Une bonne nouvelle

Rassurez-vous, ce n’est pas de la sortie de la calamiteuse Mme Taubira que j’ai l’intention de vous entretenir aujourd’hui. Je n’ai, en effet, guère envie de m’étendre plus qu’il ne convient sur le renvoi par MM. Vals et Hollande de celle que la majorité des Français (contrairement à ce qu’aimeraient bien nous faire croire tous nos medias bien-pensants) ne regretteront absolument pas, tant celle-ci, au contraire, aura eu le don de les exaspérer. Aussi bien pour son laxisme et sa totale impéritie face à la montée cataclysmique dans notre pays de la délinquance que pour son arrogance et son indéfectible attachement à tous ses partis-pris idéologiques, pour son refus obstiné de tenir compte de toute critique quelle que soit sa pertinence et pour sa propension quelque peu paranoïaque à considérer que quiconque avait l’audace de ne pas tomber immédiatement d’accord avec elle n’était qu’un vilain raciste à qui sa peau noire donnait des boutons !

Non, ce dont je voudrais me féliciter ici, devant vous, c’est de l’entrée à l’Académie Française d’Alain Finkielkraut. Pourquoi ? Et bien parce que celui à qui, en l’élisant et l’accueillant en son sein, cette noble compagnie a voulu faire honneur et accorder une pleine reconnaissance, c’est tout à la fois un esprit ouvert et fin, d’une culture tournée vers l’universel aussi étendue qu’approfondie, et un très valeureux combattant pour la défense et l’illustration de sa patrie d’adoption, de sa langue et de sa littérature, de ses paysages et de ses terroirs comme de ses façons de vivre, bref de tout ce qui fait la spécificité de notre « civilisation française » (i.e. le mode d’être au monde qui nous est propre, à nous autres Français).

En effet « Finky », nul ne l’ignore, bien que né de parents étrangers tardivement naturalisés (ils étaient juifs polonais et son père, un ouvrier maroquinier, était même rescapé d’Auschwitz), sans jamais renier pour autant ses origines étrangères et populaires, a su bien mériter de la France. Par gratitude envers elle, il s’est senti obligé de lui rendre un peu de ce qu’il avait conscience d’en avoir reçu et de lui devoir. Aussi, plutôt que de se livrer à des remises en cause radicales et définitives, il a préféré humblement faire fructifier sa part de l’héritage. Parti, comme beaucoup de jeunes crétins de sa génération (je la connais bien, c’est la mienne !) des rivages stériles et bornés d’un gauchisme soixante-huitard arrogant et sectaire, volontiers éradicateur et adepte de la tabula rasa, il ne tarda pas pour sa part à s’en éloigner à grands pas pour consacrer toute son énergie de lecteur et d’écrivain, de professeur et d’homme de radio, à aller à la rencontre des esprits du passé et du présent dont la pensée – quelle qu’elle fût – était susceptible d’enrichir sa réflexion, de nourrir son esprit et celui de ses lecteurs et auditeurs, des esprits donc dont la pensée méritait d’être – par lui et pour eux – présentée et abordée avec curiosité et sympathie, fréquentée et questionnée avec patience et respect.

Loin de s’autoriser à « cracher dans la soupe » et d’aller consacrer tous ses efforts, comme un vulgaire Bourdieu (pourtant lui aussi d’une origine populaire très modeste), à dénigrer et disqualifier l’école de la République, laquelle lui avait permis de devenir ce qu’il était devenu, il eut au contraire le souci de lutter, inlassablement mais hélas jusqu’ici en vain, contre les destructeurs acharnés de cette école, tous ces prétendus « pédagogues » qui, au nom d’un combat contre l’élitisme et pour toujours plus d’égalitarisme, y ont rendu presque impossible la saine transmission des savoirs (c’est ainsi que l’on assiste aujourd’hui à l’enterrement, par une autre calamiteuse ministresse, Mme Vallaud-Belkacem, de ce qui demeurait encore des « humanités », i.e. de la découverte de notre si précieux héritage gréco-latin) et ont transformé la plupart des établissements scolaires en des lieux de moins en moins propices à l’étude, où règnent en maîtres la paresse et le désordre.

Il a aussi pris courageusement la défense de son ami Renaud Camus, aux prises avec la meute hurlante qui le taxait d’antisémitisme (un péché aujourd’hui capital aux yeux de nos nouveaux chasseurs de sorcières !). Lequel Camus devait ensuite aggraver son cas en dénonçant« le grand remplacement » selon lui mis en œuvre depuis plus de 30 ans par nos hommes politiques de gauche comme de droite à l’encontre de la population française autochtone. C’est sans doute en pensant à lui que Finkielkraut fut amené à proclamer cet adage devenu proverbial : « L’antiracisme, c’est le communisme du XXIème siècle ». Comme son prédécesseur en effet, celui-ci installe et fait fonctionner une véritable tyrannie intellectuelle, laquelle voudrait empêcher quiconque de penser et de parler librement, laquelle voudrait intimider et faire taire toutes les voix qui osent refuser de se soumettre à sa vision réductrice et manichéenne du monde. Aussi bien un Eric Zemmour ou un Philippe de Villiers qu’un Michel Onfray ou un Régis Debray.

Sur la poignée de l’épée, qu’avec l’habit vert les traditions quelque peu folkloriques de l’Académie imposent au nouvel « immortel » d’arborer, Finkielkraut a fait graver un aleph (première lettre de l’alphabet hébraïque), une tête de vache (son animal fétiche dont la paisible rumination lui évoque la méditation patiente du penseur) et une phrase de son cher Péguy, écrivain auquel il a consacré un de ses plus beaux livres intitulé « Le mécontemporain » : « La République une et indivisible, c’est notre royaume de France ». Voilà qui nous fera une excellente conclusion que je me permets d’inviter mon lecteur (si celui-ci ne s’est pas encore lassé et a bien voulu me suivre jusqu’ici) à ruminer tranquillement dans son étable ou dans son pré favori !

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8 Comments

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  • Marino , 5 février 2016 @ 16 h 56 min

    C’était il y a deux semaines, et pourtant : l’intervention d’une professeure d’anglais musulmane sur le plateau de Des paroles et des actes, le 21 janvier, continue de faire des vagues. Retour sur une polémique qui dure, alors que l’émission accueille ce jeudi soir Nicolas Sarkozy.

    – Ce qui s’est passé
    Ce devait être une scène de télévision comme il s’en produit souvent. Le 21 janvier, Des paroles et des actes, émission politique de France 2 présentée par David Pujadas, accueille deux invités pour parler de l’état de la France : l’essayiste Alain Finkielkraut et l’homme politique Daniel Cohn-Bendit. Choc frontal ? Non, plutôt une conversation amicale entre deux hommes qui ne pourront réprimer, d’ailleurs, quelques tutoiements. Et puis vient le moment, classique, où l’on va faire intervenir quelqu’un de la vraie France – Finkielkraut, qui s’apprête alors à prendre la parole, lâche un «oh non…».

    Cette personne se trouve, depuis le début, dans le public de l’émission : elle s’appelle Wiam Berhouma.
    David Pujadas la présente comme une professeure d’anglais à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) : «Vous n’êtes encartée dans aucun parti, je précise que vous avez fait partie d’une liste citoyenne aux dernières régionales [liste dont le programme se trouve à cette adresse, ndlr], vous êtes de confession musulmane, et c’est sur ce sujet de la religion que vous souhaitez vous adresser à Alain Finkielkraut. Que souhaitez-vous lui dire, que souhaitez-vous lui demander ?» Dès le départ, David Pujadas cadre ainsi les choses : il y aura une question de Wiam Berhouma, et une réponse de Finkielkraut.

    Problème : Wiam Berhouma n’a pas simplement envie de se limiter à une question. Pendant une minute quarante, elle rappelle donc le contexte dans lequel vivent les Français musulmans aujourd’hui : des actes islamophobes qui ont triplé, mais aussi «une discrimination dans les institutions, et là je pense aux discriminations au logement, je pense aux discriminations à l’éducation, à l’emploi, etc.»
    Et sa question ? David Pujadas la presse d’abréger.

    Pourtant Wiam Berhouma tient bon, et ira au bout de son argumentaire, malgré les interruptions. L’association de critique des médias Acrimed en a décompté 25, par Alain Finkielkraut et le présentateur, dans la deuxième partie de son intervention, d’une durée de quatre minutes, qui s’achève sur une référence à une séquence devenue célèbre sur Internet : «Pour le bien de la France, taisez-vous M. Finkielkraut.»

    Rien alors ne permet de penser qu’une polémique vient de commencer, qui s’éternisera deux semaines.

    Mais sur Twitter, la fachosphère est déjà sur les rangs, prête à déterrer le passé de Wiam Berhouma. France 2, qui n’ignore pas le potentiel viral de la chose, isolera une petite minute trente de l’échange.

    -Source Liberation Ce qui s’est passé
    Ce devait être une scène de télévision comme il s’en produit souvent. Le 21 janvier, Des paroles et des actes, émission politique de France 2 présentée par David Pujadas, accueille deux invités pour parler de l’état de la France : l’essayiste Alain Finkielkraut et l’homme politique Daniel Cohn-Bendit. Choc frontal ? Non, plutôt une conversation amicale entre deux hommes qui ne pourront réprimer, d’ailleurs, quelques tutoiements. Et puis vient le moment, classique, où l’on va faire intervenir quelqu’un de la vraie France – Finkielkraut, qui s’apprête alors à prendre la parole, lâche un «oh non…».

    Cette personne se trouve, depuis le début, dans le public de l’émission : elle s’appelle Wiam Berhouma. David Pujadas la présente comme une professeure d’anglais à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) : «Vous n’êtes encartée dans aucun parti, je précise que vous avez fait partie d’une liste citoyenne aux dernières régionales [liste dont le programme se trouve à cette adresse, ndlr], vous êtes de confession musulmane, et c’est sur ce sujet de la religion que vous souhaitez vous adresser à Alain Finkielkraut. Que souhaitez-vous lui dire, que souhaitez-vous lui demander ?» Dès le départ, David Pujadas cadre ainsi les choses : il y aura une question de Wiam Berhouma, et une réponse de Finkielkraut.

    Problème : Wiam Berhouma n’a pas simplement envie de se limiter à une question. Pendant une minute quarante, elle rappelle donc le contexte dans lequel vivent les Français musulmans aujourd’hui : des actes islamophobes qui ont triplé, mais aussi «une discrimination dans les institutions, et là je pense aux discriminations au logement, je pense aux discriminations à l’éducation, à l’emploi, etc.» Et sa question ? David Pujadas la presse d’abréger.

    Pourtant Wiam Berhouma tient bon, et ira au bout de son argumentaire, malgré les interruptions. L’association de critique des médias Acrimed en a décompté 25, par Alain Finkielkraut et le présentateur, dans la deuxième partie de son intervention, d’une durée de quatre minutes, qui s’achève sur une référence à une séquence devenue célèbre sur Internet : «Pour le bien de la France, taisez-vous M. Finkielkraut.» Rien alors ne permet de penser qu’une polémique vient de commencer, qui s’éternisera deux semaines. Mais sur Twitter, la fachosphère est déjà sur les rangs, prête à déterrer le passé de Wiam Berhouma.
    France 2, qui n’ignore pas le potentiel viral de la chose, isolera une petite minute trente de l’échange.

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