Copé-Fillon : Choc des ambitions ? Heurt des idées ? (1/3)

Tribune libre de Hubert Montmirail

Depuis la défaite de Nicolas Sarkozy, ce qui était déjà en germe depuis des mois, voire plus d’un an, apparaît au grand jour. Une lutte féroce entre les deux repreneurs éventuels de l’UMP qui aspirent à devenir l’opposant à François Hollande et de son Gouvernement. D’un côté, un secrétaire général de l’UMP en place depuis novembre 2010, de l’autre, l’ancien Premier ministre qui a été le seul du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Tous deux revendiquent une légitimité. Pour Jean-François Copé, ce serait la légitimité du parti, et certainement l’onction sarkozyenne, à la fois sur un plan pratique (Jean-François Copé a pris les mains de l’UMP avec l’accord de Nicolas Sarkozy, puis il a participé à sa dernière campagne présidentielle) et idéologique (grosso modo, l’élu de Seine-et-Marne s’inscrit plus dans la droitisation développée par Nicolas Sarkozy). Pour François Fillon, ce serait la légitimité gouvernementale, celle de l’homme qui a mis en œuvre le programme des réformes de Nicolas Sarkozy. A priori, tous les deux peuvent revendiquer un quitus plus ou moins sarkozyen. En novembre 2012, les adhérents de l’UMP devront trancher entre un François Fillon, candidat depuis le 30 juin dernier, et un Jean-François Copé, candidat probable à la présidence de l’UMP. S’agit-il d’un choc entre deux ambitions personnelles ou, au contraire, d’un conflit entre deux cultures, mais aussi deux manières de concevoir l’avenir de la droite ? En réalité, il y a un peu de tout cela. Sans nier la complexité du jeu politique, on peut donner quelques lignes directrices.

Un rapport au parti asymétrique. Jean-François Copé dispose d’un avantage certain : les reines de l’UMP. Depuis son installation, le parti a été maillé par l’élu de Seine-et-Marne, non sans remous et tiraillements. Mais des permanents aux députés, on peut dire que Jean-François Copé tient la machine. Quant à François Fillon, il s’impose davantage comme une figure gouvernementale que comme une figure partisane. François Fillon semble accuser Jean-François Copé de mélanger la fonction de secrétaire général et celle de candidat probable à la présidence de l’UMP. Durant toutes ses années, Jean-François Copé a même mis en avant son propre mouvement, Génération France, y compris lorsqu’il a été à la tête de l’UMP. Enfin, il peut compter sur les soutiens des troupes de l’UNI. À Matignon, François Fillon n’a jamais véritablement cherché à mobiliser son mouvement, France.9. Peut-être, s’en mord-il les doigts ? François Fillon est donc moins un homme d’appareil, mais davantage une figure ministérielle et gouvernementale, qui peut escompter une bonne image auprès des Français. Cependant, cela sera-t-il suffisant auprès des militants UMP, plus sensibles à ceux qui dirigent son appareil ? La notoriété constitue-t-elle déjà un matelas électoral qui peut dispenser de la plus active des campagnes ?

Des entourages différents. Les équipes de Jean-François Copé paraissent plus nombreuses, davantage militantes que celles de François Fillon, qui elles, sont moins nombreuses et plus dispersées, parfois moins habituées aux questions d’appareil. Au fur et à mesure de son ascension, Jean-François Copé a fidélisé ses soutiens. Au fur et à mesure de ses fonctions successives (figure montante du RPR dans les années 1990, secrétaire d’État au budget, tête de liste UMP aux régionales 2004, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale en 2007, etc.), il a agrégé de nouvelles têtes. François Fillon, tout en étant entouré de personnes travailleuses et compétentes, apparaît comme moins sensible à la gestion d’une équipe et semble plus réticent à entretenir un réseau. À ce jour, il ne dispose pas encore coordinateur identifiable. Il est difficile de savoir qui fait quoi. À cela peut s’ajouter l’inexpérience des équipes. Rien de tout cela dans l’UMP où Jean-François Copé dispose déjà de cadres aguerris et rompus. Même sur un plan médiatique, une équipe cohérente et coordonnée, cela compte. En revanche, son soutien est davantage dans d’autres grandes figures (Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez, etc.). Cela n’est pas neutre dans la mesure où il revendique une légitimité gouvernementale (supra).

À suivre lundi…

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3 Comments

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  • Jean-Frédéric POISSON , 6 juillet 2012 @ 18 h 49 min

    Cher Hubert Montmirail,
    J’ai lu votre article avec attention. L’analyse me paraît juste sous beaucoup d’aspects, et je vous remercie de cette tribune.
    Une petite remarque souriante toutefois : “JFC dispose des ‘rennes’ (sic !) de l’UMP”. Vous vouliez parler sans doute des “rènes”, parce certains de mes collègues auront sans doute peine à se reconnaître dans les grosses bêtes à poils et à cornes, habitués aux grands froids, et assez lents dont vous avez parlé sans doute hâtivement… Le tout avec le sourire, bien entendu !…
    Bien cordialement,

    JF POISSON
    Député des Yvelines

  • domremy , 7 juillet 2012 @ 13 h 34 min

    c est le programme et les idées qui interessent les électeurs de droite; mais l un ou l autre si ils continuent en favorisant les riches et les actionnaires, et laissent de coté tous ceux qui ont voter FN par dépit ils ne sont pas prêts de gagner
    il

  • durand , 9 juillet 2012 @ 20 h 43 min

    , Monsieur, il est probable que la bulle UMP éclatera après cette élection, car entre un candidat qui veut ressembler à N SARKOZY et un autre qui veut faire un gaulisme social , il y a trop de divergences . La Droite ira mieux quand existera une vraie droite sans les idées farfelues économiques du FN et un centre droit allié de cettedroite au moment des élections…

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