiller ses atouts depuis tant d’années. Avec acharnement, il faut le dire, depuis 2012 ! De nombreux ministres restent, à la Défense, aux Affaires étrangères, à la Culture dont on peut penser qu’ils seront directement branchés sur l’Elysée en raison de leur poids ou de leur proximité avec le Président. Ce sera notamment le cas pour le ministre de l’Intérieur et pour le Porte-Parole. La situation baroque de Ségolène qui fait encore jaser les gazettes étrangères crée un autre court-circuit. Les pastèques désertent. Ces nullités ivres de politique politicienne et d’idéologie gauchiste s’adonnent à la seule chose qu’elles sachent faire : s’agiter contre le pouvoir et entre elles. Comment peut-on croire une seconde que l’écologie les intéresse ? C’est chez elles comme un de ces fonds de commerce qui donnent une façade à un trafic frauduleux. Bon débarras, mais la majorité en est affaiblie. Taubira reste : c’est un symbole de l’ancrage du gouvernement dans la gauche idéologique, soit pour contrebalancer une nouvelle politique économique, soit pour gêner un Premier ministre qu’on présentait comme hostile à la réforme pénale. Taubira, c’est l’heure de vérité de Valls, dont l’éloquence du menton n’a pas eu le moindre effet sur la sécurité. Hamon à l’Education nationale est une autre caution accordée à la gauche la plus sectaire. On remplace un philosophe maladroit par un acharné de la motion. On ne diminue pas l’idéologie, mais on descend le niveau. Ces cadeaux à la gauche permettront-ils de faire passer le virage économique et social derrière un gauchisme sociétal et verbal ? L’ondoyant Montebourg pourra incarner ce retournement, le choix du productivisme : étatisme affiché pour rassurer les militants, pragmatisme en fait, teinté d’une touche de patriotisme économique pour plaire aux autres et notamment aux patrons. Sans les verts, ce sera plus facile.

En somme, le Président s’avance masqué, derrière quelques symboles. Les plus optimistes y verront l’occasion pour l’énarque de mettre de la technocratie plus efficace derrière le paravent idéologique. Pour ceux-là, la politique se résume à l’économie et à la courbe du chômage. Les plus pessimistes penseront qu’un Président qui se cache, après s’être aussi lamentablement trompé, souligne la dérive de la Ve République. La bataille des valeurs dans l’éducation et la justice est plus importante que l’économie qu’elle conditionne d’ailleurs à long terme. Une société qui affaiblit les familles, qui compromet le maintien et la transmission de son identité, qui voit la sécurité reculer ne peut afficher une économie florissante.

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22 Comments

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  • Eric , 3 avril 2014 @ 18 h 20 min

    Je peux déjà dire ce que fera Valls:
    – réformes = 0
    – emploi = 0
    – sécurité = 0
    – internet : il mettra tous ses efforts à contre-carrer la liberté sur internet ( comme en Chine).
    Lui, il veut des gens qui marchent au pas, et qui obéissent et serrent la main quand on passe devant

  • Smarties , 3 avril 2014 @ 20 h 48 min

    Monsieur Vanneste,

    Cessez d’accuser la gauche.

    Votre droite sous le mandat de Sarkozy a mis en place exactement la même politique.

    Le quinquennat de Sarkozy a coûté 500 MILLIARDS D’EUROS !

    http://www.lepoint.fr/economie/500-milliards-envoles-en-cinq-ans-14-01-2012-1419082_28.php

    Le quinquennat de Sarkozy a introduit la propagande du genre dans les écoles et les parodies de mariage homosexuel.

    Le quinquennat de Sarkozy a initié le programme ASTRID de surgénérateurs à neutrons rapide et FlexBlue ou les EPR.

    Le quinquennat de Sarkozy a livré les navires de guerre à la Russie.

    Etc.

    Monsieur Vanneste, cessez d’accuser la gauche, lorsque c’est la République que vous servez qui est la cause, ce qui inclue la droite.

  • Smarties , 3 avril 2014 @ 21 h 02 min

    Avec 500 milliards nous aurions pu démanteler toutes les centrales atomiques et financer des centrales électriques au solaire thermique, pour obtenir 100% d’autonomie énergétique, nous aurions dans le même temps pu développer un véritable programme de recherche sur les très hautes températures pour la physique du 21ème siècle, nous aurions pu financer des milliers de programmes diplomatiques dans tous les pays du monde, nous aurions pu créer des villages prisons pour toutes nos chances pour la France, nous aurions pu passer à une agriculture 100% biologique, nous aurions pu développer un programme spatiale semblable à celui que possède les USA, la Russie, la Chine et l’iran, avec leurs bombardiers spatiaux satellisables qui évoluent entre 15km et 300km d’altitude etc.

    Tout cela en même temps.

    Mais non, il a fallu que Sarkozy brûle 500 milliards, fier de sodomiser les français.

    Sarkozy et la droite Monsieur Vanneste, nous les vomissons, comme nous vomissons toute cette race républicaine de politicards bâtards, médiocres, incompétents, dangereux et irresponsables.

    Alors le peuple vous le redit gentiment Monsieur Vanneste, cessez d’accuser la gauche et ouvrez les yeux sur la responsabilité qui aussi incombe à la droite.

  • Smarties , 3 avril 2014 @ 21 h 13 min

    500 milliards à titre de comparaison cela représente 1 250 fois la construction du viaduc de Millau.

    Alors Monsieur Vanneste, ne soyez pas certain lorsque vous accusez la gauche, que la droite échappera aussi à la guillotine.

  • ranguin , 4 avril 2014 @ 7 h 18 min

    Mais quel est ce pays qui met à sa tête, non seulement des incompétents; mais également des naturalisés de fraiche date (1998) et des binationaux ?

    Cherchez, vous vous apercevrez que pour y être considéré il vaut mieux ne pas être Français de souche.

  • scaletrans , 4 avril 2014 @ 9 h 42 min

    Lorsqu’on n’y connaît rien en énergie, on se tait. En voilà encore un qui croit qu’on peut remplacer une source continue par une source aléatoire (et à quel prix!). L’exemple allemand ne vous suffit pas ? Vous voulez payer votre électricité le même prix et voir couper le courant aux centaines de milliers de foyers qui ne pourront pas suivre ?
    En fait, il s’agirait tout simplement de supprimer le dernier atout qui reste à la France. Feriez-vous partie des pastèques, maîtres en escrologie ?

  • Boutté , 4 avril 2014 @ 10 h 36 min

    Vanneste ne dit pas autre chose : “atouts gaspillés de puis tant d’années” . Quant aux Verts, il ne fait que constater leur absence totale de souci écologique lorsqu’ ils sont au Gouvernement et leurs choix aussi sots que grenus lorsqu’ils se battent entre eux . Ce parti n’ EXISTE PAS . Pourtant l’ Ecologie aurait avantage à exister ?. Pour cela il faut le re-démêler du gauchisme verbal qui n’a rien à faire là-dedans !
    Les lois sur le logement produisent les effets inverses que Dufflot avait définis. Au lieu de produire 20.000 logements en plus, 2013 en a vu 30.000 en moins que l’année précédente et il ne pouvait en être autrement ! L’idée de sortir du nucléaire est en train de ruiner la première économie d’Europe.Votre idéologie est revêtue d’une couche de scientisme mal assimilé , comme un Smartie(ND)
    Ce qui le rend plus attractif mais non plus digeste .La méthode héritée de Mao d’utiliser des mots vidés de sens et appris par coeur pour tenter de réduire au silence l’argumentaire opposée n’est pas de mise s’il s’agit vraiment de sauver la planète . Mais le but n’est pas là : il faut avoir été suffisamment longtemps Ministre pour empocher le droit à retraite fastueuse après avoir emmagasiné des valeurs au cours de son mandat . Le reste est sans aucune importance , sinon les Ecolos auraient quitté leurs fauteuils depuis longtemps .

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