Le jour où j’ai compris la vraie nature du socialisme

La fin révèle le commencement

Que nous enseignent l’adoption de la loi sur le « mariage pour tous » et ses conséquences (comme l’introduction de la théorie du gender à l’école) sur les desseins poursuivis par socialisme ? Le stade terminal de cette idéologie est-il en mesure de nous en révéler la nature profonde ? Longtemps, le bon peuple de gauche a cru qu’elle constituait une théorie économique parmi d’autres. Davantage de redistribution, de justice, de bien-être pour les pauvres : telles étaient les promesses que ses penseurs faisaient miroiter aux masses méprisées. Le socialisme agissait par la politique de la demande, tandis que la droite actionnait le levier de l’offre. La droite, c’était la réaction, la gauche, le progrès. Les années Mitterrand, malgré le tournant de la rigueur, ne démordaient pas de cette rhétorique.

Cependant il fallut déchanter bientôt. La gauche ne tarda pas, nécessité oblige, à s’aligner, avec réticence certes, sur les fondamentaux du libéralisme. La récente volte-face de Hollande est le dernier épisode en date de cette conversion. Après avoir avalé bien des couleuvres, toute honte bue, le parti des forces de progrès se rendit à l’évidence : il ne différait en rien de la droite sur ce terrain.

Néanmoins le socialisme résiste. Aucun revirement, aucun reniement, aucune palinodie ne semble pouvoir entamer sa certitude d’être dans la vérité. Stupéfaction des ouvriers, qui crient à la trahison. Embarras de la droite, qui se voit doubler sur… sa droite. Les plus naïfs s’interrogent: le socialisme existe-t-il toujours ? Les résignés baissent les bras, en admettant sa défaite historique. Les sceptiques de toujours haussent les épaules : ils n’y ont jamais cru.

Et pourtant le socialisme persiste dans l’être ! Par quel miracle ? Les observateurs de la vie politique n’auraient-ils pas fait une erreur d’appréciation à son sujet ? Et si la loi sur « le mariage pour tous » n’était rien d’autre, après tout, que ce pour quoi le socialisme avait vu le jour ? Au fond peut-être n’a-t-il été conçu que pour engendrer cette utopie : tout le monde peut se marier avec tout le monde.

Les damnés de la terre se récrient aussitôt : et les 35 heures ? Et les congés payés ? Et la collectivisation des moyens de production ? Oui, bien sûr, l’économie fait partie du programme. Jusqu’à un certain point seulement. L’enterrement de « La finance est mon ennemie » du meeting du Bourget aurait dû nous faire dresser l’oreille. Car pour le socialisme, le social, l’économie, le culturel ne sont que des branches d’un projet beaucoup plus global. Sur ce projet, la loi du « mariage pour tous » lève le voile en nous fournissant des lumières décisives. Après avoir entretenu le suspens durant deux siècles, le socialisme se dévoile enfin, fait son coming out, comme on dit aujourd’hui.

“Après avoir entretenu le suspens durant deux siècles, le socialisme se dévoile enfin, fait son coming out, comme on dit aujourd’hui.”

Le socialisme est une religion

Le socialisme est une religion. Justice sociale, sollicitude envers les laissés-pour-compte, nationalisation : tous ces moyens n’ont pas leur fin en eux-mêmes. Ils sont les pièces d’une entreprise plus fondamentale. Dès le début, en effet, ses pères fondateurs l’ont compris comme une entreprise concurrente du christianisme. Il fallait faire comme le Christ. En mieux. En plus rapide. Et dès ici-bas.

Le socialisme est une religion. Ce qui explique qu’à défaut d’être en phase avec la réalité, il ait de la suite dans les idées.

Dans le récit biblique de la Genèse, les ouvriers de Babel entreprirent de bâtir une tour qui accèderait au ciel. Le socialisme est plus radical encore. Au lieu de l’escalader, il va le tirer à soi. Son dessein consiste à faire descendre le ciel sur la terre. Rien de moins !

Or le ciel, c’est immatériel. Toutes les portes s’ouvrent devant vous, quel que soit votre sexe. Au ciel, tous vos désirs se réalisent. Au ciel, la différence sexuelle n’a plus court. Au ciel, le corps est spirituel, délesté du poids contingent de la vie organique. Au ciel, tout le monde est copain avec tout le monde. Au ciel, la vérité éclate, nue, et aucun stéréotype, aucun cliché stigmatisant n’est plus capable de la masquer, la travestir, la gauchir. Au ciel, les traîtres – et les gens de droite – brûlent en enfer. Au ciel, ma paternité ou ma maternité peut s’étendre à qui je veux. Au ciel, je peux me découvrir le fils ou la fille de quelqu’un que je n’ai jamais vu de ma vie. Au ciel, je comprends que la sexualité, ce n’est pas tout, mais que c’est plus important que le pain que je gagne pour me nourrir. Au ciel, l’égalité entre filles et garçons n’est plus un vain mot. Au ciel, rien de ce qui est à moi qui ne soit également à toi. Au ciel, il n’existe pas de vie privée. Au ciel, je comprends enfin la vraie nature du socialisme.

> dernier ouvrage paru : 48 objections a la foi chrétienne et 48 réponses qui les réfutent, éditions Salvator, 2013.

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23 Comments

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  • 0 / 10
  • Psyché , 6 février 2014 @ 22 h 12 min

    Cette video déjà diffusée par NDF me réchauffe le coeur !

    Égalitarisme : l’État (Socialiste) veut formater vos enfants

    http://www.youtube.com/watch?v=nofmCVIXaxI

    Yves Thréard nous y expose clairement la nature malsaine du socialisme appliqué au sapage de la construction identitaire des enfants.

  • marie-marie , 6 février 2014 @ 23 h 16 min

    Sympa, ça va au fond des choses: non-dites, surtout!

  • Gisèle , 6 février 2014 @ 23 h 16 min

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2014/02/racistes-les-médecins-ils-réclament-des-excuses.html

    Le racisme revient sur le tapis ! Y avait longtemps !! Courage !!
    Et pour les vieux qui ne seront plus soignés ?? ce sera la même défense ?? ( ne pas oublier de mentir sur l’âge du patient quand vous téléphonez au 15 ) !

  • René de Sévérac , 7 février 2014 @ 8 h 56 min

    Tout à fait d’accord.
    Moi jeune socialiste dans les années 70, j’avais cette critique à l’égard des communistes. Mais le parti socialiste nous ouvrait une porte vers un monde nouveau (pour faire simple : accepter le capitalisme efficace mais corrigé par une vision socialiste). Aujourd’hui, faute de disposer des leviers économiques (confiés à l’oligarchie de Bruxelles), seul reste le soutien aux lois du progrès et la défense des minorités qui souffrent …

  • Aude Wessel , 7 février 2014 @ 10 h 20 min

    J’ai une question existentielle: qu’est-ce qui est le plus débile, cet article, ou la plupart des commentaires?
    Il n’y a pas que l’école qui soit primaire.
    Ceci dit sans vouloir vexer personne…

  • ummite , 7 février 2014 @ 10 h 28 min

    le socialisme est , et sera immortel tant qu’il existera un ouvrier sur la terre .
    un ouvrier ne peut pas , et ne pourra jamais être du côté de ” son exploiteur ” , quand il le fait , c’est par innocence . un ouvrier pense toujours à se libérer du patron d’où sa lutte incessante des classes.
    un ouvrier c’est un patron en devenir ( son intime espoir ) .
    en général , les ouvriers ne sont jamais d’accords entre eux , ( sauf quand cela arrange ) . quand il est mécontent , il s’abstient donnant plus de force à l’objet de son mécontentement .
    ceci sera prouver aux prochaines élections , surtout aux européennes quand il s’abstiendra.,

  • JPL43 , 7 février 2014 @ 11 h 01 min

    “…un ouvrier ne peut pas , et ne pourra jamais être du côté de » son exploiteur …»” Quand on aborde le sujet par la phrase précédente la discussion est close avant même de commencer. Qu’est-ce qui justifie une telle affirmation ? Vous pensez que tout salarié est forcément hostile à l’égard de son patron ! Par choix ou capacité tous ne peuvent ou ne souhaitent pas devenir patron. Souvent, le patron est une aide plus qu’une contrainte…

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