L’écotaxe fait déjà des dégâts et c’est tant mieux

Catastrophe mes petits amis c’est la panique c’est horrible c’est abominable rien ne se passe comme prévu ! L’écotaxe, qui devait rapporter 450 millions d’euros, a été suspendue et ne pourra donc financer la grosse centaine de projets planifiés ! Et on découvre à peine l’horreur de la situation et l’ampleur des dégâts…

Je résume : à la suite de la gronde aussi mémorable que bretonne de novembre dernier symbolisée par des bonnets rouges, le gouvernement, solidement armé de sa petite paire de raisins secs en guise de gonades, a vaillamment reculé et repoussé son projet d’écotaxe vivifiante et citoyenne en jugeant que ça ne valait peut-être pas le coup de se mettre encore plus mal qu’il ne l’était déjà, municipales approchantes. À la suite de quoi, il a été prudemment décidé de ne mettre en vigueur l’écotaxe qu’à la fin de l’année 2014, lorsque les échéances électorales seraient passées, la courbe du chômage inversée et les conflits en Afrique apaisés avec le brio qu’on peut déjà imaginer sans mal.

Étonnante reculade s’il en est tant cette écotaxe était attendue avec ferveur par tout ce que la France compte d’écologistes enfiévrés qui ont bien compris qu’en rendant l’écologie punitive, en tabassant consciencieusement les citoyens de taxes et d’impôts, on allait enfin rendre à la France son aspect originel d’avant ces années de dérives technologiques, d’avant l’invasion de César et ses légions carbono-dépensières. Et en plus de ce bon fouettement vigoureux des ânes consuméristes et pétro-propulsés, l’écotaxe devait rapporter 800 millions d’euros qu’on vous dit, mais si, mais si.

À l’analyse, bien sûr, n’importe qui pouvait se rendre compte que les chiffres et les assertions péremptoires sur les bienfaits et les rendements de la taxe étaient parfaitement fantaisistes (voire foutaisistes, pour le dire plus clairement) : des entreprises avaient malencontreusement parié sur la capacité de l’Etat à tondre encore un peu plus les contribuables, ces derniers s’étaient rebiffés, l’argent promis ne serait pas là, il fallait en faire son deuil. Et à la limite, si l’une ou l’autre coquine d’entreprise mouillée dans cette désastreuse idée pouvait calancher et montrer que faire des affaires avec l’Etat, c’était dangereux, peut-être toute cette affaire serait-elle finalement bénéfique dans ce pays où la corruption et les petits arrangements sont foison.

En attendant ces (trop hypothétiques) faillites ou cette (utopique) prise de conscience, et comme je l’expliquais en introduction, des effets se font cependant déjà sentir à la suite de la démonstration de pragmatisme de notre gouvernement. En effet, l’État avait tablé que le racket Écotaxe devait lui permettre de détourner 450 millions d’euros de la poche des contribuables vers ses propres paniers percés. Mais avec le petit revirement ayraultique, il n’en est plus question. Dès lors, certains projets tombent à l’eau.

Je sens que quelques uns, à la lecture des lignes qui précèdent, n’ont pas bien compris l’importance de l’information, alors je vais résumer clairement : les recettes de l’État diminuent, certains robinets s’assèchent, des projets idiots vont disparaître. C’est, véritablement, révolutionnaire dans ce pays où la dépense publique n’a pas cessé d’augmenter.

 

Et quand je dis « projets idiots », je ne prend en réalité aucun risque : à lire les projets qui ne pourront voir le jour par manque de fonds, on est tout de suite rassuré. Des bus, des trams, des parkings à vélo et autres bricolages intermédiaires à base de tram-train et autres trucmuches fumants, tous réclamés à corps et à cris par … des maires (juste avant les municipales, c’est vraiment commode, hein), dans cette épuisante course à la surenchère équipementière, marque subtile d’une gestion communale irréprochable.

Ah, quelles belles idées que de dépenser des centaines de millions d’euros dans des lignes de trams qui cumulent l’inconvénient des aléas de circulation des bus avec celui des parcours fixes des trains, de surcroît extrêmement coûteux à installer ! Quel principe génial que celui de claquer des sommes colossales de la poche des contribuables dans des aménagements urbains dispendieux alors que les principaux problèmes urbains, les bouchons, sont précisément causés … par les aménagements urbains !

Et puis, c’est tellement agréable de savoir, en tant qu’automobiliste, qu’une partie des taxes qui nous sont ponctionnées contribue à lutter contre la pollution en faisant rouler des bus de 15 tonnes qui crament 40L/100, qui sont vides 80% du temps, et qui distribuent de la particule diesel comme d’autres des flyers électoraux ! Comment ne pas agréer de tout son cœur à l’idée que les camions, puis les voitures, seront ponctionnés au titre de l’écotaxe pour financer à perte des lignes de bus vides, des trams lourds et bruyants et des systèmes de vélos bobos dont on retrouve la tracejusqu’à Bamako … (Z’inquiétez pas, tout ça, c’est de la rumeur : les bus ne sont jamais vides puisqu’ils ont toujours au moins une personne à bord, les trams sont carbone-neutre, c’est une évidence, et les vélos sont bien volés mais ne vont pas jusque dans le Névada, bien sûr.)

Non, décidément, cette histoire d’écotaxe est une superbe démonstration de tout ce qui va mal dans ce pays : les connivences des industriels avec l’État sont en train de se retourner contre eux ce qui aura peut-être le bonheur de calmer les ardeurs des autres prétendants à la sous-traitance du Moloch. Les collectivités se retrouvent avec des trous pour financer leurs lubies pré-électorales, ce qui évitera sans aucun doute l’un ou l’autre naufrage débile et prévisible auxquels elles nous ont déjà pas mal habitué par le passé (Emprunts « toxiques », anyone ?)

Et surtout, l’écotaxe, par la façon dont elle a été repoussée, montre qu’il existe, bel et bien, des façons efficaces de faire reculer l’État et la manie de ponction qui a échappé à tout contrôle du peuple.

Qu’on se le dise.

> h16 anime le blog hashtable. Il est l’auteur de Égalité taxes bisous.

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15 Comments

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  • zouzou , 5 mars 2014 @ 8 h 10 min

    D’une pierre, deux coups, nous sommes déjà fliquer mais maintenant ils étudient le moyen d’arrêter un moteur de voiture à distance, les portiques c’était bien pratique, mais ils trouveront un autre système pour nous asservir le tout étant de ne pas nous laisser faire, jamais, et surtout éduquer les jeunes générations, c’est à la maison que l’enfant s’éduque “pas à l’école” l’école doit les instruire c’est tout, donc soyons vigilants, ils ont des idées, nous avons les moyens que le nombre nous procure.

  • zézé , 5 mars 2014 @ 13 h 57 min

    Bah ils font de la reculade avec les portiques, mais la vignette prévue pour septembre et rétroactive à Janvier 2014 , fera le remplissage… pas de problème… car 4 mois après “ils” referont appel à nous vache à lait pour celle de 2015 mais bien évidemment n’en parleront qu’à la veille des grandes vacances 2014, comme cela personne ne dira rien…

  • Mizette , 5 mars 2014 @ 15 h 35 min

    C’est curieux, lorsque j’ai entendu tout ce qu’on ne pourra pas faire à cause du manque à gagner de cette “éco-taxe” j’ai immédiatement pensé à “Perrette et le pot au lait”.
    Adieu, veaux, vaches, cochons !

  • bernique , 5 mars 2014 @ 17 h 55 min

    Ça serait top beau, mais on peut essayer !

  • eric-p , 5 mars 2014 @ 19 h 02 min

    La contre-attaque a déjà commencé sur France Dieu:
    De gentils journalistes sint allés interroger des citoyens strasbourgeois parce que les travaux du Tram devaient justement être financés par…..L’cotaxe !!!
    La ficelle est un peu grosse, non ?
    Savez-vous combien coûte un billet de tram à Strasbourg ?
    Quel est le pourcentage d’utilisateurs paient réellement le tram à Strasbourg ?

  • ranguin , 6 mars 2014 @ 7 h 29 min

    C’est une habitude pour faire évoluer le transport urbain. Le seul problème est qu’ils prennent ses taxes dans la poche de tous les Français pour le bénéfice de grandes villes.
    Le 1% sur les salaires que l’on attribuait aux transports fut pendant des années versés à la RATP.
    Moi, paysan, que voulez vous que je foute du métro parisien ? En attendant dans mon canton nous n’avons aucun moyen de transport public. De plus la SNCF ne nous a accordés que deux trains par jour. Un à 6 heures du matin et un autre au retour à 6 heures le soir. Cependant les salariés de mon canton ont payé les 1% pour les transports.
    Cherchez l’erreur.

  • ranguin , 6 mars 2014 @ 7 h 32 min

    C’est vrai ! Celle là ils l’appelleront “vignette en mémoire de l’ancienne prévue pour les vieux que les cons ont payées pour nous engraisser”.

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