Au secours ! Non, notre pays n’est pas bête à ce point !

Pourquoi le cacher ? Je ressentais, comme beaucoup de compatriotes, une certaine fierté d’être français. Certes, je me méfiais aussi de l’arrogance où peut conduire son excès. J’ai toujours évité de brandir les prétendues exceptions nationales qui justifient les pires de nos erreurs. Aujourd’hui, le sentiment qui m’habite, lorsque je découvre les nouvelles du matin, est à l’opposé. Sommes-nous donc devenus si bêtes ? J’avoue même ne plus savoir par quel bout prendre la question tant les sujets sont nombreux. Il y a d’abord la guerre des mots. Faute d’avoir la moindre prise sur une réalité qu’il méprise à force d’être incapable de la reconnaître, le monde médiatico-politique s’est enfermé dans la sphère politiquement correcte des mots, les sacrés et les tabous. Ainsi, la Gôôche idéologique, c’est à dire dénuée de la moindre idée intelligente, se dresse avec horreur contre l’évocation d’un contrôle renforcé des chômeurs pour lutter contre les fraudes. Il y a tellement de chômeurs qu’on ne peut en plus les stigmatiser en les suspectant. Tel est le message. Le Ministre du travail ferait mieux de créer des emplois… Comme si un Ministre en créait en dehors de son cabinet ou de son administration, ou encore par une aide publique ! Si nous parlons d’emplois véritables, d’emplois utiles, il n’en crée aucun. Il peut, au mieux, par la loi ou le règlement, favoriser la compétitivité du pays, l’investissement public ou celui des entreprises, le pouvoir d’achat des consommateurs. Il peut aussi créer un système cohérent de retour à l’emploi. Dans les pays socio-démocrates qui ont entrepris des réformes il y a plus de vingt ans, on a compris cela. Au Danemark, par exemple, on verse des allocations très correctement, mais on forme, on contrôle et on sanctionne. On ne se bat pas sur le vocabulaire.

En ce mercredi, la guéguerre scolaire est ouverte. Il ne s’agit pas de celle qui avait un motif noble, la défense de la liberté de l’enseignement. Il s’agit une fois de plus du désordre gaulois provoqué par une réforme mal conçue, mal présentée, et encore plus mal mise en oeuvre. Les rythmes scolaires français sont mauvais. Cela ne fait aucun doute. Les années sont trop courtes et les jours, trop peu nombreux, sont trop longs. Que les enfants se lèvent à la même heure cinq jours de suite est un progrès. Il serait même préférable qu’ils le fassent sept jours sur sept, même lorsqu’ils ne vont pas à l’école, et qu’ils soient en classe pendant quarante-quatre semaines. Mais comme il est hors de question d’augmenter le temps de travail des enseignants, de diminuer la disponibilité au tourisme, et de priver nos chérubins de leurs grasses matinées, la solution d’un vrai problème est devenue la source d’un débat, puis d’un combat médiatiquement porteur pour certains maires. L’école doit-elle être une compétence de l’Etat ? A part les programmes et le contrôle des aptitudes éventuellement, le reste pourrait être décentralisé et privatisé, ce qui lui donnerait plus de souplesse. Dans le cas présent, l’Etat utilise son monopole en imposant « sa » réforme aux communes. Certaines d’entre elles pour des raisons financières ou partisanes s’empressent de s’y opposer avec la frondeuse jouissance de désobéir. Bref, notre pays si malin, dirigé par une élite politique des plus brillantes, s’est une fois de plus pris les pieds dans le tapis d’une réforme absolument nécessaire dont il est parvenu à faire une difficulté superflue imposée pour le plaisir « d’emmerder les Français », comme le disait notre dernier bon Président, Georges Pompidou.

Mais, le plus profond de l’abîme de ce matin, c’est le ramdam provoqué autour du bouquin de l’ex et éphémère première dame. Jamais on a tant entendu ce titre que lorsqu’il venait compenser le sentiment que la personne en question n’avait justement aucune raison de se trouver là. Le livre imprimé en Allemagne confirme que cette impression était la bonne. La dame était à l’Elysée pour un reportage, et elle n’hésite pas à développer le seul sujet qui l’intéresse, et on s’en doutait à la voir, elle-même. Peu lui importe qu’elle ait introduit une situation équivoque autour de la Présidence ! L’institution et le pays doivent payer le prix du crime de lèse-première-dame. On apprend donc ce qui se passait dans la salle de bains présidentielle et que le Président avait suffisamment de temps et de liberté d’esprit non seulement pour faire du scooter, mais encore pour essayer de se rabibocher avec la concubine humiliée. Cette publication est indigne. Sa vente engendrera sans doute une compensation financière pour le préjudice subi, et une publicité très profitable pour l’employeur actuel. Elle révèle surtout que des gens qui occupent le pouvoir ou en sont proches peuvent totalement inverser l’importance qu’on doit donner à l’honneur de servir la France et aux émois intimes que suscite la vanité. L’indécence de ceux qui ne respirent pas à la hauteur qu’ils occupent , pour paraphraser Montherlant, n’est pas uniquement celle de l’auteur. Elle est contagieuse et contamine tous les acteurs de ce triste vaudeville. A entendre ce qu’on appelle, sans doute par antiphrase les « bonnes pages », on découvre que le locataire de l’Elysée et ses plaisanteries douteuses sur les pauvres, les « sans-dents », ne sont là où il sont que par l’usurpation des idées et l’imposture des valeurs. Il est plus que temps de leur indiquer le chemin de la sortie.

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29 Comments

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  • montecristo , 4 septembre 2014 @ 14 h 20 min

    Placide
    Oui … et Non !

    Les enseignants allemands sont plutôt partagés sur le sujet.

    D’un côté on vante le rythme français qui permet de se lever plus tard et de déjeuner à midi.
    De l’autre … on préfère être libre l’après midi.

    Rien n’est parfait !

  • montecristo , 4 septembre 2014 @ 14 h 26 min

    Oui Goupille !
    J’ai connu ça !
    Mais il faut considérer que l’Allemagne ne considère pas l’école comme une garderie !
    Pas comme chez nous !

  • Placide , 4 septembre 2014 @ 15 h 34 min

    Non rien n’est parfait et cette histoire de rythme scolaire est une bouteille à l’encre qui ne mettra jamais tout le monde d’accord…
    Ce n’est donc pas là-dessus qu’il faut se battre en priorité, mais bien sur les “points non négociables”, en particulier sur la reconnaissance des parents comme premiers éducateurs de leurs enfants (sauf cas de parents notoirement déficients évidemment).
    Il nous faut donc revenir de toute urgence à une redéfinition de l’école publique, contrôlée seulement par un ministère de l’instruction, tandis que le mammouth de “l’éducation nationale” doit être jeté aux orties !

  • Tonio , 4 septembre 2014 @ 18 h 36 min

    “..le président est nu..”
    On s’est contenté poliment de dire jusqu’aujourd’hui “..le président est nul..” hélas ! il faut encore ôter une lettre à cette affirmation..car c’est encore trop beau pour lui. Qui eût cru que le PS tout puissant en France pût contraindre le peuple à élire ce bouffon de troisième catégorie; on savait son niveau pas bien haut, sans doute, mais tout de même pas si bas. La rencontre de ces deux égoïstes fait donc encore des étincelles, les journaleux s’en délectent et le bon peuple applaudit au spectacle navrant d’une France dont le président est présenté dans le plus simple appareil; finies les cérémonies singées, finies les péroraisons insincères, les discours surjoués sur la place de la France dans le monde, alors que cet homme n’est lui pas à sa place: allez ! dehors! et le plus tôt sera le mieux.
    Car comme Deschanel, tombé du train, en pijama, le président français a des problèmes de personnalité, on le savait, c’était notoire; qu’il est étrange que dans cette France tant vantée pour l’excellence de ses psys, il ne se soit trouvé personne ni freudien, ni lacanien pour décrire le cas ? Ô mânes de Pinel, d’Esquirol, de Charcot, de Gatian, d’Henri Ey, de Lasègue que n’êtes-vous actives pour sauver la pauvre psychiatrie française! Elle voit, mais ne pipe mot; elle sait, mais elle reste bouche cousue, abandonnant le pays à une irréversible et profonde déprime.

  • Dofiar , 4 septembre 2014 @ 23 h 03 min

    Ceux qui disent ne pas être fiers d’être français sont ceux qui font l’amalgame entre France et république.

    Je ne la fais pas, et pour cause, je suis royaliste et, en fac de droit, nos professeurs nous ont appris à faire la distinction : la France, c’est un peuple et un territoire ; la république n’est qu’un régime parmi d’autres. La république, c’est le système politique qui donne aux pauvres le sobriquet méprisant de “sans-dents”.

    Si j’étais républicaine, j’aurais honte d’être républicaine du fait que la république serait le régime que je soutiendrais, mais je serais fière d’être française.

    Etant donné que la république n’est pas le régime que je soutiens, je suis fière d’être française et royaliste.

    Quant à la république, Valérie Trierweiler lui a donné le coup de grâce en révélant le mensonge national enseigné à nos enfants depuis 200 ans comme quoi la république aimerait les pauvres. Elle s’en sert en disant qu’elle les aime, par clientélisme électoral et surtout pour garder le pouvoir, mais à huit clos, elle se moque d’eux. Fini l’hypocrisie !

  • Vautrin , 5 septembre 2014 @ 13 h 43 min

    En effet, il l’est, sinon nous serions des millions dans la rue, armés de bâtons, pour chasser toute cette racaille !

  • Tonio , 5 septembre 2014 @ 20 h 20 min

    «La fonction présidentielle doit être respectée..» sans doute et sans dents, oui! mais à commencer par le président soi-même; la république exemplaire c’est donc encore et toujours celle de petits arrangements entre copains, entre maîtresses, entre patrimoines pas ou mal déclarés, entre impôts pas ou mal payés.
    Quelle que soit la gaffe de Valérie, la bassesse de sa vengeance, la France entière lui est reconnaissante d’avoir attaché le grelot, d’avoir levé les voiles sous lesquels Hollande tripotait la vertu, violait la vérité, en cocufiant ses électeurs(-trices).
    Hollande n’était pas grand chose, oui ! on le savait, il n’est plus rien maintenant; encore merci Valérie…Encore un coup comme celui-là, se dit Hollande, le Omar de l’Elysée, et je suis mord..

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