Éric Zemmour : Et si une UMP centriste remplaçait l’UDF ? Un FN gaulliste, le RPR ?

Z comme Zemmour. Jacques Chirac fut un prolifique géniteur politique : Copé, Fillon, Juppé furent tous trois chiraquiens. Des chiraquiens fidèles ou des chiraquiens rebelles, mais des chiraquiens. Même chose pour les petits pouces qui se pressent derrière, les Baroin, Pécresse, NKM… En fondant l’UMP en 2002, Jacques Chirac gagnait une guerre de 30 ans contre son meilleur ennemi, Giscard. L’UMP fut d’abord cette gigantesque opération alimentaire : le RPR mangeait l’UDF.

Le prix à payer pour créer l’UMP

Mais la digestion avait un prix : les idées de l’UDF. L’Europe, le libéralisme, la décentralisation… Tout ce que les gaullistes avaient combattu avec férocité devenait les tables de la loi du nouveau parti. L’UMP est restée cette droite télécommandée du centre. Une hydre à deux têtes : une UDF dirigée par des RPR, un parti orléaniste commandé par des bonapartistes, des notables dirigés par des sous-lieutenants. Ce secret de famille est ce qui lie malgré tout les trois rivaux, mais il divergent sur la manière de l’assumer.

Deux candidats ouvertement du centre

Fillon est paradoxalement le moins dissimulé. Son ancienne admiration pour Philippe Séguin ne doit pas faire illusion : son engagement pour Balladur lors de la présidentielle de 1995 est sa véritable estampille. Fillon est un centriste balladurien. À l’époque, Juppé était en face, chez Chirac, mais par fidélité personnelle. La campagne contre la fracture sociale lui paraissait grandiloquente. Il fut le Premier ministre du virage de la rigueur, déjà. C’est lui aussi un centriste qui se pare des plumes de paon du gaullisme. Il y ajoute une sensibilité politiquement correcte sur les questions d’immigration. Il a détesté les débats sur l’identité nationale et il diagnostique dans toute critique de l’islam une fièvre islamophobe.

Copé : de droite, mais en paroles seulement

Jean-François Copé est aux antipodes : il n’a pas hésité, lui, à se battre pour l’interdiction de la burqa, il a soutenu Nadine Morano qui proclamait ses valeurs communes avec le FN. Copé a compris une leçon de l’histoire politique française : l’UDF est souvent vaincue par le RPR, les sous-lieutenants bonapartistes sont plus populaires que les notables orléanistes. Si l’UMP avoue sa véritable nature, c’est donner les clefs du pouvoir au FN. Mais Copé a déjà posé ses limites : il demeure hostile à tout accord électoral avec le FN, il s’est allié à Jean-Pierre Raffarin, le sénateur centriste qui se proclame humaniste. Des trois, Copé est le seul à assumer les audaces sémantiques de Sarkozy pendant sa campagne. Audaces qui risquent de rester seulement sémantiques. Des mots, quoi… Ce que les électeurs ont déjà reproché à Sarkozy.”

L’avenir du FN est dans le gaullisme

“Le mythe médiatique de la droitisation de l’UMP” ? “Une tentative verbale de revenir aux sources du RPR” selon Éric Zemmour. Et pourtant, ça a failli marcher. Car si l’UMP est bien devenue une UDF, le FN est loin de s’être transformé en RPR. Manque à l’appel un Charles Pasqua pour l’organiser et peut-être un Charles De Gaulle pour l’inspirer !”

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