Madame Gribouille, le retour… avant le départ.

Madame Taubira a perdu de sa superbe. Son arrogance se limite à faire la leçon aux Parlementaires qui ont des difficultés à comprendre sa loi. C’est pourtant simple. La délinquance augmente, la récidive s’amplifie. La cause est entendue : la prison est le mal d’où vient le crime. Plus se développe la surpopulation carcérale, plus le nombre de délits s’accroît. Il faut donc faire appel à des peines de substitution à la prison, en individualisant les sanctions. Il faut donc également supprimer les peines planchers. Ceux qui s’opposent à ces évidence sont de dangereux adeptes de l’idéologie sécuritaire, des crypto-fascistes qui prônent le tout carcéral.

Effectivement, la récidive est au coeur de ce texte, celle de nos gouvernants qui pratiquent la gesticulation législative en multipliant les textes avec des discours idéologiquement variés, tantôt répressifs avec les peines planchers et les rétentions de sécurité, tantôt compassionnels et d’un angélisme entêté à l’égard des malheureux détenus, avec la hausse progressive du seuil de durée d’incarcération afin d’éviter la prison. Sous Sarkozy, c’était deux ans. Sous Hollande, ce sera cinq et si on avait laissé faire les socialistes soutenus par Mme Taubira, on monterait à dix ! Le choc des discours et la continuité de l’action sont faciles à expliquer malgré l’ apparente contradiction. Une journée de détention coûte 100 Euros, le milieu ouvert 30, et le bracelet électronique 10 ! Les députés peuvent avoir des idées opposées. Bercy n’a qu’une préoccupation : faire des économies. La sécurité qu’elle soit extérieure ou intérieure n’est pas sa priorité. L’idéologie de Mme Taubira n’est que le ruban rose du paquet de laxisme économe des deniers publics et insoucieux des biens et des personnes privés qui contient notre politique pénale.

On peut donc renverser tous les arguments du gouvernement. Le simple bon sens nous suggère que si le nombre de prisonniers augmente c’est d’abord parce celui des délits et des délinquants l’a précédé.

Vous dîtes « surpopulation » ? Oui, parce que la France offre moins de places de détention que les pays comparables. Il y a 57235 places en France contre 96200 au Royaume-Uni, pour une population comparable. Le verre déborde parce qu’il est trop petit, pas parce qu’il est trop plein. Il y a 102 personnes détenues pour 100 000 habitants en France, 123 au Royaume-Uni, 218 en Pologne, 142 en Espagne, certes moins en Europe du Nord, mais où la criminalité est moins élevée. Car le taux d’incarcération ne tient pas seulement à l’évolution de la population, mais aussi à celle de la criminalité, en sensible croissance dans notre pays.

Vous dîtes « plus de récidives après la prison qu’après des peines différentes ». On peut raisonnablement penser que c’est parce que les Magistrats réservent déjà l’incarcération aux plus dangereux, et notamment aux récidivistes. Autant ils répugnent à l’emprisonnement pour les primo-délinquants, autant elle est fréquente en cas de récidive.

Vous dîtes : « tout carcéral ». C’est faux puisque beaucoup de condamnés le sont avec sursis et mise à l’épreuve, que beaucoup sont libérés par anticipation ou bénéficient des aménagements de peine, que beaucoup de condamnations à de la prison ferme ne sont pas exécutées. Il y a un stock de 80 à 100 000 peines de prison ferme en « attente d’exécution », faute de place. En Août 2013, la police de Dreux avait souligné la remise en liberté de trois malfaiteurs condamnés. La prison de Chartres était pleine et l’on avait appliqué la circulaire Taubira du 19 Septembre 2012. Un syndicat de magistrats avait commenté : « une non-affaire » dans la mesure où ce cas n’était pas une exception, mais la routine. La priorité n’est pas de créer des places , mais de faire de la place.

Vous dîtes : « la prison est l’école du crime. ». Globalement, l’exemple américain prouve l’inverse. Depuis qu’au début des années 90, les résultats des nouvelles pratiques policières et pénales plus répressives ont produit leurs effets, avec un taux d’incarcération de 743 détenus pour 100 000 habitants, la délinquance générale et violente, en dehors des homicides est à la baisse, et inférieure à l’européenne qui augmente, comme l’a établi une enquête italienne menée par Paolo Buonanno. Il paraît évident que le laxisme de fait qui règne dans notre pays est la première cause de la croissance de la délinquance. Si les chiffres positifs de ses prédécesseurs n’étaient pas honnêtes, en tout cas ceux de Manuel Valls étaient mauvais lorsqu’il a quitté la place Beauvau.. En Juin 2013, les cambriolages avaient crû de 5 à 14 % selon les zones, les vols avec violence de 3 à 5 %, et les vols à la tire de 13 à 35 % . A la fin de  l’année, c’était plus 7% de cambriolages en zone de police et plus 14 % en zone de gendarmerie.

La « contrainte pénale », la suppression des peines plancher ont donc deux faces. D’un côté, elles respirent l’humanisme compassionnel, de l’autre, elles justifient de ne pas étendre le parc pénitentiaire. Qu’il faille éviter la prison aux primo-délinquants, mais en appliquant systématiquement des peines de travail, y compris aux mineurs, est une orientation souhaitable. En revanche, la revalorisation de la prison est urgente. D’abord, il faut assurer la dignité et l’autorité des personnels. En priorité la prison punit et n’a pas pour but d’offrir le gîte, le couvert ou la télévision , et souvent de laisser entrer la drogue ou les téléphones portables circuler impunément. Elle ne doit pas être une passoire d’où l’on s’évade facilement au mépris de la sécurité des gardiens. En second lieu, elle restaure la personnalité du détenu en lui permettant de réparer les préjudices qu’il a causés aux personnes comme à la société. Le travail rémunéré dans ce but devrait être obligatoire, les contacts et les échanges étroitement limités ou contrôlés. La présence religieuse est souhaitable si, et seulement si, les personnes qui l’assurent sont pleinement en accord avec les objectifs de l’institution républicaine au sein de laquelle ils sont autorisés à intervenir.

La dernière loi « Taubira », comme celles qui l’ont précédée, est donc un contre-sens. La Justice pénale et l’institution pénitentiaire doivent voir leurs moyens considérablement augmenter pour remplir leurs fonctions. Les débats idéologiques stériles ne sont que des cache-misère !

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32 Comments

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  • Alainpsy , 6 juin 2014 @ 11 h 34 min

    Il faudrait commencer par faire disparaître la notion de remise de peine, on donne la vraie peine au moment du jugement, c’est tout. Ainsi, chacun peut se rendre compte de la peine infligée, alors qu’aujourd’hui plus rien ne se tient, cinq ans signifiant deux ans, et deux ans veut dire un an, tout est illusion et destruction de repères, pour tout le monde. Ensuite il ne faut pas mélanger les délinquants et nous devons spécialiser les prisons : par exemple il faut réunir dans des établissements équipés tous les délinquants violents et uniquement, afin d’y prévoir des séjours particuliers ( aucun équipement télévisuel, aucune nourriture
    halal, pas de salle de musculation, cellules uniquement individuelles, musique classique le matin au réveil, aucun contact entre les détenus, équipes psy pour verbaliser sa violence, méditation, pas de contact avec l’extérieur, uniformes roses (très important) ), il est nécessaire de briser la construction pathologique de l’individu pour tenter de reconstruire
    quelque chose de plus adapté à la collectivité. Aujourd’hui, malheureusement, et c’est un véritable drame, c’est tout le contraire, le délinquant est renforcé dans son comportement, on l’excuse et on adapte la prison ou l’absence de prison, autrement dit on cherche à ne pas lui nuire, on le considère comme un individu qui doit être respecté. Or, il faudrait lui imposer l’inverse, ce qu’il est n’est ni bon ni respectable, et le prix à payer est d’accepter de participer à la destruction de ce qu’il est. La prison ne doit , en aucun cas, être une réunion collective de délinquants multiformes, mais un isolement permettant le retour sur soi dans la culpabilité et la pénitence. Chaque jour, c’est une femme qui doit passer dans les cellules individuelles pour servir le repas, et chaque jour le détenu doit faire preuve d’une extrême politesse et d’un profond respect, sinon il ne mange pas.
    Comment ceux qui nous gouvernent peuvent-ils être aussi stupides pour ne jamais rien mettre en place qui permette d’évoluer dans le bon sens ? Lâcheté, démission, laxisme,
    manque d’ambition, intelligence en berne, mollesse….voilà toutes les qualités des politiciens aujourd’hui.

  • monhugo , 6 juin 2014 @ 11 h 42 min

    La lecture des faits-divers (journaux de province surtout) en piqûre de rappel, au quotidien !

  • monhugo , 6 juin 2014 @ 11 h 47 min

    Seuls les “pointeurs” sont en structure ad hoc. Voir Casabianda, en Corse. Plutôt agréable comme endroit :
    http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2007-11-29/la-prison-sans-barreaux/920/0/212250

  • samovar , 6 juin 2014 @ 11 h 51 min

    Si c’est vraiment par économie qu’on fait tout ça et non par idéologie pure, pourquoi ne pas “délocaliser” l’activité “incarcération”? Tout milite pour :
    – Cela éloignerait les prévenus ou condamnés de notre territoire
    – Cela permettrait de créer donc de bâtir des prisons dans les pays des “double-nationalités” (Algérie, Maroc, et toute l’Afrique, mais aussi Roumanie, Moldavie ou autre ) et ainsi de procurer une activité et une manne financière à ces pays défavorisés …
    – Les coûts de construction mais aussi les coûts de maintenance étant moins élevés dans ces pays cela ferait faire à la France des économies substantielles.
    – Les détenus bénéficieraient pour la plupart des pays récepteurs de conditions climatiques idéales ensoleillées et chaudes … et y gagneraient aussi en équilibre psychique car le déracinement est souvent la cause des dérives de ces gens-là: pour moi l’immigration c’est comme un poisson qu’on sort de l’eau et même si ces gens sont “français” de papier depuis deux générations, leur coeur et leur respiration est dans leur pays d’origine …
    – Les gardiens et autres prestataires qui s’en occuperaient apprendraient peu ou prou des parcelles de notre culture, langue etc … et peut-être y aurait il moins de “Mérah” et autre “Trucmouche” !!
    – Eventuellement pour ceux qui aimeraient vraiment notre pays la France, cela les inciterait à faire attention et à ne pas récidiver …
    En résumé, une sorte de recolonisation de leur propre pays par les immigrés qui ont loupé leur intégration …

  • Alainpsy , 6 juin 2014 @ 11 h 55 min

    Effectivement, la gauche aborde toujours les problèmes à l’envers, tout étouffés qu’ils sont par la victimisation et le compassionnel, ça les empêche d’être lucides. En plus, j’ai l’intime conviction que taubira nourrit une telle haine à notre égard qu’elle nous fabrique les ingrédients de notre destruction.
    Si l’on veut corriger une partie de la délinquance violente dans les banlieues, il faut détruire le fonctionnement de la cellule familiale musulmane. La soumission voilée de la femme empêche l’identification du jeune garçon au père pour séduire la mère, puisque cette dernière est dans un rapport pervers de soumission au père, c’est un rapport de maître à objet, on ne séduit donc pas un objet, on le prend d’autorité, ce qui prive l’enfant musulman, dans de nombreux cas, des interdits structurants qui permettent de vivre en société et d’y tisser des liens de respect d’autrui et de séduction mutuelle. La manipulation et la violence deviennent les règles, c’est le résultat logique, on ne fonctionne plus que dans le rapport de force avec un profond mépris pour la Femme devenue un objet à soumettre.

  • jejomau , 6 juin 2014 @ 12 h 07 min

    A-BRO-GA-TION de la loi sur le pseudo-mariage !!!!!!!!!!!!!!!!!!

    http://fr.gloria.tv/?media=449433

  • P. , 6 juin 2014 @ 12 h 20 min

    ” beaucoup de condamnations à de la prison ferme ne sont pas exécutées. Il y a un stock de 80 à 100 000 peines de prison ferme en « attente d’exécution », faute de place. ”

    Faux, elles sont bien exécutées, mais parfois avec un délai de plusieurs années entre la prononciation de la peine et son exécution. ça pose d’ailleurs un problème majeur, car lorsqu’au bout de 2 ans le délinquant s’était ré-inséré et qu’on vient le chercher pour le mettre en prison, certes, ce n’est que l’application de la loi, mais c’est contre-productif, car ça le sort de la société. En revanche, on peut donc en conclure qu’il faut bien augmenter le nombre de places de prison.

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