D’abord huée, puis applaudie : comment Marine Le Pen a retourné Sciences Po

Comme des ânes, des étudiants de Sciences Po se sont mis à crier jeudi : « Nous sommes tous des enfants d’immigrés !”, alors que Marine Le Pen entrait rue Saint-Guillaume pour participer au forum organisé par Elle. La présidente du Front national leur a répondu, le sourire aux lèvres à côté d’un Paul-Marie Coûteaux non moins amusé : “Vous n’êtes pas des enfants d’immigrés, vous êtes des enfants de bourgeois !”. Accueilli pareillement en 2007, Jean-Marie Le Pen avait traité les étudiants à Sciences Po qui glapissaient de “petits bourgeois de merde”. Voici les images de l’arrivées de Marine Le Pen à Sciences Po :

Puis, de l’avis général, la candidate du Front national a réalisé une bonne prestation. Opposée à la parité et à un ministère des Droits des femmes (“On n’est pas une espèce à protéger !”), elle a défendu “le droit à l’indifférence” pour tous et a réaffirmé son opposition au “mariage” gay : « Écoutez, j’en ai un certain nombre autour de moi (des homosexuels, ndlr) et aucun n’est pour le mariage. » Interrogée sur “l’avortement de confort” qu’elle souhaite ne plus rembourser, Marine Le Pen a critiqué cette attitude qui consiste à faire de l’avortement un “moyen de contraception”. “Oui au droit à l’avortement”, a-t-elle cependant affirmé, comme s’il existait un droit à éliminer la vie d’autrui parce qu’il ne parle pas ou qu’on le voit pas, “non à celles qui abusent de ce droit (…) et que la communauté nationale ne doit pas prendre en charge”. Marine Le Pen a également regretté que “beaucoup de femmes [n’aient] pas d’autres choix que celui d’avorter”, à cause, notamment de la pauvreté. À la fin de sa prestation, la candidate a été applaudie.

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26 Comments

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  • Robert , 7 avril 2012 @ 15 h 36 min

    J’avais oublié de mettre le lien;
    http://www.gloria.tv/?media=275081

  • Jean-Pierre , 7 avril 2012 @ 15 h 43 min

    Vous avez admis une erreur puisque vous avez vous-même reconnu que Jean-Marie Le Pen a été pendant 40 ans cet homme politique favorable à la Vie alors que vous affirmiez plus haut qu’il n’en avait jamais existé, ce qui tendait à nous faire croire que tout combat pour la vie est irréaliste puisqu’inactuel.

    Ce que vous essayez d’ailleurs de nous persuader encore dans votre dernier message en manipulant des concepts (idéalisme, réalisme, philosophie de saint Thomas) que vous maîtrisez mal. Tenter de faire de saint Thomas d’Aquin un pragmatique qui accepterait l’avortement est particulièrement loufoque et risible. Précisément, la réalité à prendre en compte ici n’est pas comment les médias voient l’avortement, ou comment les électeurs, les militants, etc. le voient, mais ce qu’est l’avortement objectivement. L’avortement est un meurtre. Les Anciens, avant le christianisme, le reconnaissaient : ainsi Hippocrate dans son serment défend à tout médecin de le pratiquer (“Jamais je n’administrerai un médicament mortel à qui que ce soit, quelques sollicitations qu’on me fasse ; jamais je ne serai l’auteur d’un semblable conseil ; je ne mettrai pas aux femmes de pessaire abortif”).

    Le FN marinisé est devenu un parti qui a capitulé devant l’idéologie de la mort, comme devant les autres idéologies mortifères du Système révolutionnaire. C’est un fait que vous ne pouvez pas balayer d’un revers de la main. Le FN véhicule la culture de mort quand il reconnaît un “droit” à l’infanticide. Si vous disiez que l’avortement est un mal qu’il est pour le moment difficile d’abroger, en agissant de telle sorte que ce mal recule un peu tout en visant son extinction à terme, je vous dirais que cette position se tient. Mais dans le cas présent, ce n’est pas ce que vous dites. Vous suivez Marine Le Pen quand elle dit que l’avortement est un “droit”, donc vous ne le reconnaissez plus comme un mal mais comme un ACQUIS LEGISLATIF FONDAMENTAL et donc INABROGEABLE. Vous avez intégré l’infanticide dans votre logiciel idéologique. Pour vous ce n’est plus un mal. Je ne dis pas que vous en faites un bien, mais ce n’est plus un mal, c’est un “droit” qu’il faut fatalement admettre, sans doute est-ce le sens de l’histoire…

    Le but de l’action politique est de réaliser le bien commun et non de faire du troc avec le prêt à penser de l’ennemi. Comme disait JMLP : “Je préfère perdre avec mes idées que gagner avec celles des autres”… ou de perdre avec celles des autres car la leçon à tirer de l’expérience mariniste, c’est que malgré tous les gages donnés par Marine Le Pen, la stratégie de normalisation n’a pas fonctionné. Pire, elle fait régresser le FN dénaturé : 2012 va bientôt confirmer la catastrophe électorale de 2007 (et celle des cantonales 2011). Libre à vous de rester dans le déni de réalité, mais les faits sont têtus.

    Ne pas s’engager aux côtés de Marine Sarko-Bis n’équivaut pas à un renoncement politique, bien au contraire. Il reste encore des élus de qualité (Bruno Gollnisch, Jacques Bompard…) et des cadres solides avec lesquels il est encore possible d’agir efficacement. Quand l’imposture marinière sera définitivement avérée, une recomposition s’organisera dans le mouvement national.

    Pour résumer : proclamer le “droit” à l’avortement participe de la culture de mort. Voter Marine c’est voter pour le maintien de la légalisation de l’infanticide de masse.

  • Robert , 7 avril 2012 @ 16 h 24 min

    Je n’ai jamais dit cela, je persiste à affirmer que nous ne mettons pas les mêmes choses derrière les mots.J’ai parlé de candidat pro-vie, ce que Le Pen n’a jamais été, ainsi que fidèle aux commandements de l’Eglise, ce n’étaient pas ses références puisque la distinction spirituel et temporel existe dans l’Eglise catholique et Le Pen n’a jamais prétendu être un candidat catholique.
    Quand à saint Thomas d’Aquin, vous dites n’importe quoi.
    N’arrêtez-vous jamais de tout réduire à un manichéisme et de déformer les propos des autres pour qu’ils rentrent dans votre étroite vue?
    Je parle précisément de son réalisme face à des situations précises. Il n’existait pas d’élections à son époque. Mais quand il développe des notions comme “double effet indirect” par exemple, il ne justifie aucun mal, mais permet d’apprécier la position complexe à prendre face à des cas moralement difficiles.
    En l’occurrence, nous sommes dans une situation politique ou la philosophie consiste à s’abstenir ou choisir ce qui peut limiter un mal. Et Escada reconnait que certains partis veulent aggraver des maux moraux, ce qui est donc insoutenable. Ce qui peut limiter ou influencer contre une tendance mauvaise est moins condamnable et peut être acceptable.
    Nous ne sommes pas face à une situation qui engage moralement. Lisez à ce propos ce que dit Benoît XVI après Jean Paul II. Mais peut-être sont-ils modernistes et philosophiquement libéraux.
    La prochaine échéance est le vote présidentiel et législatif, je ne vois aucun moyen d’agir prochainement à part ceux-là.
    Gardez vos mains propres et épargnez-nous vos jugements vaseux de gamin qui veut avoir le dernier mot.

  • Jean-Pierre , 7 avril 2012 @ 16 h 55 min

    Je constate que votre recours à l’invective et à l’impatience cache très mal votre manque d’argument et votre difficulté à sortir de vos contradictions et autres impasses. Votre connaissance de saint Thomas s’avère totalement creuse et sans aucun intérêt. Vous citez une expression dont vous ne comprenez même pas le sens. Vous ne répondez pas sur le fond de l’affaire, à savoir la reconnaissance par Marine Le Pen du “droit” à l’infanticide.

    Vous tournez à vide en focalisant l’attention sur des faux problèmes tels que JMLP n’aurait jamais été un candidat “fidèle aux commandements de l’Eglise”. Cette question a-t-elle un rapport avec le sujet ? Aucun. Vous avez dit plus haut qu’un candidat favorable à la vie est impossible donc il faut renoncer au combat pour la vie. Piteux raisonnement dont j’ai montré d’ailleurs la fausseté puisque JMLP a été ce candidat pendant longtemps et que Bruno Gollnisch assume pleinement cet héritage politique. Vous persistez dans une querelle de mots parce que vous n’avez aucun argument sur le fond.

    Je rélève une chose dans votre dernier message : “Nous sommes dans une situation politique où la philosophie consiste à s’abstenir ou choisir ce qui peut limiter un mal”. On progresse. Mais ce que vous niez parce que vous portez des oeillères, c’est que la politique que propose Marine Le Pen ne vise pas la limitation d’un mal. Elle affirme que l’avortement est un « droit », donc elle ne le reconnaît pas comme un mal mais comme un ACQUIS LEGISLATIF FONDAMENTAL et donc INABROGEABLE. Pour vouloir limiter un mal, encore faut-il le voir comme un mal, ce que ne fait pas Marine Le Pen en le proclamant un “droit”. Un mal n’est jamais un “droit”, mais précisément l’inverse, une entorse au droit, une injustice.

    Donc nous ne sommes pas dans la situation idéalisée que vous décrivez : nous n’avons pas le choix entre le progrès dans le mal et la limitation d’un mal. Voter Marine c’est voter pour la culture de mort qui considère qu’assassiner un bébé est un “droit”.

  • Antonio , 8 avril 2012 @ 7 h 31 min

    Bonjour Mr Jean -Pierre

    J’aime beaucoup vos écrits ainsi que ceux de Robert

    J’aurais une question à vous poser :

    As qui doit aller mon vote, alors que je suis Pro Vie et que l’abstention c’est collaboré ?

  • Robert , 8 avril 2012 @ 12 h 33 min

    VEILLÉE PASCALE

    HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

    Basilique Saint-Pierre
    Samedi Saint, 7 avril 2012

    [Vidéo]

    Chers frères et sœurs!

    Pâques est la fête de la nouvelle création. Jésus est ressuscité et ne meurt plus. Il a enfoncé la porte vers une vie nouvelle qui ne connaît plus ni maladie ni mort. Il a pris l’homme en Dieu lui-même. « La chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu » avait dit Paul dans la Première Lettre aux Corinthiens (15, 50). L’écrivain ecclésiastique Tertullien, au IIIe siècle, en référence à la résurrection du Christ et à notre résurrection avait l’audace d’écrire : « Ayez confiance, chair et sang, grâce au Christ vous avez acquis une place dans le Ciel et dans le royaume de Dieu » (CCL II 994). Une nouvelle dimension s’est ouverte pour l’homme. La création est devenue plus grande et plus vaste. Pâques est le jour d’une nouvelle création, c’est la raison pour laquelle en ce jour l’Église commence la liturgie par l’ancienne création, afin que nous apprenions à bien comprendre la nouvelle. C’est pourquoi, au début de la Liturgie de la Parole durant la Vigile pascale, il y a le récit de la création du monde. En relation à cela, deux choses sont particulièrement importantes dans le contexte de la liturgie de ce jour. En premier lieu, la création est présentée comme un tout dont fait partie le phénomène du temps. Les sept jours sont une image d’une totalité qui se déroule dans le temps. Ils sont ordonnés en vue du septième jour, le jour de la liberté de toutes les créatures pour Dieu et des unes pour les autres. La création est donc orientée vers la communion entre Dieu et la créature ; elle existe afin qu’il y ait un espace de réponse à la grande gloire de Dieu, une rencontre d’amour et de liberté. En second lieu, durant la Vigile pascale, du récit de la création, l’Église écoute surtout la première phrase : « Dieu dit : ‘Que la lumière soit’ ! » (Gen 1, 3). Le récit de la création, d’une façon symbolique, commence par la création de la lumière. Le soleil et la lune sont créés seulement le quatrième jour. Le récit de la création les appelle sources de lumière, que Dieu a placées dans le firmament du ciel. Ainsi il leur ôte consciemment le caractère divin que les grandes religions leur avaient attribué. Non, ce ne sont en rien des dieux. Ce sont des corps lumineux, créés par l’unique Dieu. Ils sont en revanche précédés de la lumière par laquelle la gloire de Dieu se reflète dans la nature de l’être qui est créé.

    Qu’entend par là le récit de la création ? La lumière rend possible la vie. Elle rend possible la rencontre. Elle rend possible la communication. Elle rend possible la connaissance, l’accès à la réalité, à la vérité. Et en rendant possible la connaissance, elle rend possible la liberté et le progrès. Le mal se cache. La lumière par conséquent est aussi une expression du bien qui est luminosité et créé la luminosité. C’est le jour dans lequel nous pouvons œuvrer. Le fait que Dieu ait créé la lumière signifie que Dieu a créé le monde comme lieu de connaissance et de vérité, lieu de rencontre et de liberté, lieu du bien et de l’amour. La matière première du monde est bonne, l’être même est bon. Et le mal ne provient pas de l’être qui est créé par Dieu, mais existe seulement en vertu de la négation. C’est le « non ».

    A Pâques, au matin du premier jour de la semaine, Dieu a dit de nouveau : « Que la lumière soit ! ». Auparavant il y avait eu la nuit du Mont des Oliviers, l’éclipse solaire de la passion et de la mort de Jésus, la nuit du sépulcre. Mais désormais c’est de nouveau le premier jour ­ la création recommence entièrement nouvelle. « Que la lumière soit ! », dit Dieu, « et la lumière fut ». Jésus se lève du tombeau. La vie est plus forte que la mort. Le bien est plus fort que le mal. L’amour est plus fort que la haine. La vérité est plus forte que le mensonge. L’obscurité des jours passés est dissipée au moment où Jésus ressuscite du tombeau et devient, lui-même, pure lumière de Dieu. Ceci, toutefois, ne se réfère pas seulement à lui ni à l’obscurité de ces jours. Avec la résurrection de Jésus, la lumière elle-même est créée de façon nouvelle. Il nous attire tous derrière lui dans la nouvelle vie de la résurrection et vainc toute forme d’obscurité. Il est le nouveau jour de Dieu, qui vaut pour nous tous.

    Mais comment cela peut-il arriver ? Comment tout cela peut-il parvenir jusqu’à nous de façon que cela ne reste pas seulement parole, mais devienne une réalité dans laquelle nous sommes impliqués ? Par le sacrement du Baptême et la profession de foi, le Seigneur a construit un pont vers nous, par lequel le nouveau jour vient à nous. Dans le Baptême, le Seigneur dit à celui qui le reçoit : Fiat lux ­ que la lumière soit. Le nouveau jour, le jour de la vie indestructible vient aussi à nous. Le Christ te prend par la main. Désormais tu seras soutenu par lui et tu entreras ainsi dans la lumière, dans la vraie vie. Pour cette raison, l’Église primitive a appelé le Baptême « photismos » ­ illumination.

    Pourquoi ? L’obscurité vraiment menaçante pour l’homme est le fait que lui, en vérité, est capable de voir et de rechercher les choses tangibles, matérielles, mais il ne voit pas où va le monde et d’où il vient. Où va notre vie elle-même. Ce qu’est le bien et ce qu’est le mal. L’obscurité sur Dieu et sur les valeurs sont la vraie menace pour notre existence et pour le monde en général. Si Dieu et les valeurs, la différence entre le bien et le mal restent dans l’obscurité, alors toutes les autres illuminations, qui nous donnent un pouvoir aussi incroyable, ne sont pas seulement des progrès, mais en même temps elles sont aussi des menaces qui mettent en péril nous et le monde. Aujourd’hui nous pouvons illuminer nos villes d’une façon tellement éblouissante que les étoiles du ciel ne sont plus visibles. N’est-ce pas une image de la problématique du fait que nous soyons illuminés ? Sur les choses matérielles nous savons et nous pouvons incroyablement beaucoup, mais ce qui va au-delà de cela, Dieu et le bien, nous ne réussissons plus à l’identifier. C’est pourquoi, c’est la foi qui nous montre la lumière de Dieu, la véritable illumination, elle est une irruption de la lumière de Dieu dans notre monde, une ouverture de nos yeux à la vraie lumière

    Chers amis, je voudrais enfin ajouter encore une pensée sur la lumière et sur l’illumination. Durant la Vigile pascale, la nuit de la nouvelle création, l’Église présente le mystère de la lumière avec un symbole tout à fait particulier et très humble : le cierge pascal. C’est une lumière qui vit en vertu du sacrifice. Le cierge illumine en se consumant lui-même. Il donne la lumière en se donnant lui-même. Ainsi il représente d’une façon merveilleuse le mystère pascal du Christ qui se donne lui-même et ainsi donne la grande lumière. En second lieu, nous pouvons réfléchir sur le fait que la lumière du cierge est du feu. Le feu est une force qui modèle le monde, un pouvoir qui transforme. Et le feu donne la chaleur. Là encore le mystère du Christ se rend à nouveau visible. Le Christ, la lumière est feu, il est la flamme qui brûle le mal transformant ainsi le monde et nous-mêmes. « Qui est près de moi est près du feu », exprime une parole de Jésus transmise par Origène. Et ce feu est en même temps chaleur, non une lumière froide, mais une lumière dans laquelle se rencontrent la chaleur et la bonté de Dieu.

    Le grand hymne de l’Exultet, que le diacre chante au début de la liturgie pascale, nous fait encore remarquer d’une façon très discrète un autre aspect. Il rappelle que ce produit, la cire, est du en premier lieu au travail des abeilles. Ainsi entre en jeu la création tout entière. Dans la cire, la création devient porteuse de lumière. Mais, selon la pensée des Pères, il y a aussi une allusion implicite à l’Église. La coopération de la communauté vivante des fidèles dans l’Église est presque semblable à l’œuvre des abeilles. Elle construit la communauté de la lumière. Nous pouvons ainsi voir dans la cire un rappel fait à nous-mêmes et à notre communion dans la communauté de l’Église, qu’elle existe afin que la lumière du Christ puisse illuminer le monde.

    Prions le Seigneur à présent de nous faire expérimenter la joie de sa lumière, et prions-le, afin que nous-mêmes nous devenions des porteurs de sa lumière, pour qu’à travers l’Église la splendeur du visage du Christ entre dans le monde (cf. LG 1). Amen.

    © Copyright 2012 – Libreria Editrice Vaticana

  • Robert , 8 avril 2012 @ 18 h 19 min

    Voilà une réflexion d’un journaliste catholique et philosophe, Rémi Fontaine, dans Présent. Elle sera suivie d’autres sur le même sujet, certains abbés et laïcs s’étant aussi permis de prendre des positions justifiant le vote Sarkozy ou l’abstention.
    Bonne lecture!

    Quel critère de morale politique ?

    A l‚approche des élections, même des voix cléricales se font entendre jusqu‚au sein des tradis pour relativiser les principes « non négociables » de Benoît XVI, à la manière du cardinal André Vingt-Trois : « Il ne faut pas se tromper de débat, il est politique. Nous ne sommes pas dans un débat à la Congrégation pour la doctrine de la foi » (cf. Présent des 5 et 13 octobre 2011).

    « Il faut se redire que la politique n‚est pas le domaine de „propositions non négociables‰, si excellentes soient-elles en elles-mêmes, mais le moyen à notre portée pour conjurer le pire et éloigner les pires », renchérit par exemple l‚abbé Guillaume de Tanoüarn dans le dernier Monde et Vie. Tandis que l‚abbé Philippe Toulza, dans une note argumentée sur la question, ne craint pas d‚affirmer que « certains électeurs se trompent » (et « se trouvent, hélas, confortés dans cette erreur » par la note du cardinal Ratzinger sur le comportement des catholiques dans la vie publique) lorsqu‚ils considèrent qu‚ils ne peuvent « se rendre complices d‚un candidat », dès lors que son programme pèche seulement sur un point non négociable∑

     Le mieux étant l‚ennemi du bien, nous n‚avons pas attendu ces pieux avertissements pour dénoncer un certain moralisme politique en matière prudentielle, sans pour autant tomber dans un pragmatisme de mauvais aloi : une sorte de morale politique de situation. Nous avons développé (critiqué en cela par des membres de la FSSPX) qu‚on peut assurément parler d‚un moindre mal en politique, différent de ce que prône la morale personnelle (1). La fin ne justifiant pas les (mauvais) moyens, la seule tolérance qu‚admet en effet la morale est celle du principe de « l‚acte à double effet » (dit aussi du « volontaire indirect ») : il est permis dans certaines conditions de poser un acte qui produit un effet bon directement voulu, même si cet acte peut causer aussi un effet mauvais concomitant. Par exemple : en calmant une douleur insupportable chez un grand malade, accélérer sa mort.

     La raison du bien commun confère à ce principe moral du moindre mal une autre extension et comme une autre dimension (politique précisément avec un mixte d‚agir et de faire) sans en changer analogiquement le sens profond. Diminuer le mal comme on diminue le nombre d‚exécutions dans une liste d‚otages, en désignant certains prisonniers faute de quoi tous seront massacrés, fait sans doute partie d‚un choix de (morale) politique étranger à la morale (personnelle), selon l‚exemple de Charles Rosiers (Présent de samedi).

    Mais précisément, il y a diminution réelle et non pas augmentation, même potentiellement limitée. En tolérant les maisons closes (qu‚il avait commencé par interdire avec des résultats désastreux), saint Louis limite et réduit aussi les dégâts et l‚anarchie de la prostitution incontrôlée avec une loi « reprochable » certes, mais restrictive. Nous sommes dans la situation de tolérance civile d‚un mal social collectif, qu‚il est matériellement impossible d‚empêcher mais qu‚on entreprend d‚atténuer, en acceptant l‚effet mauvais concomitant de cette opération.

     Par rapport aux points non négociables définis (respect de la vie, de la famille et la liberté d‚éducation), on ne peut, a priori, choisir le moindre mal que dans une perspective de redressement éthique par rapport à la situation présente. La loi de gradualité (rejetée en morale lorsqu‚il s‚agit des préceptes négatifs, qui obligent toujours et partout) peut valoir en politique pour inverser le flux d‚une décadence (moindre mal), non, semble-t-il, pour le ralentir en devenant quelque part son allié objectif (moindre pire). Sans cette condition, on voit mal comment on pourrait nous inciter au devoir (électoral) de choisir une loi, un programme, un candidat nocifs au motif qu‚ils le seraient moins (virtuellement !) que d‚autres. L‚enfer d‚un déclin est ainsi trop souvent pavé de bonnes intentions et de votes (d‚idiots) utiles !

    Autant qu‚on puisse en juger prudentiellement, une chose est de voter pour un candidat déficient s‚il se propose de restreindre (voire de stabiliser) les transgressions dûment désignées. Autre chose est de voter pour un candidat qui s‚y refuse, pour la raison qu‚il livrerait seulement une drogue douce par rapport à la drogue dure du concurrent. On sait aussi ce que valent ces raisonnements en matière d‚érotisme et de pornographie, d‚islam et d‚islamisme, etc. Et on a vu depuis la loi Veil, avec les giscardo-chiraco-sarko-cathos et leur logique du moindre pire, où menaient ces accommodements idéologiques en matière de culture de mort. Cette logique ne conduit-elle pas alors à la politique du pire dans la mesure où elle nous dissuade dialectiquement d‚opter d‚emblée pour la politique du (vrai) moindre mal avec cette ligne de démarcation qu‚elle trace entre réduction et aggravation de la structure de péché ? Consentir aussi ai sément au moindre pire (confondu avec le moindre mal autorisé) n‚est-ce pas déjà consentir au pire de manière subliminale, en cautionnant objectivement la dictature du relativisme ?

     C‚est la raison pour laquelle, démontant à cet égard une connivence durable de nombreux catholiques avec le système totalitaire de la démocratie religieuse, Benoît XVI nous propose concrètement cette nouveauté politique des principes « non négociables » qui ne se réduisent pas simplement au domaine des « idées » ou de la « doctrine », mais impliquent forcément une attitude pratique dans la vie publique jusque dans le vote républicain, comme l‚a expliqué le P. Jean-Michel Garrigues, o.p. Disons même, s‚il le faut, une vertu de dissidence analogue à celle des dissidents anti-communistes. Les premiers chrétiens auraient pu aussi opter politiquement pour le « moindre pire » en négociant la place de leur religion au Panthéon. Ils ont refusé au risque du martyre. N‚est-ce pas à un refus analogue au for externe que nous appelle aujourd‚hui le Saint-Père ? Ce n‚est plus sur trois grains d‚e ncens qu‚il s‚agit aujourd‚hui de transiger ou non religieusement mais sur trois points essentiels de la loi naturelle, brandis non pas comme des dogmes mais comme des commandements de Dieu (accessibles à la raison) à respecter selon ce critère de choix politique. Ce qui valait religieusement alors contre le polythéisme, vaut peut-être plus radicalement encore contre le culte (relativiste) de l‚homme, avec ce que Péguy appelle sa décréation. Nous ne pensons pas que ce témoignage à l‚égard de la loi (divine) naturelle, comme celui d‚Antigone, soit impolitique (2). La politique du pire c‚est Créon, Hollande et Sarkozy∑ Ce n‚est certainement pas Antigone ni Jeanne d‚Arc.

    (1) Cf. Politique et morale (DMM, 2001) et un résumé dans les Cahiers Saint-Raphaël de septembre 2011 : « Entre agir et faire, morale et art : la vertu politique ».

    (2) Cf. Sous le signe d‚Antigone, les catholiques en politique au XXIe siècle, à commander 19 euros franco à Renaissance catholique-Publications : 23 bis, rue Edouard-Nieuport 92150 Suresnes. (www.renaissancecatholique.org)

    REMI FONTAINE

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