Hollande ne sait pas aimer les pauvres

Faut-il lire le règlement de comptes de Valérie Trierweiler avec son ex-concubin ? Ce qui serait indiscret en théorie peut devenir utile pour chercher à mieux comprendre celui qui est à la tête de « notre république ».

Valérie Trierweiler écrit que son ex-concubin n’aime pas les pauvres, les « sans-dents », et les « Cosette » ou ceux qui « font commerce de leur handicap ». François Hollande répond en déclarant : « Je suis au service des plus pauvres, c’est ma raison d’être ». C’est « l’engagement de toute ma vie ». Bien que le Président de la République soit très souvent décrit comme un menteur pathologique, on peut sans doute lui accorder ici le mérite de la sincérité.

On peut vouloir aider les pauvres sans forcément être à l’aise en leur compagnie. Déclarer « Ils sont pas jojos les Massonneau » après avoir passé un Noël dans la famille des parents de sa concubine ne veut pas forcément dire qu’il ne souhaite pas améliorer la condition des plus modestes.

En s’éloignant du milieu catholique et bourgeois de sa jeunesse, François Hollande a conservé le désir d’aider les pauvres tout en changeant de méthodes pour le faire. En 2002 il déclarait ainsi : « Dieu a été, et reste encore, une facilité. (…) Nous sommes des maillons d’une chaîne extrêmement longue, celle du genre humain, qui fait que nous sommes tous comptables du monde que nous construisons plus ou moins bien, plus ou moins mal. En ce sens, nous participons de l’éternité. Le seul Dieu que nous pouvons reconnaître, c’est celui de l’émancipation de l’individu par rapport à sa condition. C’est celui-là que nous devons servir, puisque par là nous servons notre propre cause. (…) Le paradis, c’est ici qu’il faut tenter de le construire. » (Jean-Yves Boulic, Ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas, Grasset 2002)

Cette vision de l’action humaine très compatible avec « l’humanisme » des francs-maçons le conduit à se dire social-démocrate, à la recherche d’améliorations modérées d’un monde terrestre et horizontal où la grâce et la charité n’existent pas.

“Leurs déclarations d’amour pour les pauvres sont peut-être sincères, mais malheureusement souvent mensongères et inefficaces.”

Comment comprendre l’échec tragique de ces bonnes intentions. La description de François Hollande par Valérie Trierweiler nous donne peut être quelques pistes de réflexions.

Elle reproche aussi à son “ex” de ne jamais aller voir son père et son frère, soulignant ainsi le rôle du rejet d’un père d’extrême droite dans les engagements de François Hollande. Fils modéré d’un père extrémiste, il préfère être du côté de ceux qui règnent plutôt que dans le camp des cassandres impuissants qui critiquent le monde sans pouvoir le faire évoluer. Cela le conduit à accepter de plier devant les puissances du moment, qu’il s’agisse de celle de la finance, de l’influence américaine ou de la puissance symbolique du lobby LGBT. Se soumettre permettrait de construire le monde un peu moins mal. Le risque est de s’épuiser dans la poursuite d’un léger mieux qui finit par être inexistant.

La vie de François Hollande est sans doute aussi la tragique erreur de casting d’un homme qui a voulu régner alors que ses talents sont sans doute ailleurs. Valérie Trierweiler remarque qu’il « pense en journaliste » et souligne, après bien d’autres, ses qualités d’analyste et de commentateur sa vivacité et ses réponses limpides, « avec toujours une pointe d’esprit ». Parlant de l’humour de celui que d’autres ont surnommé « Monsieur petites blagues », elle décrit un homme qui « sait faire passer comme personne une contrariété par une dérision, un trait d’humour ». Un homme « fait pour le bonheur », systématiquement optimiste et qui n’aime pas les disputes a-t-il toutes les qualités d’un homme d’Etat ?

Vouloir aimer les pauvres et vouloir les servir en exerçant le pouvoir politique ne suffit pas, il faut aussi savoir aimer, avec tout le sens de l’engagement, du sacrifice et de la responsabilité que cela demande. Le livre Merci pour ce moment montre bien souvent l’inverse chez ses personnages principaux. François brise son couple avec Ségolène pour épouser sa bonne copine journaliste. Ségolène se présente à la présidentielle sauf si François renonce à Valérie. Valérie dit n’avoir pas voulu que François soutienne Ségolène dans sa campagne législative. Elle a pris sa revanche en soutenant le concurrent de l’ « ex” de son concubin.

Le fait que Valérie Trierweiler révèle ces péripéties participe aussi d’une attitude soixante-huitarde qui fait que la subjectivité personnelle l’emporte sur l’esprit d’engagement commun et de générosité vis-à-vis de l’autre. La révélation de cette attitude privée ne serait qu’une indécence de plus si elle ne nous montrait pas quel est l’état d’esprit de nombre de ceux qui veulent nous gouverner. Incapables d’efforts durables pour tenir un engagement, ils sont aussi assez largement incapables de dire la vérité aux Français et de faire des choix politiques clairs et conformes au bien commun. Cela fait que leurs déclarations d’amour pour les pauvres sont peut-être sincères, mais malheureusement souvent mensongères et inefficaces.

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24 Comments

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  • 0 / 10
  • Julien , 11 septembre 2014 @ 10 h 03 min

    “Cela fait que leurs déclarations d’amour pour les pauvres sont peut-être sincères, mais malheureusement souvent mensongères et inefficaces.”

    Cette phrase qui conclut l’article ne veut rien dire… ne voyez-vous pas qu’on ne peut pas être sincère et mentir à la fois ??

  • LUC+ , 11 septembre 2014 @ 18 h 44 min

    Aimez les pauvres cela veut dire quoi exactement ? Les respecter ce serai déjà une bonne chose …

  • Droal , 12 septembre 2014 @ 7 h 38 min

    François H. est un président par défaut. C’était Dominique qui était prévu.

    François aime les pauvres, tous les pauvres. Cela fait beaucoup de monde et ça coûte pas cher. Moi, par exemple j’aime tous les Chinois à plusieurs kilomètres de distance.

    Tous les Chinois?

    Pas tous, c’est vrai. Je ne peux pas blairer Wo Quang.

    J’avoue. Wo Quang, je peux pas le blairer.

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