Où va le MoDem ?

Tribune libre de Patricia Gallerneau*

Au lieu de laisser disserter de l’extérieur sur le MoDem auquel j’appartiens, je voudrais témoigner d’un point de vue… de l’intérieur de ce mouvement.

Dans un article « L’avenir incertain du MoDem » paru sur Nouvelles de France, Alexandre Vatimbella et de Jean-Louis Pommery avancent que François Bayrou aurait été pressé par ses amis de quitter la présidence du MoDem. Lors du Conseil national du 30 juin, il n’en a rien été. Il faut considérer que prendre le temps de la réflexion, laisser intervenir en première ligne les vice-présidents, en lieu et place du président, n’est pas un départ. Aucune pression n’a été faite par les conseillers nationaux MoDem, ce samedi matin, pour qu’il quitte la présidence ! Nous avons un congrès en 2013 pour renouveler régulièrement notre président. Ce congrès est maintenu.

Nous ne voulions pas qu’il laisse la présidence, il n’a pas été question de son départ lors de ce très solidaire Conseil national. Nous avons compris qu’il souhaite prendre du recul. François Bayrou est la figure historique du Mouvement démocrate, sans laquelle le centre ne serait toujours qu’un supplétif de la droite, une sous marque de l’UMP ! Il a payé cher cette révolution, (et Bayrou, et le Modem lors des présidentielles par un score médiocre et des législatives par de mauvais résultats ), mais cette révolution est effective !

François Bayrou lors du premier meeting du Mouvement démocrate au Zénith de Paris le 24 mai 2007.

François Bayrou, Européen lucide s’il en est, se propose d’œuvrer à une Europe plus efficace et plus humaniste. Nous disons bravo !

Il laisse la gestion du quotidien à toute l’équipe de vice-présidents du MoDem dont Marielle de Sarnez : ils sont 6 (1) qui devraient assumer ensemble ces fonctions d’animation du mouvement, avec Yann Wehrling notre porte-parole et Marc Fesneau, notre secrétaire général. Les médias qui ne veulent ordinairement « que » François Bayrou sur leurs plateaux, tout en insinuant à l’envi qu’il serait seul, devront s’habituer à diversifier leurs invités.

Je me dois aussi rectifier cette assertion selon laquelle Marielle aurait fait glisser le mouvement à gauche. Ce canard auquel il faut couper la tête, date des rencontres-débats organisés par Vincent Peillon en 2010. Elle et nous revendiquons avec le MoDem le droit de discuter avec la gauche, comme avec la droite ! Les élus MoDem présents dans des exécutifs de gauche ne sont pas devenus d’affreux gauchistes, mais des éléments de tempérance plutôt, de consensus dans les politiques locales (exemple, le conseil municipal d’Asnières sur Seine, où siège Blanche Mühlmann et tant d’autres conseils partout en France).

Nous nous devons, en parti central, de travailler avec ceux dont le projet est le plus proche de celui que nous voulons, et surtout dans nos villes où l’étiquette importe moins que les personnes et les programmes.

La ligne est claire : pas de dogmatisme, pas de ralliement systématique mais des partenariats intelligents !

Les Français en ont assez de cette politique clanique de partis, ils le disent dans les sondages et ils vont de moins en moins voter : l’abstention aux législatives est de 43,71% sans les Français de l’étranger ! Une paille !

Quant aux incohérences politiques dont on nous accuse parfois, il faut chercher ailleurs, chez Jean-Louis Borloo par exemple, capable d’affirmer, sans rire, qu’il est centriste tout en se pelotonnant sous l’aile protectrice de l’UMP dans « une alliance privilégiée » avec ce parti ( a-t-il déclaré le 28 juin, dans l’émission “Les 4 Vérités”). Il lui doit ses quelques élus obtenus aussi piteusement que ceux d’Europe écologie – Les Verts ! On en arrive à défier les règles même de vocabulaire, de la logique, de la raison, au delà de la géométrie : le centre s’il est de droite, n’est plus le centre.

Ne vaut-il pas mieux des partenariats intelligents avec les deux blocs, selon les idées, plutôt que l’indignité de la tambouille politique, la danse du ventre de EELV ou de Borloo, les coucous politiques ?

Plus efficace pour obtenir des élus (pour le moment) mais combien plus dégradant.

Pour revenir à l’avenir que l’on dit incertain pour le MoDem, je veux réaffirmer que défaite n’est pas mort politique… L’histoire le rappelle, le Général de Gaulle sans majorité à l’assemblée nationale, et Martine Aubry battue plusieurs fois aux législatives, auraient été enterrés beaucoup plus tôt !

J’affirme que nous ne lâchons rien sur les idées, tout en reconnaissant des erreurs d’organisation ou de stratégie. Nous devons continuer à montrer que nous sommes prêts à travailler avec le PRG, Cap21 ou autres groupes proches, comme le suggère Jean-Luc Bennahmias et avec les humanistes de la droite propre, comme le préconise Jean-Marie Vanlerenberghe. Avec Alain Juppé à Bordeaux ou Martine Aubry à Lille comme nous le faisons déjà ?

Nous restons aussi sur cette position de vigilance constructive pour les actions du gouvernement. Plusieurs propositions de notre programme ont été reprises par François Hollande. Nous sommes exigeants et devons rester modestes, en même temps indépendants et partenaires ! Être acteurs et actifs sur la scène politique, mais réalistes dans des partenariats, comme le suggérait Jean-Marie Vanlerenberghe samedi dernier. Il est à souligner par ailleurs qu’il est tout à fait en phase, sur ce point-là, avec Jean-Luc Bennahmias ; aussi curieux que cela paraisse, leurs débats sont riches, leur compatibilité entière !

Mais avant tout cela, avant de « s’allier » il faut exister, et ne pas aliéner notre liberté affirmée, confirmée par François Bayrou. Le MoDem a, par le choix de François Bayrou de divulguer son propre vote, fait justement la preuve de son indépendance autant vis-à-vis de la droite que de la gauche.

Le MoDem existe. Parti neuf, il s’est affirmé sur des bases plus nettes… il lui reste à croître sur ces fondations, dès les élections municipales de 2014. Nous allons, nous devons le prouver !

*Patricia Gallerneau est conseillère nationale MoDem pour la région Pays-de-la-Loire.

(1) Jean Marie Vanlerenberghe, Jean Luc Bennahmias, Marielle de Sarnez, Jacqueline Gourault, Robert Rochefort, Jean Lassalle.

Related Articles

10 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • dissident , 5 juillet 2012 @ 23 h 19 min

    il y avait dans le passe a l Assemblee, je crois un groupe politique qui s appelait “opportuniste” ou “republicains opportunistes”, le “modem” n a rien invente de nouveau donc

  • TDK1 , 5 juillet 2012 @ 23 h 39 min

    Le ventre mou de la politique française. Encore des rigolos qui n’ont ps compris ce q’il advient à tous ceux qui s’allient ou s’approchent du PS ou de ses membres. Même le grand, le supérieur Sarkosy s’ent fait tiré dans le dos par tous ceux qu’il avait cru avoir allié en leur octroyant des postes dorés.

    Allez, travaillez avec la gauche, de toute manière vos propositions et votre idéologie se situent plus là qu’ailleurs. La droite, quant à elle finira bien par se reconstruire. A ce moment là, avec vos amis du nouveau centre, du parti radical, vous retrouverez aux agapes de quelque loge pour vous partagez les rôles… et les postes.

  • Yohann , 6 juillet 2012 @ 7 h 36 min

    Le Modem est allé directement dans le mur, comme cela était prévu, mais Bayrou n’a rien vu venir. Voilà ce que c’est que de frayer avec la gauche. Contre l’avis de ses proches il a contribué à faire élire Hollande, il doit prendre sa part de responsabilité. Il n’a pas le droit de critiquer le président .
    Voilà le centrisme, avoir le derrière assis entre deux chaises, ce n’est pas confortable. Que Bayrou disparaisse de la vie politique , il ne va pas nous manquer, à part ceux qui l’on cru, oh, après tout, de ce petit Monsieur n’en parlons plus.

  • Odette de Lannoy , 6 juillet 2012 @ 9 h 55 min

    Je suis restée muette de surprise….lorsqu’il a donné sa voix a ….Hollande !

  • Buanic , 6 juillet 2012 @ 10 h 14 min

    Bayrou a ainsi prouvé qu’il n’était ni gauche ni droite! ça c’est un fait: avant c’était ni gauche …ni gauche! et pour les postes TDK et dissident, c’est loupé ça se saurait s’il avaient des élus au modem tant que ça! et s’ils étaient opportunistes ils seraient avec Borlo!! ne crachez pas trop vite dessus…vous pourriez avoir besoin de ces forces là pour revenir au pouvoir, rappelez vous le general de gaulle a eu besoin des centristes pour constituer ses gouvernements et ses majorités à l’assemblée après avoir fait 4% en 1958 aux législatives!! lol lol et relol!

  • bergab , 6 juillet 2012 @ 11 h 01 min

    OUI ne jamais oublier que c’est “grace” à bayrou et le pen que Sarkozy a été battu (2 millions de votes blancs + ceux qui ont rallié Mimolette 1er ….)…. honte à bayrou et maintenant souhaitons qu’il disparaisse du paysage politique !!!

  • dissident , 6 juillet 2012 @ 19 h 34 min

    buanic, il arrive, en effet, que l opportunisme en politique n amene a rien, on appelle ca des opportunistes rates ou encore la maladresse de l habile, je vous rappelle que votre grand homme a attendu la fin du debat precedant le 2e tour pour se prononcer non pas en fonction des arguments echanges, ce qui serait normal mais simplement pour aller au secours du vainqueur, il etait evident que Sarkozy avait ete domine et donc la messe etait dite, alors baillerou l interet national, le ni guache ni droite laissez moi rire

Comments are closed.