Désétatiser le modèle social

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En écartant Alain Juppé et en désignant très majoritairement François Fillon comme candidat présidentiel les 4 millions d’électeurs, chiffre record, ayant participé aux primaires de la droite et du centre, ont confirmé, et même renforcé, la détermination de desserrer l’étreinte étatiste de la société française.

Une telle volonté prolongeait l’effort trop timide de la RGPP. Cette Révision générale des politiques publiques avait permis par exemple, entre 2005 et 2011, de ramener de 700 à 373 le nombre des corps et administrations de l’État. On ne doit donc pas trop s’étonner de voir combien cela irritait les profiteurs et les idéologues héritiers du jacobinisme, qui se sont employés à liquider la RGPP après 2012.

On doit bien mesurer, d’abord, que le statut de la fonction publique dans notre pays a été organisé par deux ministres communistes : Thorez en 1946, Le Pors en 1983. On comprend dès lors que l’enjeu reste une fois de plus la non-repentance, au sein de la gauche française dans son ensemble, de ce marqueur idéologique qui semble toujours l’imprégner comme la tache indélébile de Lady Macbeth. Si cela ne s’appelle pratiquement plus communisme, cela reste marxiste et s’affirme égalitaire, ce qui revient au même.

Or, c’est déjà sous la Troisième république que l’on a commencé à se préoccuper en France de la fonctionnarisation de la société et de l’économie. On se plaignait de la fiscalité subséquente. De la protestation contre les abus, et l’inquisition fiscale, résultant de l’impôt sur le revenu, voté en juillet 1914, naquit une première Ligue des contribuables. On n’avait certes, pourtant, encore rien vu mais on ne faisait que constater l’application d’une loi parfaitement universelle.

On attribue ainsi à la fois à Courteline et à Clemenceau la remarque bien significative sur “la France ce curieux pays où l’on sème des fonctionnaires et où l’on récolte des impôts”. Est-ce pourtant curieux ? Non. Rien n’est, en fait, plus conforme à la raison la plus mathématique : le recours à l’emprunt n’étant qu’un expédient, toute dépense publique se résout, tôt ou tard, en impôts. Et le propre des emplois publics consiste à se trouver rémunéré sur les budgets de l’État ou des collectivités locales.

Le caractère curieux de cette situation ne résulte pas de l’enchaînement logique ainsi décrit, mais au contraire de l’état d’un secteur de l’opinion, de plus en plus minoritaire, qui ne comprend pas la pente fatale sur laquelle est entraîné le char démagogique de l’État.

Au stade actuel de la maladie, le thermomètre indique un taux de 57 % de la richesse nationale absorbée par la dépense publique. Et, corrélativement l’effectif global de 5,6 millions d’emplois public dépasse de toute évidence la cote d’alerte.

Dans la campagne présidentielle qui va se développer pendant 5 mois, l’aveuglement devant la nocivité d’une dépense publique excessive va probablement être mobilisé au service des campagnes de gauche, – ou, ce qui revient au même, en affluent d’une propagande qui assimile joyeusement le fonctionnariat au prétendu “modèle social français”, et qui s’en satisfait.

La proposition de la droite de diminuer en 5 ans de 500 000 postes le nombre des emplois publics en France, en jouant sur les départs à la retraite fait donc naturellement bondir les tenants de la gauche étatiste.

On doit comprendre aussi que, depuis la réforme de 1983 conçue par le communiste Anicet Le Pors, le terme de fonction publique recouvre des réalités juridiquement fort différentes, ne bénéficiant pas des mêmes avantages, selon qu’il s’agit d’agents de l’État, des collectivités territoriales ou des divers personnels hospitaliers. C’est ensemble que ces trois catégories employaient fin 2014, 5,64 millions d’agents (5,43 hors contrats aidés), sur une population active estimée à 28,8 millions de personnes.

Il n’est donc pas seulement urgent de répondre aux gens qui accusent la droite de vouloir “supprimer 500 000 fonctionnaires”, comme s’il s’agissait d’un projet d’assassinat collectif de type soviétique.

Il faut se mobiliser, et tenir bon, autour de l’objectif d’intérêt national de désétatiser le modèle social. Il en va du redressement de la France et de la cause de la Liberté.

> Jean-Gilles Malliarakis anime le blog L’Insolent.

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3 Comments

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  • Boutté , 9 décembre 2016 @ 8 h 28 min

    Rien de moins égalitaire que le Statut actuel de la F.P. Seuls ses membres se présentent sans risque aux élections, sachant qu’en cas d’échec actuel ou futur ils retrouveront leur rond de cuir et leurs avantages d’avancement et retraite. Ainsi la Chambre est-elle composée en belle majorité de ces privilégiés et se moque bien de favoriser l’économie du pays, tout occupés qu’ils sont à voter des lois favorables à leur seule corporation improductive et parasitaire. Le réviser est préalable sine qua non de toute réforme sociale.

  • Jean-Michel Thureau , 9 décembre 2016 @ 9 h 54 min

    L’État français n’est pas seulement trop gros.

    La vocation de l’État est d’arbitrer et de protéger. Lorsqu’il s’aventure au-delà de ces fonctions régaliennes, il sort de sa zone de compétence.

    La folie réglementaire qui s’abat sur les producteurs, petits ou grands, est une véritable catastrophe ( le diesel par ex ), la folie fiscale qui s’abat sur les producteurs, petits ou grands, est aussi une véritable catastrophe. Nous payons ces absurdités au prix fort : 10 millions de chômeurs et exclus divers.

    L’État optimal est un État régalien minimal.

  • JOSE , 9 décembre 2016 @ 11 h 07 min

    La fameuse expression « déficit de la Sécurité Sociale » est une légende urbaine, un mythe, une mystification, un mensonge, une manipulation dialectique et comptable.

    Que nous disent ces chiffres transmis par la cour des comptes ?

    Tout simplement, ils nous expliquent que du côté de l’Etat et du Patronat, les taxes destinées à la SS, qui devraient lui être reversées, ne le sont pas, hélas, elles avaient été prévues en partie pour cela, c’est un peu comme l’histoire de la vignette automobile souvenons-nous, en direction des personnes âgées, qui n’ont jamais été reversées.

    1/ Les taxes sur le tabac. Ne sont pas reversées – représentent 7,8 milliards d’Euros.

    2/ Les taxes sur l’alcool – Ne sont pas reversées – 3,5 milliards d’Euros

    3/ Les Primes d’assurances automobiles – Ne sont pas reversées – 1,6 milliard d’Euros

    4/ Les taxes sur les industries polluantes – Ne sont pas reversées – 1,2 milliard d’Euros

    5/ La part de la TVA – n’est pas reversée – 2,0 milliards d’Euros

    6/ Retard de paiement par les entreprises – Ne sont pas reversés – 1,9 milliard

    En soustrayant le total des taxes, au prétendu « trou », nous avons donc un excédent de 9 milliards d’Euros.

    http://reseauinternational.net/wp-content/uploads/2016/12/ob_641610_15401076-10209416139392018-61662523026.jpg

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