Immigration : pas de politique sans une volonté claire

L’immigration clandestine révèle la menace qui pèse sur nos démocraties. L’essence même de la démocratie est la volonté générale. Lorsque celle-ci plie devant la volonté, l’acharnement parfois, des migrants, et cède à la compassion , une lecture apparemment généreuse des droits de l’homme remet sournoisement en cause la démocratie. Dans ce régime, le souverain est le peuple et la politique menée en son nom doit évidemment correspondre à l’expression de sa volonté. Or, comme l’avait remarquablement anticipé Jean Raspail dans « le Camp des Saints », la poussée migratoire du sud vers le nord engendre une sorte d’anémie de la volonté, un fatalisme qui s’apparente à celui que l’on peut connaître face à une évolution naturelle. Paradoxalement, les mêmes qui accusent l’activité humaine d’être à l’origine du réchauffement climatique et appellent à un sévère contrôle pour stopper le phénomène sont aussi ceux qui réclament l’ouverture des frontières et l’accueil de toute la misère du monde, comme si cela s’inscrivait dans la nature des choses. Or, les migrations dépendent entièrement de décisions individuelles et conscientes, non la production de CO2 par un Etat et sa population. Les migrants font le choix du départ, et le plus souvent moins pour échapper à la misère que pour rejoindre l’îlot de relative prospérité que constituent les proches parvenus à s’implanter en Europe. Les guerres qui se développent dans un pays sont déterminées par des politiques. Elles continuent par la volonté de ceux qui les entretiennent ou ne cherchent pas à les arrêter. Par exemple, le rôle de la Turquie dans la guerre civile syrienne est clair aujourd’hui aux yeux du monde entier. Ces conflits sont les moteurs principaux de l’immigration clandestine : elles les motivent souvent, et les justifient, notamment au travers du droit d’asile. De même, l’absence d’intervention efficace des pays destinataires des migrations pour rétablir l’ordre sur le trajet des migrants est bien une volonté des gouvernants. La situation créée en Libye par l’action intempestive de Sarkozy et l’inaction de son successeur est directement l’une des causes du flot migratoire actuel.

Les pays qui ont le plus à faire face à ces arrivées massives sont des démocraties, comme l’Italie, la France ou le Royaume-Uni. Leurs pouvoirs semblent plus ou moins désarmés contre le phénomène. Sensibles aux réactions émotionnelles d’une partie de l’opinion publique, elles ne peuvent paraître indifférentes aux noyades en méditerranée, ni aux victimes qui ont voulu à tout prix passer en méconnaissant les risques des moyens utilisés. Tout un réseau associatif se charge d’ailleurs de culpabiliser les Etats et les organismes impliqués en oubliant la responsabilité première des personnes qui se trouvent là où il ne faudrait pas qu’elles soient. Il conviendrait donc d’accepter l’inévitable au risque de provoquer un nouvel appel d’air. Alors, les gouvernants en charge de la volonté générale de leurs peuples, nullement condamnés à obéir aux minorités agissantes, aux médias influents et autres personnalités du spectacle, adoptent une attitude confuse. Les Britanniques, forts de leur insularité, ont apparemment le discours le plus ferme. Le solde migratoire a été de 318000 en 2014 contre 209000 en 2013. 268000 européens et 290000 issus d’autres continents ont débarqué l’année dernière en Grande-Bretagne. David Cameron a promis de durcir sa politique. La population le réclame, mais curieusement le sujet n’a guère été évoqué durant la dernière campagne. Depuis 2010, le Royaume-Uni a créé 1,7 million d’emplois. C’est un aimant pour ceux qui cherchent du travail, qui explique Calais, et les milieux économiques, contrairement à la majorité de la population, ne sont pas hostiles à la pression exercée sur le coût du travail par cet afflux. L’Italie qui connaît une situation économique beaucoup moins favorable subit quant à elle les conséquences de son exposition géographique : l’anarchie libyenne, les réseaux mafieux de passeurs amènent sur ses côtes des demandeurs d’asile, qui pour beaucoup cherchent une activité et des revenus plutôt qu’ils ne fuient une menace. Elle réclame donc sans l’obtenir une action efficace de l’Europe et une répartition des prises en charge. La France offre le spectacle le plus baroque : elle essaie de bloquer les entrées de l’Italie et les sorties vers l’Angleterre, pendant que des Afghans occupent illégalement un collège public, en région parisienne, sous l’oeil de policiers contraints à la passivité. 89 soldats français sont allés mourir en Afghanistan. On pourrait exiger des ressortissants de ce pays davantage de respect du nôtre, en les raccompagnant dans leur patrie.

La France continue à être la championne de l’ambiguïté en matière d’immigration. Comme le fait remarquer Jean-Paul Gourévitch, notre pays est en pôle position en Europe pour les demandeurs d’asile. « C’est elle qui offre les meilleures prestations en matière médicale et sociale aux migrants en situation irrégulière et qui accorde la meilleure protection aux mineurs isolés… La longueur des délais d’instruction… même si les 3/4 des demandes sont finalement rejetées, permet aux demandeurs d’asile de s’installer. » Une Loi sur le droit des étrangers est actuellement en gestation. Elle devrait raccourcir les délais, mais aussi faciliter les régularisations et les acquisitions de nationalité. L’expression d’une volonté politique doit être plus claire : l’immigration en France n’est ni utile, ni souhaitable, compte tenu du contexte économique et des menaces qui pèsent sur la cohésion nationale. Il faut donc limiter le flux migratoire légal à des quotas définis par les besoins économiques, aujourd’hui quasi inexistants et tarir les sources de l’immigration clandestine. On ne peut viser cet objectif sans intervenir dans les pays d’origine pour y rétablir la paix et pour contribuer à leur développement.

Related Articles

16 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • Yves Tarantik , 18 août 2015 @ 18 h 24 min

    Oui et sanctionnons, au moins financièrement pour commencer, ces associations qui aident les immigrants clandestins à rester même après les refus légaux de régularisation.
    Il va de soi qu’il faut engager une politique d’aide aux pays “fournisseurs” mais pas de celles qui abondent les comptes en Suisse ou ailleurs de politiciens corrompus, comme c’est trop souvent le cas.

Comments are closed.