Manifestation d’un jeûne, manifestation d’un peuple

Manifestation d’un jeûne.

Ne nous y trompons pas : par cet accent circonflexe (chapeau pointu… et non capuche de camouflage) nous sommes à cent lieues des casseurs banalisés en « jeunes » par les médias ordinaires.

Par son jeûne, Béatrice Bourges posait un acte d’exception, un manifeste et une manifestation.

Un acte d’exception tout d’abord. Elle n’en est pas l’inventeur (loin s’en faut) mais la première utilisatrice dans le cadre d’une pensée de droite en France, portant la revendication aussi haut : non pour un avantage quelconque, mais pour mener à la destitution d’un président responsable et « présumé innocent » de la casse sociale, économique et culturelle de la France.

Acte d’exception encore, car Béatrice Bourges n’a rien à y gagner, sinon des coups (plus ou moins bas) et aucun avantage personnel, du moins dans son sens le plus économique (laissons momentanément de côté la théorisation des « actes gratuits »).

Mais manifeste aussi, publiquement déclaré comme jeûne spirituel opposé à la société de surconsommation, où l’homme nouveau sera « déconnecté de la nature, de son sexe, de son territoire, de son identité ».

Jeûne pour développer la vie intérieure, sorte de réapprentissage à la vie, et peut-être à la survie.

Et encore, jeûne adressé à l ‘ensemble de la classe politique trop heureuse, au prix de quelques passes d’armes convenues, de ne pas prendre légalement les vraies armes de ce qu’elle appelle « démocratie » c’est-à-dire de voter la loi organique autorisant l’usage éventuel du fameux article 68 de la Constitution. Il en a été suffisamment question par ailleurs pour n’avoir pas besoin d’y revenir ici.

Cependant, pour isolé qu’il soit, au départ, ce jeûne était aussi une manifestation adressée au public. Et même une manifestation selon les ukases divers de la préfecture de Police, dès que deux personnes s’associent. N’oublions pas Josiane, sa « sœur de jeûne » qui partagea le froid, la faim, la dureté des conditions, femme de France armée de son courage et de sa commisération.

Et ainsi cette manifestation d’un jeûne rejoignait la manifestation d’un peuple, certes sans aucune commune mesure numérique en apparence.

En apparence seulement, car, compte tenu du nombre de policiers présents pour barricader, contraindre, déranger, fatiguer, humilier ces deux femmes, combien en aurait-il fallu en proportion des centaines de milliers de manifestants de notre marche pour la vie, de notre jour de colère, de notre manifestation pour tous ? Mes capacités de calcul sont dépassées ; mais je suis sûr que toutes les polices de France et de Navarre n’y auraient pas suffi.

Cela dit, rappelons-nous que le premier devoir d’un prisonnier de guerre – et le président a déclaré la guerre sociale et culturelle – est d’occuper le maximum de forces hostiles à sa surveillance. Déjà, en ce sens, Béatrice Bourges a réussi son jeûne et montré l’exemple.

Et puis… et puis, il y a une dimension autre que traduisent ces incomptables fondamentaux : l’exemple, la pensée, la volonté partagée, la détermination commune, le sens du vrai, du bien, du juste, l’espoir, la nécessité vitale de la tradition sainement comprise, l’absence de haine, et, si l’on y réfléchit bien, quelque chose du bien commun offert, même aux opposants.

Il y a aussi le prix à payer, à chacun selon son écot, qui d’un billet de train, qui de ses heures de sommeil, qui de sa fatigue, qui de ses douleurs, qui de ses craintes, qui de son engagement de terrain, qui de ses pensées revivifiées, de sa remise en question.

De cette conjonction entre une « faible femme » et une forte foule, nous pourrions discuter encore longtemps. Il nous suffit de savoir qu’elle existe, et qu’elle ne doit jamais disparaître.

Faute de quoi, les succès apparents ne seront que feux de paille allumés comme basses manœuvres pré-électorales. Quant à une illumination subite au plus haut niveau de l’état…

En tout état de cause, les aboiements n’ont pas tardé à reprendre.

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45 Comments

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  • FIFRE Jean-Jacques , 8 février 2014 @ 13 h 00 min

    A l’observation minutieuse de 2 années qui viennent de s’écouler, qu’est-il possible d’observer quant à l’évolution de la situation de la France ?
    Au soir du 6 mai 2012, l’élu (par défaut) à la magistrature suprême, se retrouva face à un défi colossal dont il n’a jamais envisagé qu’il puisse lui être dévolu. Sa surprise est grande et le poids de ses discours enflammés d’un lyrisme d’une autre époque autant que ses promesses inconsidérées et ses jugements à l’emporte pièce, placent notre pays dans une situation inédite dont l’issue semble des plus incertaine dès le premier jour du « règne ».
    Le peuple de France n’est pas dupe des incompatibilités qui existent entre les nécessités impérieuses du pouvoir telles que les définit la constitution et la nature du nouveau titulaire de la charge Présidentielle. Il n’est pas candide au point de croire que cet homme fut choisi pour une autre raison que le rejet de son prédécesseur. Mais il demeure cohérent et dans la logique des institutions il lui accorde une majorité législative qui doit assurer la cohérence faute dans garantir l’efficacité.
    Cet homme avait promis le redressement économique et il n’a apporté qu’un accroissement du chômage. Il avait promis la cohésion sociale et il n’a apporté que la division.
    Résultat : sa côte de popularité qui avait atteint dans l’espérance un peu aveugle du « changement promis », le niveau de 65% d’avis favorables au cours des premiers jours, se situe aujourd’hui péniblement à 19%. C’est-à-dire qu’hormis sa famille, ses amis et ses obligés plus aucun Français ne se fie à lui.
    Il est du devoir de chacun de respecter les institutions de la Nation. Certes. Cependant dans une situation telle que la connait le pays et face à la certitude que rien n’ira en s’améliorant malgré le rétablissement de la conjoncture internationale, n’est- il pas normal de songer à se débarrasser du fardeau qui tire le pays vers le bas ? Est-il condamnable d’envisager (voire d’exiger) que la cause du mal soit éradiquée ?
    J’ai tendance à considérer que c’est la seule voie à suivre. C’est pourquoi je considère que Béatrice Bourges, quelles que soient par ailleurs ses motivations, nous a montré la direction.

  • FIFRE Jean-Jacques , 8 février 2014 @ 13 h 00 min

    Une fois de plus François Hollande a tord. Il se trompe ou il tente de nous tromper pour de sombre projet dont il est le seul à connaître l’objectif.
    En visite officielle à Tunis, il prononce cette phrase : « l’Islam est compatible avec la démocratie ».
    Cela ne se peut, naturellement pas pour les raisons suivantes :
    1) Le Coran, texte fondateur de l’Islam, déclame sur tous les tons qu’il a vocation à s’adresser aux individus du monde entier sans exclusive et à terme sans autre choix autorisé. Toute nuance ou toutes autres références anciennes et assumées auxquelles se rattache cette religion, demeurent des voies sans issues et des voix trompeuses ou fautives dont chacun à le devoir sacré de se détacher.
    2) Le Coran ne se contente nullement de proposer des lois destinées à gouverner les convictions morales individuelles dans le secret de l’âme, fut-ce en connivence avec des semblables dont les choix de vie et de pensée seraient communs. Il se donne pour vocation de régenter la vie sociale, d’édicter la loi séculaire en relation avec la loi divine, c’est-à-dire celle dont Muhammad se dit le messager, in fine de régenter la vie civile. Est-ce bien là les signes de la laïcité ? S’agit-il bien du comportement démocratique tel que nous Français le concevons ? Il ne me semble pas que ce soit précisément le chemin suivit par la France à l’égard de sa religion traditionnelle millénaire.
    3) Pour aboutir à son objectif ultime d’assimilation, le Coran ne s’interdit nullement le choix de la force. Au contraire, il se donne pour méthode, au bout du compte, c’est-à-dire comme dernier recours, le « djihad de l’épée », si celui du cœur, celui de la langue ou celui de la main ont échoué dans le devoir sacré de conversion.
    On aurait compris qu’il dise bravo pour l’effort collectif des Tunisiens a sortir leur pays de l’impasse et le conduire sur le chemin de la paix ou quelque chose de la sorte. Qu’il prononce des paroles conciliantes et amicales. Qu’il transmette au peuple Tunisien un message d’amitié de confiance et d’espoir, mais certainement pas cela qui n’a aucun sens.

  • Cap2006 , 8 février 2014 @ 17 h 15 min

    Le soucis @Zachee, c’est que vous ne souhaitez pas sortir du silence… vous souhaitez imposer à tous les autres votre respectable philosophie de vie.

    La religion vous procure “une joie indicible et [v]ous permet de parvenir à un état de conscience inimaginable..” c’est vraiment super…

    Et en France, RiEN ne vous empeche de vivre et de partager celà… même sur l’espace public regulièrement accaparé.

    Mais pourquoi rejetez vous ainsi une partie de la société qui évolue différement ?… pourquoi “l’impliquer ” de force…

  • Paname , 8 février 2014 @ 18 h 48 min

    Réponse à Cap2006
    “la religion catholique accepte si mal encore aujourd’hui “de rester dans la sphère privée des individus qui y “adhèrent.”

    1 – Je ne suis pas un “individu”, mais une personne.
    2 – La Lumière ne doit pas rester sous le boisseau: l’Église DOIT sortir de la sphère privée.
    3 – “Toi seul est le Très Haut, JC, avec le St Esprit, dans la Gloire de Dieu le Père”.

  • Goupille , 8 février 2014 @ 19 h 47 min

    Oui.
    Même que c’est la Saint Gaston, “y’a l’téléphon qui son” etc.

    Rires médiatiques nourris.

  • François DESVIGNES , 9 février 2014 @ 3 h 04 min

    Chère BB,

    Il faut dire à vos nombreux détracteurs que l’on a fait ce que l’on devait quand on a fait ce que l’on pouvait.

    D’ailleurs, le Ciel vous a donné raison car qui aurait imaginé que par l’interpellation d’un jeûne vous auriez pu déplacer la montagne de mépris du pays légal à l’égard de la nation ?

    A part quelques chrétiens,et donc l’essentiel de la nation unie derrière vous, personne et surtout pas nos militants de l’athéislme républicain.

    Aussi à ceux, de plus en plus rares, qui ne nous lisent que pour se gausser de votre combat, je voudrais juste leur faire observer que les mêmes , leurs pères, sûrs de leur victoire, sur le Golgotha, se moquaient du Verbe Incarné sur Sa Croix.

    Et donc, à vous, BB, je voudrais vous confirmer ce que vous savez déjà : leurs quolibets sont le signe de votre victoire.

    Vous avez vaincu.

    Et à l’instar de leurs pères sur le Golgotha, seuls vos vaincus l’ignorent encore.

    Bien à vous,

  • Paname , 9 février 2014 @ 7 h 06 min

    BB semble avoir arrêté son “jeûne spirituel”.
    Pour avoir totalement (médicalement) jeûné pendant 3 jours, j’imagine l’épreuve d’une semaine! (et que dire de 40 jours…)
    Mais où en est l’article 68 (destitution du Président?).
    Que vont faire l’UMP et le FN?

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