Le redécoupage régional : les mauvais ciseaux socialistes

Certes, le découpage régional était à revoir (et il l’est à nouveau plus que jamais !), mais après avoir clairement défini les compétences de chaque échelon administratif. Certes, François Hollande a eu le courage de lancer une réforme cent fois repoussée, mais ses arbitrages, faits sur un coin de table, à la va-vite, sont abscons. Ils sont frappés d’un postulat de base erroné qui voudrait que la grandeur d’une région fasse sa force et sa prospérité. Or, on ne sache pas que les petits cantons suisses soient pauvres ou que les grandes régions d’Europe de l’Est soient riches. En Allemagne, les régions les plus riches (en PIB par habitant) sont celles de Hambourg et de Brême, les plus petites ! Les géographes et les démographes, même de gauche (Hervé Le Bras par exemple), sont estomaqués par tant de légèreté et de méconnaissance des territoires, de leur histoire et de leur fonctionnement.

Bien sûr, la réforme territoriale des socialistes ne débouchera sur aucune économie et certainement pas sur les « douze à quinze milliards d’euros chaque année » dont parlait le très imprudent André Vallini. Au contraire, cette réforme bâclée risque bien de coûter plus cher car toute réorganisation de cette ampleur a inévitablement un coût technique, mais il va falloir aussi harmoniser les statuts et les rémunérations des personnels et l’harmonisation se fera par le haut. Comment croire une seconde l’inverse ? Il en ira de même pour les politiques publiques où, là encore, l’obsession égalitariste conduira à s’aligner sur le mieux-disant. Pire encore : la constitution de régions gigantesques a donné des arguments aux conservateurs qui plaident pour le maintien du département comme échelon de proximité !

“Le redécoupage régional doit avoir deux buts : d’abord et surtout, renforcer les synergies de territoires qui ont déjà des convergences ; ensuite, dégager des économies de frais de fonctionnement.”

Le redécoupage régional doit avoir deux buts : d’abord et surtout, renforcer les synergies de territoires qui ont déjà des convergences (géographiques, historiques, culturelles, économiques) ; ensuite, dégager des économies de frais de fonctionnement. Sur les dépouilles des départements qui doivent évidemment être supprimés (du moins les conseils généraux), de nouvelles régions doivent se former autour des métropoles quand cela est possible : une région Île-de-France autour de Paris, agrandie du sud de l’Oise et de l’Aisne ainsi que de Chartres et Pithiviers ; une région Rhône-Loire autour de Lyon composée des départements de la Loire, du Rhône et de l’Ain agrandis du Nord-Isère et du sud de la Saône-et-Loire ; une région Dauphiné autour de Grenoble regroupant le Sud-Isère, les Hautes-Alpes et la Drôme ; une région Provence-Côte-d’Azur autour de Marseille (PACA sans les Hautes-Alpes) ; une région Flandre-Artois autour de Lille ; une région Midi-Pyrénées, plus ramassée qu’aujourd’hui, autour de Toulouse, l’Aquitaine autour de Bordeaux… Le redécoupage des régions doit aussi tenir compte de l’histoire quand c’est possible : ainsi, la Bretagne historique doit être reconstituée et Nantes évidemment doit en être la capitale ; les deux Normandie doivent effectivement être réunies ; la Picardie amputée du nord de l’Oise et du sud de l’Aisne ; le Berry autour de Bourges avec les deux départements de l’Indre et du Cher ; le Bourbonnais correspondant à un département de l’Allier agrandi ; l’Auvergne (Puy-de-Dôme, Cantal, Haute-Loire) ; la Savoie fusionnant les deux départements de Savoie et Haute-Savoie ; le Roussillon à l’identité bien ancrée doit être détaché du Languedoc ; la Vendée ; le Pays basque-Navarre… L’Alsace, la Corse, la Lorraine, la Franche-Comté, le Limousin, cohérentes historiquement doivent être préservées.

En tout, 34 régions métropolitaines (plus quatre d’Outre-mer) globalement plus petites que celles d’aujourd’hui, mais plus cohérentes sur le plan historique, géographique et économique. Ces régions seraient ensuite invitées à se concerter au sein d’ensembles plus vastes : huit super-régions. Une super-région méditerranéenne, du Languedoc jusqu’à Nice et englobant la Corse, pourra par exemple jouer sa partition dans les relations avec les voisins italien et maghrébin. Une super-région Midi-Pyrénées tournée vers l’Espagne et la puissante Catalogne. Une super-région Nord-Manche tissera des liens plus intenses avec l’Angleterre, la Flandre et les Pays-Bas. Paris sera mis en relation étroite avec la Normandie afin d’en faire « un port » comme tous ses grands concurrents (New York, Londres, Tokyo, Shanghai, Mumbai…) mieux placés dans la maritimisation de l’économie mondiale. Un Grand Est aura intérêt à contracter des accords avec les puissants Länder allemands et le Luxembourg. On peut aussi imaginer une super-région Atlantique structurée par de puissants ports, etc.

La Droite était, une fois de plus, inaudible sur cette question donnant même quitus au pouvoir socialiste. La Droite que nous voulons doit se montrer plus imaginative, plus audacieuse et moins à la remorque des socialistes, sauf à donner corps à l’UMPS…

> Arnauld Cappeau est Agrégé et docteur en histoire, auteur de Le chienlit, c’est maintenant !

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5 Comments

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  • Olivier , 9 mars 2015 @ 17 h 15 min

    En résumé, revenons aux provinces, géographiquement cohérentes, correspondant aux bassins d’emploi réels, aux intérêts communs et aux réalités historiques.

  • ranguin , 9 mars 2015 @ 19 h 08 min

    Ce serait l’idéal. Mais visiblement ce n’est pas la vue de la gauche qui ne comprend rien.

  • jsg , 9 mars 2015 @ 19 h 16 min

    “…Certes, le découpage régional était à revoir…” ?
    C’est vous qui le dites, car c’est loin d’être l’avis des historiens, géographes sociologues et autres que j’ai eu le privilège d’entendre lors d’un entretien radio par un journaliste un peu plus courageux que la moyenne.
    j’en ai déduit que ce n’était pas une obligation, loin s’en faut; aussi bien en surface qu’en nombre d’habitants et richesse, et tout ce que l’on veut d’autre;
    Une chose est de parler du courage de notre bon président, qui au travers de cette “grande réforme” en oublie de traiter des effectifs supplémentaires dûs à la création géniale des groupements de communes. Le résultat a été de doubler le nombre de fonctionnaires par rapport au nombre initial des communes regroupées. Les élus locaux se sentent tellement péteux à ce sujet qu’il est pratiquement impossible d’en connaître le nombre exact ! Une honte
    Bref, ça, ça aurait été une réforme structurelle, car ce regroupement de communes pouvait se faire sans douleur et pratiquement sans effectifs en plus. d’un côté, pour les communes rurales le ministère de l’équipement faisait ça très bien quant aux communes de banlieues, une GIE avec trois pelés et deux tondus aurait suffit !
    Bref, on augmente la clientèle electorale et aussi le déficit du pays !
    Merci les schtroumpfs, Dieu vous le rendra…

  • SophieL. , 10 mars 2015 @ 13 h 14 min

    Tout à fait d’accord ! La gabegie socialiste est hallucinante (et on ne parle pas des subventions aux associations anti-françaises, LGBT…). Mais il me semble qu’il y a des élections régionales à venir… ce sera le moment d’un bon coup de balai !
    Concernant le découpage régional proposé par A. Cappeau, je le trouve assez séduisant (même s’il n’en donne qu’un avant-gout). Ne soyons pas dupes : des régions sans queue ni tête est encore une façon de déraciner les Français pour faire place nette. C’est pour cela qu’effectivement il faut des régions qui aient du sens (historique, géographie, économique), peu importe leur taille, leur population ou leur richesse si l’Etat organise, comme en Allemagne, une péréquation horizontale (sous réserve de saine gestion).

  • Libre , 13 mars 2015 @ 20 h 55 min

    La solution se trouve dans le retour aux anciennes provinces ,municipalité baillages …

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