Faut-il suivre le Pape sur l’immigration ?

Ma prochaine émission de Radio Courtoisie, mercredi 10 Janvier entre 18h e 21h, sera consacrée à la question des migrations à la suite des déclarations du Pape François à ce sujet. Malgré quelques références à ses prédécesseurs, il est évident que le Souverain Pontife accorde à cette question une importance beaucoup plus grande qu’ils ne le faisaient, et surtout qu’il abandonne la position équilibrée du Saint-Siège pour développer une conception très favorable à l’immigration. Le Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise n’évoquait les immigrés qu’à six reprises en 330 pages et ne consacrait en fait que deux courts paragraphes au problème, essentiellement sous l’angle du travail. « L’émigration peut être une ressource, plutôt qu’un obstacle » résume la pensée. L’idée que l’immigration était une nécessité pour les régions les moins favorisées et qu’elle répondait à une offre de travail non satisfaite conduisait à la considérer comme un phénomène bénéfique, mais qu’il s’agissait de réglementer dans un souci d’équilibre et d’équité, excluant l’exploitation des travailleurs, respectant les liens familiaux, mais encourageant le maintien dans les zones d’origine, grâce à l’aide au développement. Même si l’on pouvait formuler des critiques techniques sur l’offre de travail non satisfaite ou sur le regroupement familial, l’inspiration morale du texte était clairement évangélique, et par ailleurs prudente. On retrouve ce même souci d’équilibre dans les déclarations de Benoît XVI qui, dans son encyclique « Caritas in Veritate », met en regard « la sauvegarde des droits et des exigences des personnes et des familles émigrées » et « ceux des sociétés où arrivent les immigrés ». En 2006, le Saint-Père, lors d’une Journée mondiale des migrants et réfugiés, demanda « aux réfugiés de cultiver une attitude ouverte et positive à l’égard de la société qui les accueille. » Benoît XVI est européen. Il est informé d’un certain nombre de comportements et des réactions qu’ils entraînent chez les chrétiens.

Le Pape François a abandonné cette prudence et cet équilibre. Il a multiplié les gestes symboliques depuis son premier voyage pontifical le 8/7/2013 à Lampedusa. Depuis quelques mois, les déclarations se succèdent. Le jour de l’Assomption, il signe un texte destiné à la 104e Journée mondiale des migrants et réfugiés et formule 21 propositions. Celles-ci sont, sans retenue, un appel en faveur d’une politique d’ouverture à l’immigration. Les visas doivent être facilités. Un système d’immigration, des corridors doivent permettre de légaliser l’immigration illégale. Il ne faut pas recourir aux expulsions « non adéquates ». Il faut éviter les détentions. Il faut accorder le maximum de droits, de libertés et d’aides aux immigrés, en matière de justice et d’accès au travail notamment. Il faut respecter leur identité culturelle, mais leur offrir une citoyenneté dissociée du travail et de la pratique de la langue… C’est à dire sans intégration ni même insertion, pour ne pas évoquer l’assimilation qui ne respecterait pas l’identité culturelle des nouveaux arrivants ! Ce texte politique, donc hors infaillibilité, dépasse de très loin le domaine où le Pape doit être écouté par les Catholiques avec respect et fidélité. Il s’agit d’un texte qui entend dicter leurs choix aux Etats et aux peuples au mépris de ce que les nations peuvent légitimement concevoir comme leur bien commun. Que les catholiques eux-mêmes s’inquiètent de la présence grandissante et parfois provocatrice d’une religion qui n’est ni proche du christianisme, ni « de paix et d’amour », devrait interpeller le successeur de Saint-Pierre. Que des décisions en matière de sécurité, de détention, d’octroi de visas, et plus encore, d’acquisition de la citoyenneté relèvent des Etats selon la volonté des peuples est une évidence criante qui semble échapper au Souverain-Pontife. Sa cinquième proposition est inacceptable : « Toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale. » Que veut-il dire ? Qu’il faut traiter les migrants les plus suspects avec dignité ? Soit, mais ce n’est pas le sens de la phrase : la sécurité du migrant passe avant la sécurité de l’Etat qui accueille. L’hypothèse que ce migrant soit un terroriste ou qu’il ne s’introduise dans le pays que pour s’y livrer à des délits, comme malheureusement l’actualité récente l’a souligné, appelle au contraire les Etats à remplir leurs devoirs envers les populations dont ils ont la charge, et donc à privilégier leur sécurité.

En Novembre dernier, à l’occasion de la 51e Journée mondiale de prière pour la Paix, le Saint-Père avait fixé quatre objectifs : Accueillir, promouvoir, protéger, intégrer. Ce cadre s’accompagnait d’une critique de la suspicion et de l’hostilité dont témoigneraient les populations locales. Il indiquait les domaines dans lesquels les risques supposés susciteraient ces réactions : la sécurité, l’identité culturelle, le travail, la criminalité. Et il concluait en appelant les médias à démasquer les stéréotypes qui en seraient responsables. Il est éprouvant pour un catholique qui balance entre charité et responsabilité de trouver dans les propos du Pape non une source d’inspiration, mais exactement les mêmes arguments que ceux répandus par le mondialisme et la pensée unique. Ainsi donc l’immigration serait bénéfique et la peur ne serait qu’un fantasme fondé sur des préjugés entretenus. Le grand Autre n’est plus le prochain mais le lointain, sans souci du petit peuple. Les Papes nous avaient habitués à plus de sagesse et à plus de lucidité.

Participeront à l’émission : Ivan Blot, Gabrielle Cluzel, Laurent Dandrieu, Christophe Geffroy, Jean-Paul Gourévitch, Jean-Yves Le Gallou, M. l’Abbé Alain Lorans, Marc Rousset.

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11 Comments

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  • Mitro , 10 janvier 2018 @ 20 h 58 min

    Bonjour,j’ai beaucoup de respect pour la Pape,mais là,je trouve qu’il pousse le bouchon un peu loin !!!
    Il est considéré comme chef d’état,alors qu’il fasse son boulot chez lui,balaie devant sa porte,et cesse de vouloir donner des leçons à ceux qui sont submergés.Qu’il prenne son pied en adoptant des “migrants” dans son état,pas seulement un couple pour faire bien,mais une horde complète.Ensuite,il pourra la ramener.
    Q’il prenne en compte le fait que les états européens vont très mal,et que les habitants en ont plein le dos de se faire spolier en permanence par des clandestins qui viennent leur sucer la moelle.Et surtout qu’il continue de représenter la religion catholique,c’est aussi son boulot,et cesse de fayoter avec la religion musulmane.Il ne va tout de même pas baisser son froc avant d’avoir combattu l’envahisseur !!!!

  • Gérard TÊTE , 10 janvier 2018 @ 22 h 41 min

    Où peut-on voir dans le texte ci dessus que l’émission de Radio Courtoisie sera animée par Christian Vanneste ? On ne voit que le nom de Eric Martin…

  • AURORE ANGELIQUE , 11 janvier 2018 @ 8 h 10 min

    Ca ne va plus du tout

  • a.picadestats , 11 janvier 2018 @ 8 h 35 min

    Il faut distinguer le pape et l’homme politique, ensuite si on a le courage…lire ou écouter le successeur de St Pierre.

  • DOMREMY , 11 janvier 2018 @ 11 h 07 min

    NON NON le pape comme b eaucoup ne voit pas la triste réalité, les migrants sont ceux qui n ont pas de travail chez eux, mais pas d aides sociales, alors quand venant chez nous ils en aurons:
    chaque individu doit être pris en charge dans son pays d origine;

  • appeals , 11 janvier 2018 @ 11 h 12 min

    L’Eglise catholique fait son propre mal et ce n’est pas près de s’arrêter, dommage car la nature ayant horreur du vide l’islam remplace encouragé par nos politiciens et la presse aux ordres de ces derniers.

  • HuGo , 11 janvier 2018 @ 11 h 17 min

    Préalable : il n’y a qu’une Église catholique, sainte et apostolique, très proche de l’Église orthodoxe. Refusons les catégories : de gauche, de droite, intégriste, fondamentaliste, vaticaniste, etc….Acceptons des points de vue variés, mais sans nous diviser. Pour autant, le Pape, le magistère, les prêtres, les catholiques ont le droit de discuter ce qui n’est pas le Dogme.
    Le grand problème de ce Pape (pour moi, de ce fait surtout et d’autres prises de position, hors dogme (et encore…), très contestables), c’est sa posture de renforcement de l’idéologie du mondialisme et de la pensée unique occidentale. À cause de cela, pour moi, catholique pratiquant, puisqu’il arrive en bout de quelques Papes et surtout d’époques peu ou prou modernistes, c’est le pire depuis deux siècles !
    Que n’avions-nous encore Benoît XVI. Sinon, je préfèrerais le cardinal Sarah, par exemple. Mais le Saint-Esprit a guidé le choix des Princes de l’Église et a élu le cardinal de Buenos Aires. Le Saint-Esprit sait pourquoi. Je Lui fait confiance, mais je n’arrive pas à comprendre.
    Il faut souligner aussi sur le fait que ce Pape n’est que la partie émergée de l’Église catholique actuelle, surtout occidentale, fortement imprégnée de cette idéologie si favorable au monde !!! La majorité du magistère, du clergé et de nos paroissiens nous serine les mêmes pensées imprégnées de modernisme. Gare aux rares prêtres qui osent émettre des avis divergents de la pensée unique, ils se font crosser par leur évêque, auxiliaire inattendu des États déchristianisés …le Pape se réservant les cardinaux ‘dissidents’ à ses yeux (la question des ‘dubia’ sur le mariage).
    N’a-t-il (et une partie importante du clergé actuel) pas accusé récemment les voix dissidentes de voix de pharisiens ? Les voix ‘dissidentes’ à leurs yeux sont-elles vraiment des voix de pharisiens ? Je serais donc parmi les sépulcres blanchies. Mais les pharisiens, docteurs de la Loi et scribes étaient bien versés en religion, plus que moi…et, pour leur malheur, ils ne purent reconnaître le Christ, aveuglés qu’ils étaient par l’envie, face aux miracles et bonnes œuvres de Jésus en Israël au début de l’ère chrétienne, “ils s’affligeaient du bonheur de leurs frères guéris et se réjouissaient de leur malheur”. “L’envie, c’est ce péché semblable à une vipère qui engendre en son sein les petits qui la feront périr” disait le patron des prêtres catholiques, saint Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars.
    Sans parler d’envie, pourtant, que faut-il penser de leurs paroles et de leurs gestes ? Je me limite à l’agression violente de l’islam et aux obligations d’immigration imposée par les politiques occidentaux si bien-pensants. En effet, ils ne veulent plus entendre les voix des victimes, la mise en garde des derniers catholiques, orthodoxes ou coptes de ces régions qui furent le berceau du christianisme et qui ont perdu toute présence chrétienne significative dans ces régions et ailleurs dans le monde, du fait surtout de l’Islam. Ils ignorent leurs avertissements. J’ai cru naïvement qu’ils auraient fait se lever un formidable élan de soutien à nos frères agressés à la manière de saint Paul au premier siècle qui exhortait vivement l’Église des mieux nantis à soutenir l’Église en détresse. Et, ces derniers, pourtant souvent discriminés si pas persécutés, répondaient ! Les collectes ont été très rares, tardives. Les prises de position politiques en leur faveur ont été inexistantes ou l’ont été du bout des lèvres. Quant à l’action de défense, ce seraient une agression délibérée, source de violence plus grande encore, répètent-ils à l’envi. Aujourd’hui, ils en arrivent à fustiger la légitime défense des Peuples agressés [2263 à 2267 – 5ème commandement du Décalogue- du Catéchisme], pourtant reconnue dans le Catéchisme catholique !
    Oui, ces deux derniers siècles d’apostasie silencieuse grandissante sont ardus.

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