Hollande : Objectif pouvoir !

Tribune libre de Christian Vanneste*

La stratégie de François Hollande a décollé. Il s’agit d’une fusée à trois étages dont l’ingéniosité consiste en ce que chacun des étages a pour but de cacher le suivant, le but n’étant pas de faire, mais de cacher qu’on ne fait pas. Le « François » s’avance masqué, sous le regard méprisant, puis surpris et peut-être bientôt désabusé des bandes éparses de l’opposition où se mêlent le néant idéologique habituel dans ce qu’il est convenu d’appeler la « droite » et les ambitions personnelles qui y prospèrent en proportion inverse des talents et des compétences. Après l’euphorie d’un début de mandat chaotique et cahotant, l’opposition s’était pris les pieds dans les palinodies de l’UMP, et avait trouvé le moyen de se relever en rejoignant les défilés organisés par la société civile contre le mariage pour n’importe qui. Elle attendait Hollande sur la Famille, et le « François » a attaqué sur la Patrie. Ce fut d’abord l’échec désastreux de la tentative de libération de Denis Allex lancée, comme par hasard alors qu’un million d’opposants battaient le pavé parisien. Carter n’avait pas survécu à un échec semblable pour délivrer les otages américains en Iran. La riposte, sans doute improvisée, à l’attaque islamiste contre Konna au Mali s’est révélée un coup de génie : elle a fait oublier la Somalie ; elle a contraint l’opposition à l’unanimisme patriotique ; elle a sans doute ému beaucoup de vrais patriotes, ravis de voir l’armée française, efficace et victorieuse acclamée par les foules africaines ; elle a permis au « François » de déployer sa fierté nationale, avec un soupçon à peine perceptible de repentance gauchisante sur la dette coloniale : un « sans-faute » auprès duquel les armes de Kadhafi répandues dans le désert djihadiste, la dérive de « nos » protégés de Benghazi, et « l’Homme africain qui n’est pas assez entré dans l’Histoire » prennent l’allure de maladresses coupables.

“Le Président n’est certes pas un grand homme politique, mais c’est un habile politicien, un de ceux qui séduisent autant les salons parisiens par leur intelligence cynique qu’ils détruisent en profondeur le pays par leur absence de courage.”

Pendant ce temps, la stratégie du pouvoir se développe. Par le jeu des nominations, l’État PS ou plutôt « hollandais » se met en place, « naturellement » par le jeu des compétences. Après tout, Sarkozy n’avait-il pas déjà reconnu avec l’ouverture à gauche qu’il y en avait davantage qu’à droite… ? On ne dira jamais assez combien cette habileté, dont l’ancien Président paraissait si fier, était stupide puisqu’elle accentuait le complexe intellectuel de la prétendue « droite », la vraie, la décomplexée étant de toute manière bannie. J’en sais quelque chose. Le débat sur le « mariage » qui va sans doute intéresser directement moins de 1% des Français a envahi la scène politique comme le brouillard londonien la City. L’anthropologie et le Code civil bousculés, le bonheur tel que le conçoit le bon sens des Français mis à mal pour satisfaire la gauche idéologique ne sont que l’apparence, la muletta destinée à faire foncer le taureau. Certes, une fois encore, la conscience fausse de l’idéologie, concoctée dans ce que François Furet appelait les « sociétés de pensée » , va imposer une réforme sociale fondée sur une inversion du réel, qui fera de l’orientation sexuelle la réalité incontournable et du sexe une illusion d’optique. Certes, l’opposition va s’y opposer… puis s’y rallier, en ordre dispersé : d’abord, ceux qui sont « à droite » par carrière, ensuite ceux qui trouvent un intérêt personnel et privé dans la réforme, enfin la masse des professionnels dont le métier ne s’embarrasse jamais longtemps de ces fastidieuses questions de principe. La gauche idéologique va trépigner pour obtenir la procréation médicalement assistée, puis les mères porteuses par exigence féministe, écologique et « plus égalitariste que moi, tu meurs ». Le « François » ne donnera pas tout, et pas tout de suite, histoire de maintenir le brouillard dans la plaine et de se concilier une partie du marais où attendent les Bayrou et autres Borloo. Et si 1988 se cachait déjà derrière 1981 ? La gauche va sans doute perdre les municipales : de quoi multiplier les ambitions et les rivalités à « droite » et au centre, avant et après, alors même que les restrictions budgétaires vont rendre la gestion des villes de plus en plus difficile.

Reste la bataille la plus dure, celle contre la réalité économique. On ne peut résoudre les problèmes en employant les moyens qui les ont créés : dépenses publiques, emplois publics, déficits, dette, fiscalité confiscatoire et décourageante, chômage réel en croissance forte malgré les signaux superficiels qui pourront clignoter. Le « François » le sait et il temporise, contre l’intérêt du pays, mais dans celui du pouvoir. Comme Pétain en 1918, mais dans une posture moins guerrière, il attend les Américains et la reprise outre-Atlantique. Il attend la relance européenne après la purge des pays du sud et le sauvetage de l’euro, et d’ici-là, il avancera toujours aussi masqué. Pendant que Montebourg pilonnera les industriels au nom d’une politique industrielle inexistante et aux côtés de la tonitruante et calamiteuse CGT , il donnera plus discrètement les gages demandés par le patronat en général, comme on l’a vu avec le pacte de compétitivité. Le Président n’est certes pas un grand homme politique, mais c’est un habile politicien, un de ceux qui séduisent autant les salons parisiens par leur intelligence cynique qu’ils détruisent en profondeur le pays par leur absence de courage. Depuis Pompidou, la France semble avoir cassé le moule des Richelieu.

*Christian Vanneste est un ancien député UMP du Nord.

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14 Comments

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  • TIARD Martine , 6 février 2013 @ 17 h 32 min

    Donner de l’intelligence à Hollande est vraiment du plus grand comique. C’est un fonctionnaire incapable et borné qui a mis 30 ans à trouver un poste d’exécutif et qui ne sait pas travailler. C’est un petit Mitterrand, aussi nocif et nuisible, mais sans sa carrure et son intelligence “nauséabonde”. Il n’a aucune grandeur (physique ou morale ou mentale), il est étriqué jusque dans le moindre de ses gestes et dans la moindre de ses idées. Il tourne au gré du vent et du dernier qui a parlé. Alors le taxer d’intelligence, quel crime.

  • Grande Papane , 6 février 2013 @ 18 h 17 min

    Je suis assez d’accord avec Goupille.
    Le mariage homo est une fracture très profonde qui divise les français (je connais des moutons que le sujet a rendus enragés), la guerre au Mali risque de moins bien se terminer quelle n”aura commencé (sans oublier que notre pays est désormais au 1er rang des pays à abattre par les terroristes barbus : surveillez les sacs suspects dans le métro !); la réduction du chômage affichée comme objectif prioritaire est une imposture ; nous sommes de + en + isolés en Europe; le risque d”effondrement de pays comme la Grèce (cest fait!), l”Italie, l”Espagne et donc la France est loin d”être écarté; etc … etc ..

    Bref, d”ici 1 à 2 ans la cocotte minute sera chauffée à blanc : je donne 50 pour 100 de chances pour qu”il ne termine pas son mandat.

  • xanpur , 6 février 2013 @ 21 h 05 min

    S’il a les defauts de Mitterrand, en pire, il n a même pas son intelligence

  • Saz , 7 février 2013 @ 11 h 58 min

    Il a quand même été élu Président. Cela s’explique comment?

  • Saz , 7 février 2013 @ 12 h 07 min

    En fait, il est très intelligent (voir son CV), mais son manque de charisme, et son aspect ‘Flamby’ veuillent que les gens sous-estiment son habilité politique. C’est le type de politicien le plus dangereux – mou et indécis à l’extérieur, habile, indigne de confiance et cynique à l’intérieur.

  • westie51 , 7 février 2013 @ 13 h 56 min

    tout simplement parce que des gentils naïfs ont cru à son sloggan : “je vais réenchanter…..” ; le changement c’est maintenant…. promesse du vote des étrangers ; mariage homo…

    Peut-être que parmi les 50 pour cent, certains n ont pas connu 14 ans de mitterandisme, et c est sans compter ceux qui ont fait de l anti-sako…. le PS, il ne faut pas l oublier, sans le FG,PCF,EELV, Flamby ne serait pas passé !

  • Riax , 8 février 2013 @ 22 h 35 min

    L’assaut pour délivrer Denis Allex (dans la nuit du 11 au 12 janvier, à minuit, heure française) est postérieur, de quelques heures, à la déclaration de guerre aux islamistes du Mali (le 11 janvier, à 18 heures). Etant donné que l’assaut était risqué, avec une probabilité d’échec non négligeable, la déclaration de guerre pouvait avoir été prévue pour atténuer, voire effacer, les conséquences médiatiques d’un éventuel échec (en cas de réussite, elle en aurait été l’amplification). Cette planification de l’envoi de troupes au Mali désignerait donc la prise de Konna (censée être le motif de l’intervention française), le 10, comme un élément de cette planification ; hypothèse qu’étaye la grande facilité avec laquelle cette prise a eu lieu.

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