Pourquoi il est profondément catholique de s’opposer à l’immigration

Face à la crise migratoire actuelle, beaucoup de catholiques français sont complexés à l’idée de s’opposer sans nuance à cette nouvelle immigration. Est-ce vraiment charitable ? s’interrogent-ils. N’est-ce pas contraire à l’Evangile, au message de Jésus qui a dit « J’étais étranger, et vous m’avez accueilli » ? A cette injonction à l’accueil de l’autre, la réponse des catholiques de droite reste défensive et prudente. Marion Maréchal Le Pen, à l’Université d’été de la Sainte Baume, a distingué charité individuelle et charité politique, arguant de la situation économique de la France trop précaire pour accueillir des migrants. Or, c’est tout autant d’un point de vue moral qu’accepter l’immigration actuelle est une position dangereuse.

Emotionnalisme

Pour réussir une récolte de dons, les spécialistes nous l’apprennent, une affiche expliquant les chiffres de la faim sera bien moins efficace que de présenter la petite Alida, cinq ans, souffrant de malnutrition. Le public sera émotionnellement plus affecté. Or l’émotionnalisme, très sollicité aujourd’hui pour parler des migrants, révèle dans la situation actuelle une logique perverse. Le compassionalisme niais n’a historiquement pas été la marque de fabrique des Etats catholiques. Nos sociétés post chrétiennes appliqueraient-elle mieux les valeurs chrétiennes ? Absurde. Un chrétien n’est pas dispensé de faire appel au bon sens. Il est contraire au bon sens d’accueillir en masse des hommes de culture radicalement différente et de ne pas en examiner les conséquences.

Méconnaissance du fonctionnement des flux migratoires

Ceux qui demandent l’accueil de migrants font preuve d’une profonde méconnaissance du fonctionnement des flux migratoires. Faire la distinction entre migrants économiques et réfugiés n’est pas entièrement pertinent. A moins de persécutions spécifiques, quitter un pays instable ou en guerre revient à partir pour des raisons économiques. Or les études empiriques des migrations internationales (travaux de Fitzgerald) montrent que la décision de migrer dépend plus des conditions économiques et politiques du pays d’accueil que de celles du pays d’origine. Le migrant compare la situation de son pays et celle du pays qu’il souhaite rejoindre, et, si le risque pris est inférieur au bénéfice escompté, alors il tente la traversée. La distance est un frein clair : distance géographique, informationnelle, culturelle, barrières. La présence d’une communauté de la même origine dans le pays hôte le rendra plus attirant et plus facile d’accès (réseaux communautaires), alors que l’homogénéité ethnique d’un pays sera un repoussoir. L’attrait pour le Canada, où l’on peut garder sa culture d’origine, ou pour Londres la multiculturelle en sont de bons exemples. Le migrant est sensible au différentiel économique (salaire, chômage, aides sociales) mais aussi à la possibilité de s’insérer (facilité d’obtention de permis de séjour ou de la nationalité). C’est pourquoi il est réceptif au climat politique du pays hôte. En 2005, le gouvernement socialiste de Zapatero a procédé à une régularisation massive de 700 000 clandestins. Suite à cette décision, l’immigration a été comparativement plus élevée en Espagne. C ‘est un cas classique d’appel d’air. En Allemagne, la chancelière Merkel a visité le 26 août le centre de demandeurs d’asile d’Heidenau, y a condamné la xénophobie et appelé à l’accueil d’autrui. Résultat immédiat: des milliers de clandestins à Budapest se sont embarqués dans des trains en direction de l’Allemagne, scandant le nom de Merkel qui s’est montrée prête à les accueillir.

Tant que les frontières de l’Europe seront une passoire, des migrants essaieront de l’atteindre. Montrer des signes d’ouverture ne fera que provoquer de nouveaux espoirs (l’inverse est vrai également). Et que dire lorsqu’on voit les garde-côtes, qui, plutôt que de chasser les passeurs, sont chargés de récupérer des embarcations sur les côtes libyennes, encourageant ainsi les flux !

Des implications de long-terme destructrices

Le vrai problème commence après l’arrivée en Europe. Le droit de la nationalité, très généreux, fait que ces immigrés ne resteront pas toujours réfugiés mais seront intégrés à la communauté nationale (avec des variantes selon les états), ou au moins leurs enfants nés ici. Même l’Allemagne a réformé dans les années 2000 son Code de la Nationalité pour intégrer le droit du sol en plus du droit du sang. Or les flux sont gigantesques au regard de la population d’origine : avec au moins 800 000 demandeurs d’asile en Allemagne, on obtient le chiffre faramineux d’environ 1% de la population allemande constituée de demandeurs d’asile de 2015 ! Similairement, la Suède accueille chaque année 1% de sa population en nombre de réfugiés. Des flux démesurés au regard de la nécessité d’intégration, mais en croissance régulière.

Or comment intégrer ces populations, si différentes culturellement ? Le cocktail différences culturelles couplées à l’ethnomasochisme des pays occidentaux ne peut qu’ébranler l’identité civilisationnelle des pays européens. Les problèmes d’intégration ont touché davantage les secondes et troisièmes générations d’immigrés, à l’aune d’un modèle d’assimilation abandonné en France. Pourquoi n’en serait-il pas autrement dans le cas des immigrés actuels, qui plus est en majorité des hommes jeunes ? Sauront-ils transmettre leur gratitude à l’Europe de les avoir accueillis, ou leurs enfants seront-ils les animateurs communautaires de demain ? Sans compter les fantasmes d’invasion de l’Europe exprimés par une partie de ces clandestins. Il est impossible de ne pas se pencher sur le problème de l’islam tel qu’il est vécu aujourd’hui. La menace terroriste islamiste n’a jamais été aussi grande ; on accueille des clandestins majoritairement musulmans. Quand on voit comment les minorités chrétiennes sont traitées dans leurs pays d’origine, on ne peut que s’inquiéter de voir la part de musulmans croître en Europe. Les réfugiés chrétiens d’Orient sont bien souvent les plus horrifiés par l’immigration musulmane. On rappellera l’épisode où des migrants musulmans africains ont jeté à la mer des dizaines de migrants africains chrétiens avant d’accoster en Europe. Ces migrants ne voient pas la contradiction entre rejoindre un continent à majorité chrétienne alors qu’ils sont musulmans et noyer des chrétiens parce que non-musulmans. Le manque de respect de la culture du pays d’accueil atteint des sommets. Et ce mépris est encouragé par un continent incapable de reconnaître et respecter son identité chrétienne. Dans une telle situation de mépris de soi, il est dangereux d’accueillir des migrants à la culture conquérante et historiquement antagoniste. L’intégration à l’envers existe déjà dans les banlieues françaises.

Gestion en bon père de famille

Quelle responsabilité du politique ? Saint Jean-Paul II a rappelé que la nation est la communauté la plus comparable à la famille. Parce que l’Homme est un animal social, c’est dans les communautés que la personne se réalise. Imaginerait-on des parents adopter des enfants si cela représente un danger pour les siens ? Un homme politique doit donc penser à la société qu’il laisse à ses enfants. Ne serait-il pas criminel de leur laisser une société multiculturelle, fracturée comme le sont les nations hétérogènes ? Une société où ils seraient mis en minorité comme Blancs et non-musulmans, à moins de se convertir à l’islamisme ? Ces situations sont déjà documentées aujourd’hui, elles sont appelées à se multiplier.

Charles de Foucauld, quelques mois avant sa mort, écrivait à René Bazin en 1916 : « Comme vous, je désire ardemment que la France reste aux Français, et que notre race reste pure. » Parlant de la nécessaire christianisation des Kabyles : « Pourtant je me réjouis de voir beaucoup de Kabyles travailler en France ; cela me semble peu dangereux pour notre race, car la presque totalité des Kabyles, amoureux de leur pays, ne veulent que faire un pécule et regagner leurs montagnes. Si le contact de bons chrétiens établis en Kabylie est propre à convertir et à franciser les Kabyles, combien plus la vie prolongée au milieu des chrétiens de France est-elle capable de produire cet effet ! ». Celui qui a vécu si longtemps au milieu des Touaregs appelle à la préservation du peuple de France et n’envisage l’arrivée de musulmans qu’en tant qu’elle serait pour le travail, provisoire, et concourant à la christianisation et francisation des Kabyles. Elle nécessiterait une société qui s’affirme résolument chrétienne.

L’Union Européenne n’a pas réfléchi en amont à la question de la pression migratoire. Pourtant, des solutions anciennes méritent d’être examinées, comme la menace de suspension de Schengen, ou la réactivation du statut d’apatride avec les passeports Nansen. Des alternatives qui ne mettraient pas en danger l’âme chrétienne de l’Europe.

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48 Comments

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  • la bete immone , 6 septembre 2015 @ 10 h 30 min

    100 000 comoriens vivant à Marseille font de Marseille la plus grande ville comorienne du monde ; Je n’ai pas vu ces 100 000 comoriens descendre dans les rues de la ville pour un meilleur accueil des syriens ou irakiens . Dans la foule manifestant à Paris (plus de 8000 personnes ) je ne vois pas une représentation de masse des ’minorités visibles ” qui siègent dans nos banlieues .On me dit de partout que l’immigration est une chance pour la France et pour l’Europe .Depuis des décennies j’attends ce miracle économique mais pour l’instant je vois mon pays vivre dans l’anarchie ,l’insécurité,le chomage .Les habitations ne sont pas suffisantes en ville ce qui fait grimper les loyers .Si la municipalité compatissante ouvre des centres d’accueil pour les réfugiés et les clandestins je vois sous les ponts de Paris toute une faune française oubliée qui souffre du froid ,de l’isolement et de la pauvreté .Le passant détourne les yeux et ne veut pas les voir .Je demande justement qu’on les regarde un peu .Sauvez d’abord les notres qui sont en souffrance .

  • peripathos , 6 septembre 2015 @ 10 h 31 min

    S’opposer à l’invasion-immigration est d’abord humain et intelligent , c’est bien et moral ET , COMME TEL , et PAR SUITE , cela peut et DOIT être assumé par un catholique et par une théologie catholique et ortho-doxe , une théologie catholique orthodoxe si vous voulez ……
    CAR “la grâce ne détruit pas la nature” en bonne théologie

  • peripathos , 6 septembre 2015 @ 10 h 39 min

    Disons plutôt que les catholique et l’Eglise catholique peuvent et doivent légitimement s’opposer , non pas à “l’immigration” , mais à CETTE immigration massive islamique .

    Ceci est légitime et cohérent avec la révélation chrétienne qui nous demande de rechercher le Bien et d’assumer “tout ce qui est bon , tout ce qui est vrai , tout ce qui est juste et digne d’être aimé” suivant ces paroles de St Paul

  • Yves Raoux , 6 septembre 2015 @ 10 h 51 min

    Les migrants qui débarquent en Europe sont majoritairement de jeunes hommes; ils fuient leur pays et laissent les femmes et les enfants se débrouiller. Ils vont réclamer violemment (c’est déjà le cas en Grèce, en Italie,…) tout ce qu’il n’ont pas et dont ils ont besoin: un toit, de l’argent, du travail. Ils vont importer leurs conflits. Et comment pourront-ils vivre sans femmes?
    Il est irresponsable de les laisser entrer. Ce sont les petites gens chez nous qui vont payer le prix de la faiblesse des élites, responsables politiques et religieux.

  • André , 6 septembre 2015 @ 10 h 52 min

    En voilà une qui explique tout:
    Martine Aubry sur la situation des migrants : “je suis heureuse que l’Europe se bouge, mais c’est tard…”

    http://www.dailymotion.com/video/x34udy4_martine-aubry-sur-la-situation-des-migrants-je-suis-heureuse-que-l-europe-se-bouge-mais-c-est-tard_news

  • von Reisner , 6 septembre 2015 @ 11 h 45 min

    02. Le Chêne et les Roseaux

    L’Europe est un coffre fort ouvert.
    [Général P-M. Gallois]

    Le Chêne un jour dit aux Roseaux
    Qui bruissaient à ses pieds : «Holà marauds,
    Qui ne cessez de croître et de multiplier :
    Vous bafouez les lois de l’hospitalité !
    Un étranger est bienvenu,
    Cent font déjà une tribu.
    Le ru est peu profond,
    Et ne saurait demain abreuver vos légions…
    – Sire, dit un Roseau quelque peu érudit,
    Ne sommes-nous pas tous des frères ?
    Voyez, nous sommes fluets et petits.
    Nous buvons peu ; Souvent courbés pour la prière,
    Nous sommes pieux et tous les ans, pour notre foi,
    Nous jeûnons tout un mois ;
    La discrimination est un mal condamnable !»
    Notre Chêne à ces mots se ressentit coupable.
    Les vents l’assaillant de tous bords,
    A chaque instant lui rappelaient ses torts.
    Quelque pie jacassant à senestre
    Rabâchait la leçon dans la langue sylvestre.
    Lui qui souffrait de mille maux,
    N’osa plus exhaler un mot
    Et ne se sentant plus chez lui,
    Sombra dans la mélancolie.
    Au bout de l’an la gent Roseau,
    Avait colonisé tout le ruisseau.
    Puis l’eau fit défaut, il y perdit sa sève et
    Avec elle son ancestrale fierté.
    La loi du nombre fit le reste : Corseté,
    Contesté, submergé,
    Puis peu à peu corrompu de la tête au pied,
    Il s’abattit sur ce sol tant aimé,
    Où désormais il était l’étranger !

    Plus on est élevé, plus on a lieu de craindre 1.
    Il ne s’agit pas de se plaindre :
    Accueillons dignement nos frères étrangers,
    Mais, comme en toute panacée,
    C’est la dose qui fera tout 2.
    Quant aux belles âmes émues de leur propre zèle 3,
    Qui exigent d’accepter tout,
    Ce sont chiens de Jean de Nivelle 4
    Qui fuient quand on les appelle !

    Yves Tarantik (Fables d’hier et d’aujourd’hui)

    Citation : Le Général Pierre-Marie Gallois est souvent considéré comme le père de la dissuasion nucléaire française.
    1. Qui est plus haut que nous sur terre est un ennemi. [Proverbe du Moyen-âge.]
    2. L’important c’est la dose : Paracelse, philosophe, médecin et alchimiste suisse. XIIIème s.
    3. Ce zèle rappelle étrangement celui des pacifistes d’avant 1940 qui affirmaient contre toute évidence que : «Monsieur Hitler ne veut pas la guerre…»
    4. Ce chien de Jean de Nivelle, qui fuit quand on l’appelle : Celui qui vous trahit quand on à besoin de lui.

  • le réel , 6 septembre 2015 @ 12 h 42 min

    qui sont-ils? pour nous apitoyer on nous montre les femmes et les enfants! a-t-on étudié ces groupes?

    a-t-on envisagé que cela soit la prémisse d’une guerre qui ne veut pas dire son nom?
    Pourquoi ne vont-ils pas vers les pays du Golfe riches?

    si c’est la guerre et la misère qui est leur motivation nous devons nous apitoyé mais en leur faisons assumer leur dignité d’homme! ils ne doivent pas voir dans l’occident un eldorado pour passifs!

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