A chacun sa conscience…

Alors que l’hystérie s’est emparée d’une grande partie de ce pays dans cet entre-deux-tours, nombre d’électeurs de droite, désobligés par ce duel tant redouté, hésitent quant à la démarche à adopter. Les lignes qui suivent sont motivées par le souhait de nourrir la conscience de chacun.

Cap sur le vote Le Pen, seul choix cohérent pour un électeur de la vraie droite. Marine Le Pen veut promouvoir l’identité française, contrôler les flux migratoires, rendre sa souveraineté au pays, rationaliser les institutions, valoriser les PME françaises et surtout défendre les valeurs de la famille naturelle. En un mot, elle affiche des idées de droite ! Pourtant, malgré quelques ralliements notables, la greffe ne prend pas. L’électeur de droite ne se retrouve pas dans la petite musique frontiste. Simple peur de bourgeois trop attachés à leurs valeurs (celles de leurs compte titre naturellement…) ou réflexe de survie éminemment respectable ? C’est là que le bât blesse et que l’ire de certains pourrait se réveiller à la fin de cette lecture.

Certes, un nombre conséquent d’électeurs demeure effrayé par la marque FN, lobotomisé par des décennies de front républicain, miroir du vide intellectuel de ses adversaires. Pour eux, l’introspection est difficile car l’émotion a pris le pas sur la raison. Point de réflexion, seule la réaction compte. Ils sont acquis à Macron. Mais pour les autres ? Pour ceux que l’éventualité d’une élection de Marine Le Pen à la présidence de la République embarrasse voire rebute tout en restant conscient qu’un choix démocratique existe ?

Ils se rappelleront d’abord que le vote Macron, c’est la continuité dans l’affreux et l’affirmation des valeurs libérales-libertaires réduisant l’homme à sa fonction vénale avec comme seul horizon de produire et de consommer. Le vote Macron, c’est le triomphe de l’individu sur l’intérêt général, l’expression donnée à chacun de son ego surdimensionné avec les revendications des minorités ethniques, religieuses ou sexuelles portées au pinacle. Le vote Macron, c’est l’effacement du destin national au profil de pseudos récits individuels dominés par le sentimentalisme et le voyeurisme malsain. C’est donc en toute logique qu’Emmanuel Macron souhaite dissoudre un peu plus encore ce qui reste de souveraineté à la France, creuset de cet élan collectif, dans les méandres de structures supranationales.

Pourquoi alors ne pas franchir sans ambages le pas du vote Le Pen ? Parce qu’il lui manque probablement un souffle fédérateur, un élan positif, une confiance dans l’avenir pour ne pas seulement donner l’impression de détruire mais bien de reconstruire ! Parce que surtout ce vote est trop important, ce vote est trop engageant, ce vote est trop historique pour être pris à la légère. Le vote Le Pen est un vote de civilisation quand le vote Macron est celui d’un marchand de tapis. Et c’est ici que surgit la seule question qui vaille désormais : Marine Le Pen est-elle digne et prête à incarner ce vote de civilisation ?

Comprenons bien. Macron se contente de poursuivre une descente aux enfers. Il ne propose que d’élever de quelques degrés encore l’eau déjà bien chaude dans laquelle surnage la grenouille France et dont cette dernière n’a eu de cesse de s’habituer progressivement sans prendre conscience de la brulure fatale qui vient. Macron n’a aucune obligation de réussite. Couper sa tête, membre de l’hydre libéral-libertaire, dix autres surgiront aussitôt pour la remplacer. A l’inverse, Le Pen s’inscrit dans une rupture totale. Elle ne propose ni plus ni moins que de changer le cadre et les règles du jeu dans lesquels nous sommes enfermés depuis des décennies : le mondialisme, le multiculturalisme et le progressisme débridé. Son pari est donc autrement plus osé que celui de son adversaire. Mais cette médaille de l’audace a un revers : un échec signerait une longue, très longue traversée du désert pour les idées de la vraie droite.

Ainsi, quand l’électeur de Macron dispose d’une mitraillette, celui de Le Pen ne dispose que d’un fusil à un coup. Poussons alors avec courage le raisonnement jusqu’au bout. Comment le FN gérera-t-il la délicate question européenne dont les derniers jours de campagne ont mis à nu le flou ? Comment le FN endiguera-t-il la montée des violences et des blocages administratifs (antidémocratiques certes) qui adviendrait dans le cas de sa victoire ? Comment le FN composera-t-il avec un système médiatique déchainé contre lui ? Avec quelles équipes le FN, sans aucune expérience du pouvoir, gouvernera-t-il le pays ? Mais surtout, comment le FN fédèrera-t-il une large majorité du pays, pré-requis indispensable à tout changement de civilisation ?

Des millions de Français ont mis une espérance infinie dans les idées de Marine Le Pen, c’est-à-dire dans les idées de la vraie droite. Un échec constituerait une désillusion dont le pays pourrait ne pas se relever. Jetons un œil lucide de l’autre côté de l’Atlantique et constatons combien l’élection de Donald Trump, qui avait suscité tant d’espoir notamment au sein des classes populaires, se mue doucement en fiasco ou du moins en renoncement faute d’une préparation suffisante de l’homme. Plus avant dans l’Histoire, Margaret Thatcher avait insisté sur l’impérieuse nécessité d’une stratégie de gouvernement pour espérer surmonter les blocages à ses réformes qu’elle savait inévitables. Et elle n’avait pas pris la chose à la légère. En politique, le corpus idéologique ne fait pas tout. Le programme est en effet indispensable mais lui-même non suffisant. Le mode opératoire est donc vital pour prétendre réussir.

Refusons de sombrer dans les mêmes réflexes mensongers que nos adversaires. Assumons, oui, qu’une victoire de Marine Le Pen signifierait un saut dans l’inconnu. Certains se laisseront guider par la parole de Rousseau considérant que « ce sont les grandes occasions qui font les grands hommes » pour justifier qu’une fois au pied du mur, Marine Le Pen réussira à se présidentialiser, à rallier une partie des élites nécessaire à la bonne marche d’un pays et à rassembler autour d’elle une majorité de Français. D’autres préfèreront se remémorer Napoléon écrivant « qu’avec de l’audace on peut tout entreprendre, on ne peut pas tout faire ». L’abstention leur servira alors de refuge. Mais quelque soit le résultat dimanche, il n’y aura qu’un seul chemin possible, la France, qu’une seule vertu à cultiver, l’espérance.

Henri Dubreuil

04 mai 2017

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8 Comments

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  • Charles , 8 mai 2017 @ 9 h 48 min

    Sebastien Chenu tolère de se faire qualifier d’extreme droaate
    par la cruche de service dufflot.
    Il ne suffit pas de protester ou de récuser mollement la formule,
    il faut répondre en 2 temps;
    Madame, si vous maintenez la formule “extreme droite” alors moi je vous qualifie de “philopedophile” amie proche du pédophile Connebandite.
    Vous imaginez que sur cette base le débat entre nous devient impossible.
    Si vous refusez de retirer votre formule nazifiante,
    alors le débat entre nous est inutile et je vous quitte.
    Je me répète, si les representants du FN pratiquent la politique de la chaise vide,
    ils piègent le systeme médiatique

    https://www.youtube.com/watch?v=1mo_efEKraY

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