Sortir de l’euro, de l’Europe, ou pas ?

Vaste programme, qui divise les Français, la classe politique, et qui clive, en deux camps inconciliables, les souverainistes et les mondialistes. Entre eux, non seulement les divergences sont importantes et profondes, mais une lutte ultime s’est engagée. En France, la question de la sortie de l’euro pour retrouver la souveraineté monétaire n’est, certes, qu’une petite étape dans un choix de société, mais en même temps et plus globalement en Europe, c’est une condition indissociable et indispensable à une résistance contre le mondialisme.

On ne le répétera jamais assez : sans sortie de l’euro, la France ne peut pas s’en sortir. Une monnaie est un outil d’ajustement à la planification d’un pays. Elle ne peut jouer son rôle de régulateur que si elle est adaptée à cette économie en particulier et à l’économie réelle. L’euro, lui, est parfaitement adapté à l’économie allemande, mais pas du tout à l’ensemble des autres pays européens, qui ont, chacun à sa façon, des mécanismes et des stratégies très spécifiques. Vouloir unifier tous ces dispositifs par la contrainte ou par des aides financières, cela est une ineptie totale. Comme il est illusoire de temporiser pour que tous les pays européens arrivent à une parfaite parité économique : on risque d’attendre longtemps, très longtemps. Dans tous les cas, les Européens continuent à souffrir de la crise…par l’euro !

Combien d’économistes préconisent la sortie de l’euro pour retrouver la croissance, le plein-emploi, la compétitivité et l’innovation ? Très exactement 175 (*) et pas des moindres. Huit prix Nobel : Paul Krugman, professeur à l’université de Princeton, Christopher Pissarides, professeur à la London School of Economics, James Mirrlees, Thomas Sargent, Christopher Sims, Milton Friedman, Joseph Stiglitz, Maurice Allais (aujourd’hui décédé). Et quelques autres, parmi les plus médiatiques : Peter Oppenheimer (université d’Oxford), Robert Barro (université d’Harvard), Frédéric Lordon (CNRS), Jacques Sapir (directeur d’étude à l’EHESS), Jean-Jacques Rosa (Sciences Po Paris), Jean-Richard Sulzer et Jean-Pierre Vesperini (université Paris-Dauphine)… Plusieurs recommandent la sortie de l’euro sans sortir de l’Union… Tous ces spécialistes, sont-ils des illuminés ou des incompétents ?

Et les autres, qui s’accrochent à l’euro, sont-ils moins émérites ? Ne seraient-ils pas les idiots utiles d’un système ultralibéral qui, à des fins exclusivement mercantiles, veut régner sur l’économie mondiale ? Le déterminant, c’est que l’économie et la politique sont étroitement liées. Car, inévitablement, tous les économistes comme tous les citoyens, qu’ils soient libéraux ou étatistes, souverainistes ou mondialistes, ne peuvent échapper à l’engagement politique – consciemment ou non – et à son éthique. Simple moyen d’échange ou instrument de domination, l’argent est le nerf de la guerre et c’est par lui, bien géré, que tout se fait, ou que tout se défait, quand la monnaie est mal adaptée. Le choix de l’économie politique d’un pays décide de l’organisation de son administration au quotidien et pèse sur les rapports humains. Et aussi, quelquefois, sur les idées et la culture…

La question est : quelle société souhaitons-nous ? Ultralibérale, où l’humain s’assujettit au commerce compulsif et devient décérébré, abêti, tourné uniquement vers sa satisfaction personnelle ? Ou souveraine, à l’économie maîtrisée, qui épanouit l’individu en l’élevant au rang de citoyen éclairé, responsable de lui-même et des autres, agissant pour le respect du bien commun ?

Quant à sortir de l’euro sans sortir de l’Europe, cela est-il suffisant ? Politiquement, il est tout à fait envisageable d’engager des négociations pour revoir certains traités trop contraignants et de se libérer du carcan administratif européen. Mais, si cela s’avère nécessaire, rien ne s’oppose à une sortie définitive de l’Union ; l’article 50 de la Constitution européenne en précise même la modalité. Avec un peu de volonté politique, tout est possible ! Par la décision populaire, c’est encore mieux !

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24 Comments

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  • Charles , 10 février 2016 @ 12 h 45 min

    Il est parfaitement possible de sortir de l’euro rigide
    sans sortir de la zone euro monnaie commune.
    Cela passe par la création de l’euro Franc.
    qui cohabite avec un euro central

  • le réel , 10 février 2016 @ 13 h 09 min

    il faut ouvrir les yeux, l’euro comme l’UE font déjà partie du passé!
    ils survivent mais pour combien de temps.

  • Vautrin , 10 février 2016 @ 13 h 24 min

    Il est idiot de parler “d’ultra-libéralisme” : le système euro-atlantique n’a ABSOLUMENT RIEN de libéral. Il faudrait tout de même LIRE (je ne dis même pas relire !) Bastiat et Hayek pour avoir une idée précise de ce qu’est une économie-politique libérale. Nous ne visons nullement sous le libéralisme, mais très exactement sous un système où les monopoles (grandes banques apatrides) produisent de la dette et de la monnaie de singe AVEC le concours des États dans l’administration desquels ils ont placé leurs hommes (cf Macron). Naguère, les marxistes (Herzog et autres) avaient inventé pour décrire cela le concept de “Capitalisme Monopoliste d’État”. Ce n’était pas idiot ; idiotes, en revanche, étaient les solutions (collectivistes) qu’ils prônaient pour en sortir.

    Il devrait être évident que la richesse ne peut être produite que par la synergie du capital et du travail. L’intervention étatique est une garantie d’échec (le régime monopoliste et le socialisme en sont des exemples). Donc l’Europe dont nous pourrions espérer l’avènement devrait être libérale au sens classique (de Bastiat et Hayek) et en même temps être une Europe des Nations, ce qui veut dire : chaque pays conserve sa pleine et entière souveraineté. Notamment : les frontières sont contrôlées, l’étranger ne fait pas la loi chez nous (pas de CEDH !).

  • Pascal , 10 février 2016 @ 13 h 48 min

    Sortir de l’euro monnaie unique (ce qui suppose de revenir dans un premier temps au franc), de l’UE et de l’Otan, au moins de son commandement intégré.

    https://www.youtube.com/watch?v=1Atyvt9TlcQ

  • Chevalier-de-.Moncaire , 10 février 2016 @ 14 h 06 min

    Laissons de cote la monaie unique qui a malgre tout ses avantages pratiques, vous croyez que cette Europe de marchands et de banquiers, sans Dieu ni racines, represente les europeens . Moi je vous dit. NON et NON

  • Marino , 10 février 2016 @ 15 h 41 min

    Il est donc temps d’arrêter de dénigrer continuellement la position des personnes, citoyens ou politiques, prônant la dissolution de l’euro.

    La dictature de l’ U.E. sur la Grèce, mais aussi le traitement humiliant infligé à l’Europe du sud et de l’est, prouve que l’ « Europe sociale » est impossible dans le cadre de l’ U.E., entièrement au service des plus riches et des plus puissants. Il faut donc que la France sorte de l’ U.E. et de l’euro pour permettre au peuple de reconstruire sa souveraineté, de remettre le monde du travail au cœur de la nation, d’organiser la coopération entre Etats souverains en Europe et hors d’Europe.

    Dans cette perspective, le peuple français doit au plus tôt pouvoir se prononcer sur le maintien ou non de la France dans la zone euro et dans l’ U.E. – Pour cela, il faut qu’un référendum soit rapidement organisé sur ces deux questions vitales et intimement liées :

    « La France doit-elle rester dans la zone euro ? »
    « La France doit-elle rester dans l’Union européenne ? ».

    Si le verdict populaire était contourné comme le fut scandaleusement le Non populaire de mai 2005 à la Constitution européenne, notre peuple devrait en tirer les conséquences pratiques en intervenant par tous les moyens possibles et en refusant toute légitimité à ceux qui auraient à nouveau violé sa souveraineté.

  • François2 , 10 février 2016 @ 18 h 21 min

    FREXIT (sortie de la France de l’U.E.).

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