Ne pas se tromper d’échéances et d’élections

Alors que les médias concentrent encore leurs projecteurs sur les ressacs des deux congrès qui viennent de se dérouler, et sur les grandes manœuvres présidentielles en vue de 2017, les vraies échéances vont bientôt se rappeler aux Français.

La perspective du scrutin régional de décembre devrait se situer au premier rang des préoccupations partisanes, si l’on s’en tient au strict calendrier républicain.

En même temps d’ailleurs, les débats budgétaires au sein du parlement devraient, aux aussi, dès maintenant retenir l’attention : on sait que les principales macrodécisions, celles qui se proposent d’orienter les lois de finances mais aussi, depuis la réforme de 1996, l’énorme économie de la sécurité sociale, sont prises pendant l’été.

Or, elles impliquent les rapports de forces internes aux partis.

Simplement, le hic reste le suivant : on éprouve, jour après jour, le sentiment que les manipulations de l’opinion portent beaucoup plus sur le jeu nouveau, et à certains égards contraire à la constitution de 1958, des consultations en vue de “primaires” présidentielles aux équations improbables.

Observons d’abord la droite. Après l’avoir emporté en mars dans 66 départements, ce qui nous tient lieu de droite classique c’est-à-dire la coalition UMP-UDI, devenue LR-UDI, va se trouver confrontée dans 6 mois au second rendez-vous électoral de 2015.

Nous avions incidemment évoqué dans notre chronique du 1er juin la proposition fort ponctuelle, mais bien intentionnée, de la candidate de droite à la présidence de l’Ile-de-France.

On serait certes tenté de se demander si les modalités qui l’accompagnent, l’obligation de détenir une carte nationale d’identité dans les transports, ne seraient pas attentatoire aux libertés. Si ténue, presque dérisoire, que puisse paraître cette proposition répressive, au moins court-elle après une authentique préoccupation régionale, celle de la sécurité des transports. Elle montre aussi que cette droite nominale reste engluée dans l’étatisme, l’hyper-réglementation et la centralisation : trois approches peu compatibles avec la régionalisation que cet enjeu électoral devrait exprimer.

Un aspect apparemment tout à fait technique, le mode de scrutin de ces élections va changer en grande partie la donne. Certes le mode de confection des listes a été soigneusement étudié pour rendre très difficile aux mouvements d’idées de présenter suffisamment de candidats, d’observer la parité, et, naturellement aussi de financer leurs campagnes.

Il reste un trait fondamental de ce type de scrutin proportionnel : les électeurs de l’Hexagone n’ont encore guère conscience des enjeux majeurs des Région. Ils sont tenus, de la même façon d’ailleurs, dans l’ignorance des débats de l’Europe.

L’effet est le même, celui de “nationaliser” et “d’idéologiser” la campagne. En comparaison des élections locales, municipales et départementales, on y vote ainsi beaucoup plus en fonction de ses idées abstraites, et, plus encore, de ses mécontentements profonds.

Bien entendu la bipolarisation, tant déplorée depuis l’institution de la Cinquième république fonctionnera très largement encore. Et en particulier deux camps, de plus en plus artificiels, se dessineront à nouveau : d’un côté ceux qui supportent de moins en moins l’actuel chef de l’État, de l’autre ceux qui entendront resserrer, au moins au second tour, l’union de la gauche.

Cette division de l’opinion française n’est cependant pas acquise pour tout le monde, pas plus que ne fonctionneront obligatoirement les regroupements entre les deux tours.

Bien des incertitudes demeurent.

Ainsi à gauche les comportements des responsables respectifs d’Europe Écologie les Verts, du Parti communiste, du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, lequel envisage une “nouvelle alliance populaire”, etc.

Dès lors, plutôt que de se lasser prendre aux faux débats des primaires et du présidentialisme c’est bien aux enjeux régionaux qu’il faudrait très bientôt savoir accorder une priorité.

> Jean-Gilles Malliarakis anime un blog.

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5 Comments

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  • 0 / 10
  • Consensus , 8 juin 2015 @ 18 h 45 min

    Avis sur votre carte : La Bretagne n’est pas (encore) réunifiée et le Val de Loire n’existe pas (encore)…

  • le réel , 9 juin 2015 @ 13 h 42 min

    ils , nos élites politiques de tous bord, semblent complètement dépassé
    par les enjeux!
    ils se remuent pour faire croire qu’ils agissent mais aucun ne s’attaque aux causes des problèmes!

    on va droit dans le mur sans recours possible!

  • Trahi , 9 juin 2015 @ 13 h 46 min

    ENFIN!!

  • Francois Desvignes , 10 juin 2015 @ 4 h 48 min

    Il ne faut pas passer trop de temps au chevet des mourrants.

    Pendant qu’à Constantinople on discutait du sexe des anges (et du montant des pensions) les mahométans, eux, sapaient les murailles.

    C’est pareil ici : pendant qu’on discute des prébendes et réformettes d ela République, l’hydre de l’UE continue son avancée et étend sa dictature.

    En effet, ceux que nous alons élire aux régions ou à la présidence n’ont plus AUCUN pouvoir.

    Tout se décide à Bruxelles, (hors nos élus) jusqu’à la -nourriture -des-cochons -transformés-en tranches-de-jambon-de-la -cantine -des -enfants

    Et ne comptez pas sur eux pour vous en faire l’aveu : ils (sur)vivent de l’ambiguité de leur silence

    Rendons service à la France : refusons de cautionner la république par nos votes.

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